"La vérité est un miroir tombé de la main de Dieu et qui s'est brisé. Chacun en ramasse un fragment et dit que toute la vérité s'y trouve" Djalāl ad-Dīn Rūmī (1207-1273)
14 Janvier 2016
Petit été indien à Athènes. "La situation que l’on nomme sociale se dégrade, et cependant, nous efforçons à maintenir notre sociabilité bien à flot. C’est ainsi que le sourire revient." écrit aujourd'hui Panagiotis Grigoriou. Sur son "Carnet de notes d'un ethnologue en Grèce" il propose "Une analyse sociale journalière de la crise grecque". Le carnet rapporte quelques propos d'amis. Extraits
Tout mettre à plat
“Il faut se concentrer aux petites actions de terrain, c’est alors cela résister au quotidien, à défaut d'autre chose, il faut d’abord échanger ainsi nos sourires. Mais avant tout, il va falloir tout remettre à plat dans nos crânes, et ensuite être ensemble pour discuter de tout, mais vraiment de tout ce qui ne va pas dans nos manières d’apercevoir les impulsions du monde. Ces histoires dites des appareils politiques, et Dieu sait combien ces derniers nous été si chers parfois il faut le dire, sauf que tout cela a pris fin, il faut passer au stade suivant... c’est-à-dire l’inventer entier.”
“Après le fiasco Syriza, les initiateurs de l’Unité populaire ont reproduit cette même erreur... créationniste, à savoir, raisonner en termes d’appareil politique, lequel il importe enfin de le maintenir coûte que coûte à leurs yeux, au détriment du réalisme et en dépit de solutions réfléchies... mais réfléchies si possible solidement. Loin de la gravité de la situation en réalité, loin de tout. Ainsi, rien de tout cela ne s’est produit. Le programme relatif à la sortie de l’euro par étapes, celui initié sérieusement par l’économiste Costas Lapavítsas avait été en toute évidence écarté par les tenants de l’appareil central au sein de l’Unité populaire, tout simplement parce que ces derniers n’ont pas été ses incitateurs. Ces gens en sont restés aux pratiques issues des partis communistes des années 1980... et encore.”
“C’est triste à dire mais j’ai même entendu cette dernière trouvaille de la bouche d’un ancien élu Syriza, ayant rejoint par la suite l’Unité populaire: ‘Syriza finira par abandonner le pouvoir un jour... mais il demeurera un grand parti, eh bien... il nous sera alors possible de le rejoindre précisément en ce moment-là. Après tout, dans de nombreuses branches, les syndicalistes de l’Unité populaire cohabitent sous le même... label avec ceux de Syriza, l’osmose donc existe-elle toujours’”.
“Ces gens se montrent alors... si importunément opportunistes, éloignés comme ils sont de plein gré enfin, comme tant d’autres, des besoins comme des besognes que notre situation si dramatique nous impose. Sauf que nous ne sommes pas tous comme eux... De mon côté, j’ai toujours été en quête de sens et si possible de vérité.”. Témoignage amer... ou plutôt pamphlet en direct, de la part de mon ami Stélios (pseudonyme), ancien du comité central Syriza et bientôt... récent ancien du comité décentré de l’Unité populaire.
300 députés inutiles...
“Vous... les journalistes, vous meublez notre temps par le vide. Les politiques devraient tous démissionner, à quoi bon conserver un gouvernement lorsque par exemple les ministres, avant toute décision et avant tout projet de loi, sont obligés à rencontrer les représentants de la Troïka dans les hôtels de luxe de la capitale pour ainsi quémander... leur autorisation. Ou encore, lorsque les lois nous arrivent de Bruxelles et d’ailleurs, rédigées en anglais par les avocats d’affaires et ensuite, traduites à la hâte en grec, pour que le ‘Parlement’ puisse alors donner son aval... bien de façade. Nos 300 députés sont donc inutiles et d’ailleurs, ils nous coutent bien cher, rien que pour maintenir leurs privilèges et autant, toutes nos illusions quant au système prétendument démocratique de la Grèce”, intervention en direct d’un auditeur joint par téléphone sur la radio “Alpha” d’Athènes cette semaine. Nous en sommes enfin là.
... mais pas les rats de laboratoire
“Ce n'est pas comme dans une brocante qu'il faut faire, ces gens ne comprennent rien du sens pratique, leur cerveau est formaté pour les beaux discours politiques et ensuite... rien. C’est une catastrophe, lorsque nous avons besoin de collaborateurs sachant comment faire, nous réemployons alors dans l’urgence ces anciens... rats des laboratoires du PASOK et de la Nouvelle démocratie, ces bougres connaissent le... boulot et évidemment toutes les magouilles de l’État grec profond, très profond même. On m’a gentiment fait comprendre que sans pots-de-vin, les affaires n’avanceront pas... et que les paupérisés attendront alors trop longtemps leurs poulets”, témoignage d’un autre ami et élu depuis le système intergalactique éclaté du Syrizisme... triomphant.
Source: greekcrisis