"La vérité est un miroir tombé de la main de Dieu et qui s'est brisé. Chacun en ramasse un fragment et dit que toute la vérité s'y trouve" Djalāl ad-Dīn Rūmī (1207-1273)
7 Mai 2015
"Est-ce la fin du statuquo ou juste du mouvement dans le statuquo, c’est-à-dire une tempête dans un verre d’eau ?"
Par Madjid Laribi, 6 mai 2015
A en croire la presse algérienne de ces derniers jours, des changements importants s’opèrent actuellement au sein des partis du pouvoir (FLN, RND) et qui toucheront aussi, vraisemblablement, d’autres partis qui agissent dans la périphérie du système, à l’exemple de ceux qui ont fait partie, à un moment ou à un autre, de l’alliance autour de Bouteflika.
Ainsi, les titres de la presse écrite nationale annoncent, tambours battants, le retour des « Jedis ». Ouyahia est en voie de reprendre les rênes du RND et Belkhadem est le premier sur la liste des prétendants à succéder à Saidani. Est-ce la fin du statuquo ou juste du mouvement dans le statuquo, c’est-à-dire une tempête dans un verre d’eau ?
Tout le monde sait que Bouteflika a été reconduit pour un quatrième mandat par défaut, faute d’un compromis entre les clans qui constituent le système. Faute d’un compromis non seulement sur la chefferie de l’Etat mais également et surtout sur le programme économique à engager pour les années à venir. D’aucuns soulignent l’importance stratégique de ce programme qui constitue un enjeu capital plus que les hommes à mettre à la tête des institutions de l’Etat. D’où le statuquo qui se prolonge et un gouvernement qui ne fait que gérer les affaires courantes, dans l’attente d’un arrangement au sommet du pouvoir.
Ce qui suggère alors que les Saidani et Bensallah ont été instruits de jouer aux intérimaires en brandissant la révision de la constitution, un éventail pour occuper la scène politique, en attendant le modus vivendi qui se dégagerait des conclaves opaques des décideurs. Saidani et Benssalah ont ainsi occupé la scène, en faisant plus de clownerie que de politique, le temps que le rideau se lève sur les acteurs choisis pour exécuter la nouvelle besogne.
En dehors du FLN et du RND, les soubresauts constatés au sein du MSP ne peuvent être des cas isolés ou anodins. Ce parti a toujours gravité autour du pouvoir et a fait partie de plusieurs équipes gouvernementales de Bouteflika. Et ces derniers temps, des voix, qui ne sont pas des moindres, à l’exemple de celle de Soltani, réclament haut et fort que la place du MSP est au sein du gouvernement. D’autres partis sont dans le même esprit.
Si le brouhaha de ces derniers jours ne s’achemine finalement que vers une reconfiguration de l’alliance présidentielle et comme décor un replâtrage de la constitution, cela ne fera qu’envenimer davantage la crise et installera définitivement le pays dans un statuquo mortel.
Sans ouvrir des perspectives réelles pour le pays par le rassemblement de toutes les forces politiques et sociales, et dans l’état actuel des institutions et de l’économie nationale ainsi que des menaces régionales visibles et persistantes, l’Algérie, Etat et nation, ira vers le chaos.
Source: Libre Algérie