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Le blog de algerie-infos

"La vérité est un miroir tombé de la main de Dieu et qui s'est brisé. Chacun en ramasse un fragment et dit que toute la vérité s'y trouve" Djalāl ad-Dīn Rūmī (1207-1273)

Abdelmadjid Bouzidi, à contre-courant du credo néolibéral

Après le décès de Abdelmadjid Bouzidi, de nombreuses articles nécrologiques ont abordé les évolutions de la pensée économiqe du professeur. En général ils  s'accordent pour souligner le fil conducteur de sa démarche: le rôle décisif de l'Etat dans développement économique du pays. Pour cela, Il n'était pas bien vu dans les côteries néolibérales, dont il rejetait le crédo à la mode.

 

Après les débordements médiatiques confus et politiciens des élections présidentielles, on se souvient des longues contributions parues dans El Watan puis dans Liberté où Abdelmadjid Bouzidi appelait à  faire de la "bonne politique", c'est à dire à recentrer le débat national sur les choix économiques décisifs pour l'avenir. J'en avais fait un compte rendu critique sur le site de Mediapart. Je relevais une affirmation qui pourrait synthétiser son espérance à la veille de son décès:  "Grâce à la rente, l’Algérie peut réaliser ce qui est irréalisable sous d’autres cieux, c’est-à-dire faire une politique de l’offre sans abandonner la politique de redistribution et de justice sociale". 

De nombreux articles ont été publié pour saluer la mémoire du défunt, retracer son itinéraire et cerner sa pensée économique.

 

EXTRAITS

"Ceux qui l’ont connu le décrivent comme « un économiste qui aime partager ses idées et n’hésite pas à les confronter à celles des autres » et rappellent qu’il a été « défenseur de l’économie socialiste dans les années 1970, avant de se convertir à l’économie de marché ». Il était, ajoutent-ils, « pragmatique mais résolument anti-néolibéral ».  Raïna

 

"Marxisant dans les années 70, il s’est adapté sans pour autant s’aligner sur le crédo néo-libéral. S’il admet l’importance du rôle du marché il insiste sur l’importance du rôle de l’Etat comme régulateur de l’économie. Sans être hostile au secteur privé, il n’hésitait pas à souligner "qu’il était peu dynamique et versé dans des activités à très faible valeur ajoutée sur l'économie" constate Abdelmadjid Bouzidid. Il critiquait également un secteur public, non performant, bureaucratique et gaspilleur. "Il faut arrêter les dégâts, donc favoriser les investissement productifs… Il faut débureaucratiser et libérer les initiatives surtout dans les secteurs créateurs de valeur ajoutée" (...). "L’État reprend l’investissement productif, l’entreprise est encouragée dans le cadre d’une politique de l’offre, l’entreprise privée est beaucoup plus présente que par le passé. Ce modèle de croissance s’appuie sur une mise à plat de la politique énergétique et une réflexion sur un mix énergétique de l’après-pétrole. Voilà, très rapidement synthétisé, comment l’économie algérienne compte fabriquer de la croissance durant le quinquennat qui s’ouvre". Des idées à "contre-courant" qu’il assumait ouvertement. " Je sais que ce que j’ai écrit se situe à contre-courant de la pensée dominante et que ce jour-là je ne me suis pas fait que des amis. Mais je persiste et signe : l’économie algérienne est sur une bonne trajectoire". huffpostmaghreb.com

 

"Son dernier texte, publié il y a moins d’un mois, prenait le contrepied des analyses dominantes. Il affirmait que « l’économie algérienne est sur une bonne trajectoire», alors qu’un large consensus se dégageait chez les économistes pour relever les gaspillages, l’inefficacité économique et l’extension de la corruption. Mais pour M. Bouzidi, « l’économie algérienne, ce n’est pas seulement l’aisance financière et la cagnotte hydrocarbures. L’économie réelle bouge même s’il ne s’agit pour l’instant que d’un frémissement », a-t-il déclaré. Selon lui, il y a « un nouveau modèle de croissance en Algérie », élaboré « dans un contexte de rattrapage économique », marqué par deux grandes orientations, un programme de rééquipement du pays en infrastructures de base, et un programme de ré-industrialisation. Il souligne toutefois le « rôle toujours déterminant de l’État ». Abed Charef

 

"L’objectif de ce passionné de l’Algérie est la prise de conscience par nos gouvernants que l’entreprise, parce qu’elle crée la richesse et l’emploi, doit être placée au centre des politiques publiques. La dernière (contribution), “L’économie algérienne est sur la bonne voie”, a été publiée par le quotidien Liberté en juillet 2014. Un dernier écrit prémonitoire où il soutiendra que l’Algérie a des ressorts et des atouts pour bien rebondir, notamment un modèle de croissance susceptible de la conduire, en dépit des insuffisances, vers une croissance solide et durable. Une position à contre-courant des thèses de plusieurs économistes de la place". Liberté

 

"Un économiste averti s'en va... Ses analyses économiques, ses prises de position et ses coups de gueule face au gâchis économique dans lequel baigne le pays étaient souvent appréciés (...). Il croyait dur comme fer que seul le débat contradictoire était à même de faire avancer le pays (...). le professeur d’économie militait pour l’émergence d’un appareil de production porté par le secteur public, mais aussi par le secteur privé (...). Ses écrits sont une référence pour tous ceux qui veulent analyser et comprendre la complexité de l’économie algérienne. Il a mis à nu, arguments à l’appui, l’absurdité des plans de sauvetage des entreprises publiques, comme il a été l’un des tout premiers économistes algériens à pointer du doigt les ravages causés par l’économie informelle". El Watan

 

 

Photo DR

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