"La vérité est un miroir tombé de la main de Dieu et qui s'est brisé. Chacun en ramasse un fragment et dit que toute la vérité s'y trouve" Djalāl ad-Dīn Rūmī (1207-1273)
3 Mai 2015
Nouvelle grève à El Hadjar. De nouveau, les projecteurs sont braqués sur l'impasse à laquelle conduit l'absence de vision cohérente du pouvoir. D'abord une privatisation sans dicernement, puis une intervention publique, renationalisation honteuses qui n'ose pas prendre ses distances avec la multinationale indienne. Ce fleuron du néolibéralisme mondial débridée et principal acteur de notre désastre sidérurgique, en connivence étroite avec ses confrère importateurs : seul un cinquième de l'acier de l'acier consommé est produit en Algérie.
« Un management algérien et une nouvelle stratégie pour El Hadjar », c'est ce que préconisait en mars dernier L'expert industriel Réda Amrani. Il décrivait sur la radio de Maghreb Emergent un complexe victime d’un « gâchis » et d’une « régression catastrophique ».
Réda Amrani note en particulier le mauvais choix d' une privatisation au profit du groupe Arcelor –Mittal, qui « n’a pas réalisé les investissements prévus, qui a tout fermé et qui a pris le marché ».
Première conséquence: une production nationale insuffisante : 1,5 million de tonnes de produits sidérurgiques au total pour un marché algérien dont les besoins annuels s’élèvent dans l'immediat à 6,5 millions de tonnes, et à moyen terme à plus de 8 millions de tonnes.
Deuxième constat: les projets annoncés ou en cours de réalisation, s’ils sont susceptibles de réduire partiellement notre dépendance à l’égard des importations, risque de se traduire par et un excédent de la production nationale en faveur du rond à béton, tandis que notre pays restera fortement dépendant de l’extérieur pour les produits plats à plus forte valeur ajoutée. Parmi ces derniers produits, Réda Amrani cite l’exemple des tubes sans soudures dont « Sonatrach en particulier est très demandeur et dont le prix de vente peut atteindre 8 000 dollars la tonne tandis que le prix du rond à béton ne dépasse pas 400 dollars ».
Selon l'expert, El Hadjar dispose encore « d’atouts considérables avec un site privilégié, de nombreux équipements, des voies ferrées et un collectif de travailleurs avec plus de 50 années d’expérience ». Ce qu'il faut c’est aujourd’hui « un management algérien, un Conseil d’Administration compétent et un changement de plan stratégique ».
Les nouvelles orientations préconisées par l’expert algérien consistent à « freiner l’investissement dans la filière produits longs et venir le plus rapidement possible à la filière réduction directe et sidérurgie compacte ». Des options qui doivent « fixer pour objectif au complexe d’EL Hadjar de produire 5 millions de tonnes de produits sidérurgiques à haute valeur ajoutée et pas du rond à béton ».