"La vérité est un miroir tombé de la main de Dieu et qui s'est brisé. Chacun en ramasse un fragment et dit que toute la vérité s'y trouve" Djalāl ad-Dīn Rūmī (1207-1273)
14 Mars 2016
Ils ont fait ce qu'il fallait . "Le président Hollande est allé en Algérie, Sarkosy aussi", dit Benjamin Stora dans son interview sur Liberté ce matin. : "Ils ont prononcé des discours de condamnation du système colonial". Le dossier est donc clos .
"Il faut passer maintenant à une autre étape, dit-il pour savoir ce qui s’est réellement passé et rétablir les faits. Des personnes ont été assassinées, déportées, mises dans des camps. Qui et combien sont-elles ?"
De la repentance sonnante et trébuchante, n'est-ce pas mieux? "Il faut que des demandes soient déposées auprès de l’État français pour obtenir réparation sur des faits précis".
Benjamin Stora nous avertit ensuite que l'on en obtiendra pas plus : "Les Français ne veulent pas assumer son passé algérien et accepter ce qui s’est passé. Ils ont voté des lois d’amnistie qui ont permis de ne pas juger l’État et d’effacer les exactions commises". On ne peut donc pas les obliger, dit l'historien. En tant que natif de Constantine, il entend jouer le rôle le "pont", pour arranger les choses, et vendre le livre qui va avec. Mais son rôle d'historien n'est t-il pas, d'abord, de s'adresser à son peuple en Métropole et à ses élites pour leur mettre le nez dans la réalité historique, pour qu'ils acceptent enfin de la regarder les yeux ouverts.
Car, le système colonial de pensée est toujours actif dans l'esprit et les actes de nombre de ses concitoyens, et d'abord des dirigeants français, toujours si intransigeants quand il s'agit de crimes d'Etat situés hors de leur zones d'influence historique. L'autocritique nationale salutaire est d'abord une affaire franco-française. Beaucoup le font avec courage, mais ils sont minoritaires. Il faut que les Français s'y mettent. Nous attendrons, mais nous ne lâcherons pas. Ce n'est pas une affaire de gouvernement.
Stora assimile cet état d'esprit algérien à des "mémoires dangereuses", des "mémoires de revanche (qui) se transmettent". Il ne dit pas comment fonctionne la mémoire coloniale. Ni qu'elle se transmet très bien, elle, et dans les actes. C'est cette mémoire très dangereuse, mortelle, qui éclaire les rêves de grandeur de MM. Sarkozy-Hollande, héros de l'épopée coloniale... postcoloniale.
Ne faut-il pas s'attendre d'ores et déjà que les générations futures de Libyens et autres Africains, exigent repentance et réparations pour des actes coloniaux commis au XXI è siècle par l'Etat français?
PS. Quant aux dossiers pour les réparations concrètes, nous sommes preneurs, M. Stora. J'en aurais un , sur la destruction incompréhensible de notre propriété familiale, par les mortiers du Camp Chevalier de Jijel. A qui faut-il s'adresser?