"La vérité est un miroir tombé de la main de Dieu et qui s'est brisé. Chacun en ramasse un fragment et dit que toute la vérité s'y trouve" Djalāl ad-Dīn Rūmī (1207-1273)
15 Février 2016
Par Saoudi Abdelaziz,
Première mis en ligne le 7 février 2013
Evoquant l’assemblée de l’été 1990 (Assemblée d’août 1990 : comment on enterre un débat avant de l’ouvrir), Sadek Hadjerès écrivait en 2010 : « J’ai en effet pris connaissance, parfois des années plus tard, de lettres de militants ou cellules adressées à la direction et qui ne m’étaient pas parvenues (…). Tous leurs efforts visaient en effet à faire croire aux militants que le premier secrétaire cautionnait leurs orientations simplistes, cependant que dans des cercles plus restreints, ils déversaient les calomnies de toutes sortes et les déformations de mes points de vue. »
Comment ces militants auraient-ils pu être informés de ces divergences de vue au sein de la direction ? Sadek Hadjerès, dont on connaît le caractère foncièrement ouvert, unitaire et tolérant, n’était-il pas ligoté par l’obligation d’unanimisme de façade qui était le crédo de la direction (lire le témoignage de Abdelkrim Elaidi). Le débat sur les sujets essentiels restait dans l’enceinte du « BP » ou sous sa supervision unanime. C’est la tradition clandestine : le groupe dirigeant détient la vérité, contre vents et marées. Avec la confiance mutuelle absolue entre ses membres qui était le sceau de ce « pacte ».
Mais en 1990, ce pacte avait été rompu depuis déja dix ans
Comment des lettres de militants et de cadres non "conformes" pouvaient-elles parvenir à Sadek Hadjerès ? A l'époque de cette assemblée, le courrier venant des fédérations était filtré depuis longtemps par un secrétaire du parti, qui était le bras droit de ce Hadj Bakhtaoui, que j’avais pudiquement baptisé du pseudonyme Francis dans mes révélations publiques de janvier 1993, à la veille du congrès de dissolution du Pags (Comment on a liquidé le Pags).
Un peu d’histoire
Redevenus étudiants après l’indépendance, quelques jeunes officiers du Malg avaient été chargés par leur centrale de « militer » dans le mouvement étudiant et l’organisation étudiante du parti communiste, alors en plein développement. Parmi eux, c’est Hadj Bakhtaoui, étudiant de l’ouest algérien ayant rejoint le Malg au Maroc, avec le cessez-le-feu, qui réussira la prouesse de faire carrière dans l’organisation des communistes, jusqu’à parvenir au saint des saints. Et sans doute suscite-il pour ce fait d’arme l’admiration de ses anciens condisciples du Malg, élèves de Abdelhafid Boussouf ? On dit que Bakhtaoui exerce actuellement ses talents à la présidence de la République.
Il fut servi, outre son bagage de malguiste et ses talents de manipulateur, par de grandes capacités intellectuelles : esprit de synthèse, très bonne prose, retorse et envoûtante, assimilation parfaite des « classiques ». Ce sont ces qualités qui lui ont permis d’éviter les risques du filtre militant de terrain. Il effectue sa carrière militante dans les tâches discrètes de secrétariat. Le bon accomplissement de ces tâches le rapprochent progressivement de la direction clandestinde, jusqu'à collaborer avec le premier secrétaire. Il traversera donc deux décennies de "clandestinité légale", sans une seule égratignure.
Au milieu des années 70, il est coopté au secrétariat du comité central, dont plusieurs postes avaient été libérés à faveur de la sortie de clandestinité de quelques dirigeants. Chargé du secteur de la propagande, laissé par Boualem Khalfa, il restait cependant cantonné dans un travail de commission, coupé de la chair vive de l’organisation. Il put enfin la mordre. Après le lancement du volontariat des étudiants pour la révolution agraire, dont il fut le plus ardent initiateur, Il entreprend la prise de contrôle du secteur étudiant. Il utilise un raccourci : par le biais de responsables communistes du CVRA, il contrôle directement le travail politique des étudiants communistes. Ensuite, il « suscite » l’éviction du responsable l'organisation du parti parmi les étudiants. M. R. était en effet gênant : partisan du renforcement de « l’organisation propre » du parti parmi les étudiants il faisait obstacle à l’hégémonie exercée de manière informelle par les dirigeant des CVRA sur les adhérents du Pags. Parallèlement, était abandonnée la lutte pour la remise sur pied de l’Union nationale des étudiants indépendante (dissoute par le pouvoir, une dizaine d’années auparavant).
Dans le même temps que cette confusion des genres, les indications recueillies sur la personnalité des uns et des autres facilitait le travail de recrutement de la sécurité militaire.
A la fin des années 70, ce travail d’enveloppement organique sera facilité par le remplacement de Aziz Belgacem, pour le suivi des fédérations, par un « proche » de Bakhtaoui. Ce proche sera son bras droit dans l’OPA engagée au lendemain du décès de Boumediene, au début de l’infitah Chadliste.
Après une opération de la SM comportant forces filatures ostensibles et effraction contre sa planque qu’il doit évacuer en urgence, Saoudi Abdelaziz sera considéré comme une menace à la sécurité du parti et mis à l’écart. Saoudi Abdelaziz manifestait une grande méfiance à l’égard de Bakhtaoui qu’il avait, sans doute trop ostensiblement, à l’œil. Cette opération a été favorisée, (et « brouillée ») par un état dépressif, suscitée par des problèmes familiaux et une trop lourde charge de travail. Constamment par monts et par vaux, Il était chargé de la supervision de la fédération d’Alger et de son imprimerie, des commissions syndicale, féminine, de la cojes des jeunes, etc.
Une étape décisive de la prise de contrôle du parti sera franchie en 1982 par une opération de kechef de planque, qui donnera des arguments à la décision d’évacuer Sadek Hadjerès vers l’étranger pour le « mettre à l’abri », compte tenu du "tournant à droite"...
Socialalgerie remet en ligne quelques témoignages à l’occasion de l’anniversaire de la fondation et de la liquidation du Pags.
Evoquant l’assemblée de l’été 1990 (Assemblée d’août 1990 : comment on enterre un débat avant de l’ouvrir, Sadek écrivait en 2010 : « J’ai en effet pris connaissance, parfois des années plus tard, de lettres de militants ou cellules adressées à la direction et qui ne m’étaient pas parvenues (…). Tous leurs efforts visaient en effet à faire croire aux militants que le premier secrétaire cautionnait leurs orientations simplistes, cependant que dans des cercles plus restreints, ils déversaient les calomnies de toutes sortes et les déformations de mes points de vue. »
Comment ces militants auraient-ils pu être informés de ces divergences de vue au sein de la direction ? Sadek Hadjerès, dont on connaît le caractère foncièrement ouvert, unitaire et tolérant, n’était-il pas ligoté par l’obligation d’unanimisme de façade qui était le crédo de la direction (lire le témoignage de Abdelkrim Elaidi). Le débat sur les sujets essentiels restait dans l’enceinte du « BP » ou sous sa supervision unanime. C’est la tradition clandestine : le groupe dirigeant détient la vérité, contre vents et marées. Avec la confiance mutuelle absolue entre ses membres qui était le sceau de ce « pacte ».
Mais en 1990, ce « pacte » avait été rompu plus depuis déjà plus de dix ans.
Comment des lettres de militants et de cadres non "conformes" pouvaient-elles parvenir à Sadek Hadjerès ? A l'époque de cette assemblée, le courrier venant des fédérations était filtré depuis longtemps par un secrétaire du parti, qui était le bras droit de ce Hadj Bakhtaoui, que j’avais pudiquement baptisé du pseudonyme Francis dans mes révélations publiques de janvier 1993, à la veille du congrès de dissolution du Pags (Comment on a liquidé le Pags).
Un peu d’histoire
Redevenus étudiants après l’indépendance, quelques jeunes officiers du Malg avaient été chargés par leur centrale de « militer » dans le mouvement étudiant et l’organisation étudiante du parti communiste, alors en plein développement. Parmi eux, c’est Hadj Bakhtaoui, étudiant de l’ouest algérien ayant rejoint le Malg au Maroc, avec le cessez-le-feu, qui réussira la prouesse de faire carrière dans l’organisation des communistes, jusqu’à parvenir au saint des saints. Et sans doute suscite-il pour ce fait d’arme l’admiration de ses anciens condisciples du Malg, élèves de Abdelhafid Boussouf ? On dit que Bakhtaoui exerce actuellement ses talents à la présidence de la République.
Il fut servi, outre son bagage de malguiste et ses talents de manipulateur, par de grandes capacités intellectuelles : esprit de synthèse, très bonne prose, retorse et envoûtante, assimilation parfaite des « classiques ». Ce sont ces qualités qui lui ont permis d’éviter les risques du filtre militant de terrain. Il effectue sa carrière militante dans les tâches discrètes de secrétariat. Le bon accomplissement de ces tâches le rapprochent progressivement de la direction clandestinde, jusqu'à collaborer avec le premier secrétaire. Il traversera donc deux décennies de "clandestinité légale", sans une seule égratignure.
Au milieu des années 70, il est coopté au secrétariat du comité central, dont plusieurs postes avaient été libérés à faveur de la sortie de clandestinité de quelques dirigeants. Chargé du secteur de la propagande, laissé par Boualem Khalfa, il restait cependant cantonné dans un travail de commission, coupé de la chair vive de l’organisation. Il put enfin la mordre. Après le lancement du volontariat des étudiants pour la révolution agraire, dont il fut le plus ardent initiateur, Il entreprend la prise de contrôle du secteur étudiant. Il utilise un raccourci : par le biais de responsables communistes du CVRA, il contrôle directement le travail politique des étudiants communistes. Ensuite, il « suscite » l’éviction du responsable l'organisation du parti parmi les étudiants. M. R. était en effet gênant : partisan du renforcement de « l’organisation propre » du parti parmi les étudiants il faisait obstacle à l’hégémonie exercée de manière informelle par les dirigeant des CVRA sur les adhérents du Pags. Parallèlement, était abandonnée la lutte pour la remise sur pied de l’Union nationale des étudiants indépendante (dissoute par le pouvoir, une dizaine d’années auparavant).
Dans le même temps que cette confusion des genres, les indications recueillies sur la personnalité des uns et des autres facilitait le travail de recrutement de la sécurité militaire.
A la fin des années 70, ce travail d’enveloppement organique sera facilité par le remplacement de Aziz Belgacem, pour le suivi des fédérations, par un « proche » de Bakhtaoui. Ce proche sera son bras droit dans l’OPA engagée au lendemain du décès de Boumediene, au début de l’infitah Chadliste.
Après une opération de la SM comportant forces filatures ostensibles et effraction contre sa planque qu’il doit évacuer en urgence, Saoudi Abdelaziz sera considéré comme une menace à la sécurité du parti et mis à l’écart. Saoudi Abdelaziz manifestait une grande méfiance à l’égard de Bakhtaoui qu’il avait, sans doute trop ostensiblement, à l’œil. Cette opération a été favorisée, (et « brouillée ») par un état dépressif, suscitée par des problèmes familiaux et une trop lourde charge de travail. Constamment par monts et par vaux, Il était chargé de la supervision de la fédération d’Alger et de son imprimerie, des commissions syndicale, féminine, de la cojes des jeunes, etc.
Une étape décisive de la prise de contrôle du parti sera franchie en 1982 par une opération de kechef de planque, qui donnera des arguments à la décision d’évacuer Sadek Hadjerès vers l’étranger pour le « mettre à l’abri », compte tenu du "tournant à droite"...
Saoudi Abdelaziz, 7 février 2013
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