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Le blog de algerie-infos

"La vérité est un miroir tombé de la main de Dieu et qui s'est brisé. Chacun en ramasse un fragment et dit que toute la vérité s'y trouve" Djalāl ad-Dīn Rūmī (1207-1273)

Les "qu'en dira-t-on" de Sid-Ahmed Ghozali

Ghozali entre les généraux Tewfik et Belkheir. Photo DR

Ghozali entre les généraux Tewfik et Belkheir. Photo DR

"Les habitants d’In Salah, ceux d’Alger ou d’ailleurs maîtriseraient-ils la chose énergétique au point de connaître les faits et méfaits du gaz de schiste" s'exclame dans TSA-Algérie, Sid Ahmed Ghozali.

 

L'appel de la CNLTD a manifester? Pour l'ancien premier ministre, en réserve du système, c'est une mauvaise idée : "je considère que cette Coordination n’est pas faite pour se fourvoyer dans cette farce du gaz de schiste". Ce copain de John Kerry est évidemment favorable à l'exploitation du gaz de schiste. "Les hydrocarbures sont nés dans la même roche mère", rappelle-t-il poétiquement.

Pourquoi alors ce mouvement citoyen contre la fracturation hydraulique. Sid Ahmed Ghozali répond: Les gens de In-Salah sont "laissés à la merci du qu’en dira-t-on" à cause de leur insatisfaction sociale qui fait que "le moindre prétexte rallume le feu qui couve depuis longtemps". Il tance le pouvoir : " Lorsqu’il s’agit d’un projet, il faut expliquer d’abord avant de le lancer". "Le pouvoir alarme l’opinion dans le laconisme de sa « décision d’exploiter le gaz de schiste ».

Dans El Watan ce matin, Houria Alioua évoque "In Salah qui a donné une leçon de savoir et de savoir-faire écologique au pays grâce à sept associations de l’environnement pour 45 000 habitants". Elle fait le point de deux mois de mobilisation ininterrompue: "La protestation antigaz de schiste dans la capitale du Tidikelt, du gaz et désormais du schiste, prend l’allure d’un combat frontal entre une population organisée et hautement consciente des implications écologiques de l’industrie pétrolière et gazière conventionnelle et non conventionnelle, dont son territoire est le terrain d’expérimentation et d’exploitation depuis 2009, selon les dernières déclarations officielles".

Sid-Ahmed Ghozali face au chercheur

Pour Sid Ahmed Ghozali, le gaz de schiste est affaire de spécialistes. "Privés plus que jamais des données les plus élémentaires liées à leur présent et leur avenir, les habitants d’In Salah, ceux d’Alger ou d’ailleurs maîtriseraient-ils la chose énergétique au point de connaître les faits et méfaits du gaz de schiste (sur l’environnement, ndlr) .

Les menaces sur l'environnement et les ressources en eau? Il répond excédé : "Pourquoi parle-t-on des menaces sur la nappe aquifère que lorsqu’il s’agit de gaz de schiste ?" Selon lui, la nappe albienne est suffisamment grande pour servir aussi à extraire le gaz de schiste. "Donc à In Salah ou ailleurs dans notre Sahara, il n’y a sous l’aspect quantitatif pas d’inquiétude à se faire pour répondre à tous les besoins industriels et agricoles". Les menaces de pollution par les produits chimiques? C'est contrôlable rassure-t-il en resservant les qu'en dira-t-on concoctés par le lobby pétrolier américain : "Des protocoles opératoires éprouvés protègent les couches aquifères traversées. Il faut surveiller le volet de la pollution chimique liée à la fracturation hydraulique"....

Laissons parler un vrai expert. “Qu’on m’explique comment va-t-on décontaminer l’eau infectée par les produits chimiques !” demande Salhi EssaïdCe professeur-chercheur à l'École nationale polytechnique d'Alger refuse de patauger dans l'esprit de courte-vue imposé à l'Algérie par le lobby pétrolier mondial et ses relais rentiers : “Pour une nation qui se respecte, dit-il l’énergie fossile ne doit plus être une priorité. Les énergies renouvelables sont aujourd’hui la seule transition énergétique possible !”

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D
Le problème central est la pollution chimique, de la pollution (et non de l'infection), des eaux utilisées lors de la fracturation, aussi bien que le respect des procédures techniques garantissant la protection des aquifères souterrains et de l'environnement de surface sont la condition commune soulignée tant par S.A.Ghozali que Salhi Essaïd, Cependant, on devine sous ces prises de positions techniques contraires, la vraie question qui est de l'ordre politique. Le premier, S.A.G., pourtant en divorce avec un système de pouvoir qu'il dénonce, prend sur lui de défendre l'option de défendre l'exploitation des hydrocarbures de roche-mère, qui apparaissent présentement comme la bouée de sauvetage du pouvoir en place. Le second induit en fait la chute du système politique actuel,en préconisant l'alternative des énergies renouvelables, nécessairement de long terme et ne répondant donc pas à l'urgence ressentie par le pouvoir de pérenniser un niveau de rente propice à son maintien. Aujourd'hui, se joue en Algérie, non pas une bataille autour de l'opportunité du "gaz de schistes", mais bien un combat souterrain quant à la couleur politique de la gouvernance.
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