"La vérité est un miroir tombé de la main de Dieu et qui s'est brisé. Chacun en ramasse un fragment et dit que toute la vérité s'y trouve" Djalāl ad-Dīn Rūmī (1207-1273)
24 Juin 2015
Par El Erg Echergui, 24 juin 2015
Avant 1992 les Algériens faisaient face à un pouvoir classique à deux têtes : l’armée et le pouvoir exécutif incarné par le président et ses ministres triés sur le volet. Le peuple savait contre qui protester et à qui s’adresser pour revendiquer sa liberté, la démocratie et la justice. C’était un temps « bénit ».
L’arrêt du processus électoral en janvier 1992 et le début de la guerre civile ont fait émerger des ténèbres un reître comme le monde n’en a jamais vu. Froid et intrépide, il bouleversa littéralement l’ancien équilibre et imposa le sien : le généralissime Mohamed Mediène, orthographié « Mediane » selon le journal officiel si l’on croit le journaliste Adlène Meddi).
Cet homme a su imposer aux Algériens et aux deux anciens pouvoirs un troisième pouvoir souverain et inconstitutionnel : celui de la police politique incarnée par sa personne. Rab el makla, hors de portée de la loi, autosuffisante, rivé à son poste, il ne rend de compte à personne même après de cuisants échecs sécuritaires tel l’assassinat du président Mohamed Boudiaf.
Personne ne peut destituer le dieu si ce n’est la Faucheuse. Il pousse le culot jusqu’à de tailler des croupières au président et au chef d’état-major et se présentr comme leur vis-à-vis ; un phénomène unique dans les annales des dictatures. La classe politique et les médias privés ont adopté la trinité et composent avec elle ; le succès est total. Dès lors, le peuple se retrouve, par la « grâce » de ce général, devant dans une république à trois Titans qu’il faut dompter tous les trois. Les vents qui s’amènent ne seront pas bénis.
Peut-on alors s’étonner que des journalistes désemparés ou des acteurs politiques disgraciés, mais tous amnésiques quant à ses crimes, l’interpellent pour « sauver la République » de ses rivaux ?