"La vérité est un miroir tombé de la main de Dieu et qui s'est brisé. Chacun en ramasse un fragment et dit que toute la vérité s'y trouve" Djalāl ad-Dīn Rūmī (1207-1273)
12 Mai 2015
Ce matin, les quotidiens algériens font leurs unes sur le fait que le gouvernement affiche sa volonté de lutter contre "les fraudeurs à l'importations et les complicités dont ils disposent " selon les termes de Sellal.
"Sellal en guerre contre les importateurs fraudeurs". Ce titre fait la une du quotidien Liberté. Commentant la dernière note du Premier ministre, Badreddine Khris note : "En fait, ces phrases usitées crûment par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, himself, dénotent les proportions alarmantes prises par ces importations frauduleuses auxquelles recourent de nombreux acteurs du commerce extérieur dans notre pays". La veille, le Premier ministe Sellal mettait le doigt, dans une note aux administrations concernées, sur les "subterfuges utilisés par les fraudeurs, des complicités dont ils disposent et des failles du système de contrôle mis en place".
"Fraude : Le voile se lève sur les gros trafics à l'importation" titre de son côté le Quotidien d'Oran. Abed Charef commente dans Le quotidien oranais : "La baisse des recettes budgétaires oblige l'Etat à tenter de collecter l'impôt. L'administration fiscale s'attaque, alors, à des opérateurs-trafiquants, connus de longue date, mais épargnés jusque-là".
Epargnés? Par les pouvoirs publics sans doute, mais aussi par le fameux "4è pouvoir". Pendant toutes ces années, la presse dite indépendante n'a eu ni le courage, ni les moyens d'entreprendre des investigations. Il est vrai que les médias étaient bridés par le DRS, d'une manière ou d'une autre. Les journaux et sites web se sont limités durant des décennies à mettre à la une des informations-réglements de compte, livrées par les services ou clans concurrents. Le journaliste enfonce le coin : "Dans les milieux spécialisés, de nombreuses rumeurs circulaient. Elles faisaient état d'exportations massives de capitaux. On parlait de surcoûts, de gaspillages et de mauvaise gestion, ainsi que de contrats mal négociés et surestimés, mais la prudence restait de mise. Personne ne voulait citer un opérateur précis, ni décrire son mode opératoire. (...) Ces informations n'étaient pas totalement inconnues. Beaucoup de gens soupçonnaient l'existence de malversations. Il suffisait de s'intéresser, un tant soit peu, aux dossiers pour s'en rendre compte".
"Importations frauduleuses : Le gouvernement donne l’alerte" titre El Watan. Faisant le tour des mesures préconisées par la note du Premier ministre, Zhor Hadjam conclut de manière dubitative dans El Watan : "En somme, des mesures qui n’apportent rien de nouveau puisque la directive du Premier ministre mentionne en fait les missions ordinaires que chaque service doit normalement s’astreindre à exécuter quotidiennement en vue de lutter contre la fraude, qu’il y ait instruction du gouvernement ou pas !"
L'éditorialiste de Liberté Abrous Outoudert s'interroge aussi à juste raison sur "Le pouvoir d’une instruction": "Mais une instruction suffira-t-elle à mettre à genoux une organisation passée experte dans le commerce informel, et ce, depuis quelques dizaines d’années ?
Certes, mais il n'est pas jamais trop tard pour bien faire.