"La vérité est un miroir tombé de la main de Dieu et qui s'est brisé. Chacun en ramasse un fragment et dit que toute la vérité s'y trouve" Djalāl ad-Dīn Rūmī (1207-1273)
18 Juin 2015
Ce défenseur intransigeant des droits de l’homme avait été abattu à l'entrée de son bureau par un tueur, qui ne sera jamais identifié. Le professionnel avait utilisé un révolver muni d'un silencieux. Maître Fathallah faisait partie de la commission d'enquête sur l'assassinat du président Boudiaf et avait refusé d'avaliser son rapport final.
Maître Mokhtar Bensaïd, le président de la Laddh demande "à tous les défenseurs des droits de l’homme et des valeurs démocratiques et républicaines, d’honorer de leur présence le recueillement qui aura lieu au cimetière El Alia le 18 juin 2015 à 10h. Il annonce : "La LADDH s’engage à commémorer ce triste événement tous les 18 juin afin que cette journée devienne une journée nationale des droits de l’homme en Algérie".
Il y a trois ans notre blog avait évoqué les circonstances de cet assassinat "ciblé".
Par Saoudi Abdelaziz, 12 février 2012
La presse quotidienne a passé sous silence cette information : dès son arrivée à Alger, Moncef Marzouki en voyage officiel, le président de la République tunisienne, s’est recueilli sur la tombe de Youcef Fathallah.
Une dépêche de l’Aps a rapporté brièvement l’information : « Le président tunisien, Mohamed Moncef Marzouki s’est recueilli, dimanche au cimetière d’El Alia à Alger, à la mémoire du défunt Youcef Fathallah, ancien militant des droits de l’homme en Algérie.L’hôte de l’Algérie a déposé une gerbe de fleurs sur la tombe du défunt. Youcef Fathallah, un des fondateurs et ancien président de la Ligue algérienne des droits de l’homme (LADH) a voué une partie de sa vie à la consécration des droits de l’homme et à la promotion de la démocratie et de la liberté de la presse ».
Ce geste de Marzouki, dès son arrivée à Alger, laisse penser que la personnalité du défunt, mort en 1994, avait fortement marqué le futur président tunisien, alors en exil. C’est donc une personnalité hors du commun. Mais qui connaît cet homme remarquable parmi les jeunes Algériens ? Dans la dépêche de l’Aps, on ne mentionne pas les conditions du décès du défunt.
Dans un article intitulé « à qui profite le crime ? », on pouvait lire le 4 janvier dernier sur le blog de Chiricahua animé par l'écrivain Messaoud Benyoucef: « Youcef Fathallah fut assassiné le 18 juin 1994, à l’entrée de son bureau à Alger, à la porte de l'ascenseur précisément où l'attendait un tueur avec un pistolet muni de silencieux. Rappelant qu’aucune enquête n’a eu lieu, aucune interpellation de suspects éventuels et encore moins, évidemment, de défèrement à la justice,
Chiricahua ajoute : Voici maintenant des éléments d'appréciation que le juge d'instruction d'un pays civilisé aurait fait prospérer très facilement :
1-Amnesty international dans son rapport de 1996 note : «En juin 1994, Youcef Fathallah, président de la Ligue algérienne des droits de l’homme (LADH), a été assassiné... Trois semaines auparavant, il avait exposé la situation des droits de l’homme en Algérie dans une réunion organisée par Amnesty international à Berlin (Allemagne). Youcef Fathallah avait décrit les exécutions extrajudiciaires quotidiennes, les homicides et autres atteintes aux droits de l’homme perpétrés par les forces de sécurité et les groupes armés. Il avait aussi parlé de la terreur dans laquelle vivait la population civile ainsi que du renforcement de la censure et des informations de plus en plus sélectives sur la violence en Algérie... » (Extrait d'un rapport d'Amnesty International-1996).
2) Ajoutons cet autre élément de taille : "Mes Fethallah et Ferhat faisaient tous deux partie de la commission d'enquête sur l'assassinat du président Boudiaf. Ils avaient exprimé des réserves sur le rapport final et avaient refusé de l'endosser ».