"La vérité est un miroir tombé de la main de Dieu et qui s'est brisé. Chacun en ramasse un fragment et dit que toute la vérité s'y trouve" Djalāl ad-Dīn Rūmī (1207-1273)
15 Mars 2017
Sur la planète, le temps historique des élites n'est pas le même partout. Les néolibéraux algériens sont actuellement dans un temps d'ébriété euphorique, cependant que le néolibéralisme occidental développe depuis bientôt une dizaine d'années une cirrhose incurable, déstabilisant sans rémission les fondements politiques du libéralisme et ses équilibres sociaux.
Devrions nous, à nos risques et périls, nous intégrer dans cette matrice en perdition, où le seul drapeau dérisoire de ralliement est Silicon Valley? Nous amarrer corps et âme au Titanic, avec moults co-localisations, co-ceci et co-cela. Et bientôt une co-souveraineté Algéro-européenne... Ou à l'inverse utiliser les marges de manoeuvre élargies d'un monde en voie de recomposition, autour des souverainetés nationales.
Néophytes
Nos néolibéraux algériens restent des néophytes. Ils veulent conduire leur pays vers la matrice de la filiation rêvée: "Vite arrimer solidement" l'Algérie à cette mondialisation heureuse, que "de formidables mutations technologiques et scientifiques sont en train de façonner sous nos yeux" . Il faut, disent-ils arrêter de faire jouer à l'Etat le moindre rôle dans l'économie. Il faut "abolir toute distinction entre entreprise privée et entreprise publique". Il faut, etc.
On veut nous faire revenir au souk fellah! retentissait, hier, le cri du coeur d'un médiatique néo-libéral, offusqué par les restrictions à l'importation -que même l'OMC reconnaît aux Etats. Hasard du calendrier, le même jour, la presse publie une sévère critique de l'UE qui s'oppose aussi aux mesures de réglementation des importations. Mais, si l'UE cite les ronds à béton le médiatique regarde plutôt du côté des ... fruits exotiques et autre mayonnaise dont il prédit pénurie et hausse des prix parce que l'Etat s'est mêlé de ce qui ne le regardait pas.
Religion
L'UE et le médiatique local sont d'accord sur ce crédo : la liberté de consommer, c'est le libre échange mondialisé sans restriction, c'est la liberté totale du marché, sans intervention de la puissance publique. Et le gouvernement est évidemment impardonnable d'avoir grippé cette mécanique quasi-religieuse.
Ce crédo idéologique est celui de la religion du dieu argent. C'est sa matrice. Elle conduit le monde, et elle produit finalement des mutations monstrueuses. Et pas seulement dans l'économie...
Hypothèse : La question des importations sera-t-elle une des clés pour remettre à l'ordre du jour cette ambition de développement absente depuis quatre décennies.