"La vérité est un miroir tombé de la main de Dieu et qui s'est brisé. Chacun en ramasse un fragment et dit que toute la vérité s'y trouve" Djalāl ad-Dīn Rūmī (1207-1273)
5 Mai 2016
Qu'y a-t-il derrière ce théâtre de marionnettes, où un personnage jeté à la trappe sans espoir de retour par la presse "bien informée" rebondit au grand jour avec son sourire narquois. Peut-être, moins jovial? Dans le même temps qu'un nouveau personnage quitte la pénombre du business pour les pleins feux de la rampe politique.
On trouve une explication chez un vieil habitué de la commedia del arte du système. "Les larrons restent d’accord entre eux" dit Sid-Ahmed Ghozali. L'ancien Premier ministre, contrairement à ses congénères plus enclins à l'omerta sur les mystères de l'Olympe, n'hésite pas à donner des tuyaux sur la cuisine des dieux. Il raconte : "Après sa mort (celle de Boumediène, ndlr), les services qui disposaient disons de 15% des responsabilités ont pris 100% du pouvoir. Il n’y a plus de chef, et tous ceux comme Kasdi Mehbah qui ont eu la prétention de le devenir ont été écrabouillés. Un « système » aussi opaque que clandestin s’est mis en place. Il n’y a pas un fonctionnaire nommé, pas un politique élu sans l’accord des services". Mais après le départ de Rab Ed'zaïr? "Il s’est produit quelques fissures, dit-il, mais le système, après trente années de sédimentation, est insécable, comme l’atome". Sid-Ahmed Ghozali dit aussi : "Les journalistes travaillent sans matière première. L’Etat ne leur donne que des rumeurs, toujours calculées". La pauvre Salima Tlemçani dont les "interlocuteurs" des services secrets ont assuré les lecteurs d'El Watan de la fin irrémédiable de Saâdani continuera-t-elle de souffrir de cette addiction aux "sources"?
La Justice interdit de contourner la loi. C'est, en substance, une formule qui pourrait définir l'Etat de Droit. Abed Charef la développe ce matin, à propos de l'acquisition d'un deuxième groupe de presse par Issad Rebrab: "Quand la loi interdit à une personne, morale ou physique, de détenir plus d'un titre, elle interdit également les formules destinées à contourner la loi, comme le recours à des prête-noms, la possession de titres à travers des proches ou parents directs, ou encore à travers des sociétés écran".
Depuis hier l'affaire ne semble plus relever plus du droit commercial et prend une tournure attendue depuis l'automne 2015: le milliardaire entre désormais ouvertement en politique. En produit d'appel hier du Berbère TV: une synthèse de libre entreprise et de régionalisme kabyle.
POST-SCRIPTUM
La différence tunisienne
En Tunisie, " Beaucoup de gens pensent pouvoir faire quelque chose contre la corruption". 71% des sondés estimant que "des gens ordinaires peuvent faire une différence".