"La vérité est un miroir tombé de la main de Dieu et qui s'est brisé. Chacun en ramasse un fragment et dit que toute la vérité s'y trouve" Djalāl ad-Dīn Rūmī (1207-1273)
11 Décembre 2015
En liaison avec le titre d'un site s'indignant du "zèle atlantiste de Syriza", je remets en ligne un article paru dans le blog en août dernier, alors que s'aggravaient les pressions sur le gouvernement d'une Grèce économiquement fragilisée, afin qu'il perpétue le maintien du pays dans le dispositif militaro-stratégique de l'OTAN, y compris en favuer Israël, dispositif dont la Grèce faisait parti depuis près de 60 ans. Lors de l'agression militaire de 2011 contre la Libye, on sait c'est de la base militaire de l'OTAN, de Souda en Grèce qu'avaientt décollé les F16 américains.
Par Saoudi Abdelaziz, 11 août 2015
Ce n'est pas seulement dans le domaine économique que la Grèce a été acculée à de graves concessions qui menacent son indépendance. Depuis le tournant de juillet, on exige d'elle une plus grande participation au dispositif répressif européen Frontex contre l'immigration. Dans la même foulée, le gouvernement grec est contraint d'afficher une participation ouverte au dispositif militaire de l'Otan en faveur d'Israël. Jusqu'où ira l'offensive contre l'indépendance de la Grèce, et réussira-t-elle à briser les reins du peuple grec?
Israélien va-t-elle récupérer son allié?
On sait qu'avant la victoire électorale de Syriza en janvier dernier, Israël et la Grèce coopèraient depuis longtemps dans le cadre de l'Otan -plus étroitement depuis 2008- à la fois dans domaines militaire, de renseignement, de l'économie et de la culture. Israël avait remercié la Grèce pour son rôle dans l'interception de la "Flotille de la Liberté" pro-palestinienne en juillet 2011 en Crète. Après la victoire de Syriza on pouvait lire sur le site de la chaîne de télé franco-israélienne I-24 : "Israël craint que ce nouveau gouvernement lui soit moins favorable compte tenu des propos du Premier ministre durant la guerre à Gaza cet été".
Tout en condamnant les récents exercices militaires gréco-israéliennes, le chroniqueur algérien Kharroubi Habib note ce matin : "A nos yeux, la raison qu'a eue Tsipras à se rapprocher aussi spectaculairement d'Israël qu'il vouait aux gémonies avant d'accéder au pouvoir est que cette condition lui a été imposée par les créanciers internationaux qui tiennent son pays par la gorge et devant lesquels il a cédé et accepté de passer sous les fourches caudines de leurs exigences tant économiques que politiques".
Les choses vont-elle reprendre leur cours d'avant janvier 2015? C'est ce qu'espèrent les forces aériennes israéliennes qui affirment dans un communqué : «la coopération israélo-grecque prend de l’ampleur au cours des dernières années et, à la lumière des succès lors des récents déploiements, des vols mutuels continueront probablement en 2016».
Le commandement américain en Méditerranée
La Grèce est depuis 60 ans sans interruption une des pièces maîtresses du dispositif militaro-stratégique américain en Méditerranée. Lors de l'intervention militaire de 2011 contre la Libye, c'est de la base militaire de l'OTAN, de Souda en Grèce qu'ont décollé les F16 américains. Les bâtiments et porte-avions américains peuvent s’y ravitailler et sont à pied d’œuvre en cas de conflit. Cette base située dans l'île de Crète est à quelques encablures des côtes de Syrie, de Jordanie, du Liban et d’Israël. La Grèce a aussi joué un rôle essentiel lors des "crises balkaniques". Ainsi, pendant l'agression du Kosovo en 1999, les forces de l’OTAN avait transité par le port de Salonique...
Deux mois après la victoire de Syriza, le célèbre stratège américain Zbigniew Brzezinski, une des voix influentes de la politique étrangère américaine et occidentale affirmait en mars 2015 : "Au au sein de l'Otan, diverses procédures sont en vigueur, dont le principe de l'unanimité. Cela veut dire que l'Otan pourrait être paralysée pendant un certain temps, ne serait-ce que par la Grèce qui est une amie de la Russie et qui dispose bien sûr d'un droit de veto". L'ancien ministre américain s'exprimait quelques jours avant la visite du Premier ministre grec Alexis Tsipras le 8 avril à Moscou...
Sous le titre "Les risques géopolitiques d’un « Grexit » le correspondant à Athènes du journal Le Monde, Adéa Guillot écrivait le 4 juillet dernier évoquant la base de Souda : "Pas question pour le président américain de voir ce site stratégique menacé. Ce n’est pas par amour de Platon et Aristote que le président américain Barack Obama, dès le début de la crise grecque, s’est inquiété d’un éventuel « Grexit », jugé dangereux non seulement pour la stabilité financière mondiale ou la cohésion de l’Union européenne, mais aussi – surtout ? – pour la sécurité du commandement militaire de l’OTAN en Méditerranée orientale" .