"La vérité est un miroir tombé de la main de Dieu et qui s'est brisé. Chacun en ramasse un fragment et dit que toute la vérité s'y trouve" Djalāl ad-Dīn Rūmī (1207-1273)
3 Juillet 2015
Hier le directeur de l'Ampta sommait les salariés de "reprendre immédiatement et sans conditions" le transfert des lingots d'acier importés de Pologne, du port vers les ateliers. Et cela après avoir pris la décision de mettre les ouvriers en "en congé forcé", sans salaires.
La Déontologie ne s'applique pas aux grévistes
Ce matin, le correspondant du quotidien El Watan n'a pas évoqué cette curieuse contradiction et réussit encore une fois la prouesse déontologique de rendre compte des deniers événements sans consacrer une seule ligne au point de vue des grévistes. Tout l'article est alimenté par le communiqué et les explications de Hachelfi Salah, le directeur de l'Ampta.
La grève de l'Ampta avait été déclenchée le 29 avril. Le syndicat avait accepté de mettre de côté 18 des 20 points du cahier de revendication, se limitant à deux revendications jugées "essentielles": la revalorisation des primes de panier et de la femme au foyer. Mais la Direction générale après le délai de préavis avait refusé et ne proposait qu'une amélioration des primes de rendement.
Quelques jours après le déclenchement de la grève nous notions : "De nouveau, les projecteurs sont braqués sur l'impasse à laquelle conduit l'absence de vision cohérente du pouvoir. D'abord une privatisation sans dicernement, puis une renationalisation honteuse qui n'ose pas prendre ses distances avec la multinationale indienne".
« Un management algérien et une nouvelle stratégie pour El Hadjar », c'est ce que préconisait en mars dernier L'expert industriel Réda Amrani. Il décrivait sur la radio de Maghreb Emergent un complexe victime d’un « gâchis » et d’une « régression catastrophique ». Il notait que notre pays restera fortement dépendant de l’extérieur pour les produits plats à plus forte valeur ajoutée. Parmi ces derniers produits, Réda Amrani cite les tubes sans soudures dont « Sonatrach en particulier est très demandeur et dont le prix de vente peut atteindre 8 000 dollars la tonne tandis que le prix du rond à béton ne dépasse pas 400 dollars ».
Après la pseudo nationalisation de 2013.
Curieusement,l'atelier de tuberie sans soudure à très forte valeur ajouté est détenue majoritairement à 70% par le groupe ArcelorMittal (et à 30% par l’État algérien représenté par Sider). Le rusé et avide Lakshmi Mittal y tient, car la tuberie étant très juteuse pour la multinationale. En effet, les lingots d'acier utilisé par l'Ampta viennent de Pologne, plus précisemement du haut-fourneau de Dabrowa Górnicza, appartenant à ... Arcelor-Mittal. Selon son rapport du 9 mai 2014, c'est principalement à la remise en activité de ce haut fourneau polonais qu'Arcellor Mittal-Europe attribue l'augmentation de 4,3% de sa production d'acier brut, au 1er trimestre 2014. Ce haut-fourneau avait bénéficié, contrairement à celui d'El-Hadjar, d'un programme accéléré de modernisation en 2013 de 256 millions de zlotis (60 millions d'euros environ).
Pour ses lingots d'acier fournis à El Hadjar, Arcelor-Mittal Europe bénéficie de l’exonération de frais de douane, demandé au ministère du commerce par un député du parti de Louisa Hanoune. Ils attendent au port leur enlèvement pour boucler la boucle.
Il y a quelques jours, lors d'un sit-in, les grévistes de l'Ampta ont bénéficié quand même de deux lignes dans Liberté pour résumer la politique du milliardaire indien. C'est court : " Le moins que l’on puisse dire : c’est le KO. Pour avoir opté pour une stratégie de fuite en avant, l’usure pernicieuse a complètement rongé ses rouages, pour le réduire aujourd’hui en un simple corps de pantin, un objet inanimé”.