"La vérité est un miroir tombé de la main de Dieu et qui s'est brisé. Chacun en ramasse un fragment et dit que toute la vérité s'y trouve" Djalāl ad-Dīn Rūmī (1207-1273)
17 Mars 2017
Par Saoudi Abdelaziz, 17 mars 2014
Des études scientifiques indiquent que la diffusion d'images violentes à la télé incitent les gens à acheter.
"Un vaste complot se dessine contre l'Algérie, avertit Sergueï Lavrov, ministre des Affaires étrangères de la Russie", titre le dernier article mis en ligne par le site d'Alger républicain, reprenant un article de fabrication DRS paru il y a une semaine dans le quotidien maison l'Expression. Comment le journal qui fut celui d'Henri Alleg peut-il attribuer cette stupidité au grand maître diplomate Lavrov?
Le créationniste dit que la nature crée des melons avec des marques pour être mangé en famille. Ce matin, les gros titres de la presse quotidienne et les faits qui les inspirent semblent confirmer l'avertissement de DRS-Lavrov : "chaos" et "Etat d'urgence à Ghardaïa", "terroristes abattus", "base militaire française près de la frontière algérienne". Survenant après l'annonce mise en épingle par Louisa Hanoune que les GI's ont été installés en Espagne et préparés à être parachutés sur Alger...
Voyons cela de près. De Ghardaïa, Ali Boukhlef écrit ce matin dans El Watan : "De nombreux témoignages indiquent que des gens encagoulés surgissent des oasis environnantes et attaquent de nuit. C’est à se demander où est l’Etat dans une zone géographiquement bien cernée".
Vivant dans l'ère du soupçon, le blogueur a l'esprit mal tourné. Il sait qu'en Algérie et ailleurs l'utilisation du lumpenprolétariat est un des instruments habituels pour assurer le contrôle social. Mais, la bien sourcée Salima Tlemçani le rassure ce matin. Pas la peine explique-t-elle de chercher midi à 14 heures, les troubles sont provoqués par des trafiquants de drogue aux abois. "Desserrer l’étau en créant une situation de non-droit. C’est cela l’objectif recherché par les fauteurs de troubles". L'efficacité des services de sécurité algériens (DRS, Gendarmerie-DGSN) dotés de réseaux extrêmement denses d'indicateurs, notamment dans le "milieu", est pourtant proverbiale. Se seraient-ils transformés en passoires dans le champs clos du M'zab? La situation au M'zab participe-t-elle d'un conditionnement de l'opinion?
Digression.
"Cette démocratie si parfaite fabrique elle-même son inconcevable ennemi, le terrorisme. Elle veut, en effet, être jugée sur ses ennemis plutôt que sur ses résultats. L’histoire du terrorisme est écrite par l’État ; elle est donc éducative. Les populations spectatrices ne peuvent certes pas tout savoir du terrorisme, mais elles peuvent toujours en savoir assez pour être persuadées que, par rapport à ce terrorisme, tout le reste devra leur sembler plutôt acceptable, en tout cas plus rationnel et plus démocratique (...)
On peut remarquer que l’interprétation des mystères du terrorisme paraît avoir introduit une symétrie entre des opinions contradictoires ; comme s’il s’agissait de deux écoles philosophiques professant des constructions métaphysiques absolument antagonistes. Certains ne verraient dans le terrorisme rien de plus que quelques évidentes manipulations par des services secrets; d’autres estimeraient qu’au contraire il ne faut reprocher aux terroristes que leur manque total de sens historique.
L’emploi d’un peu de logique historique permettrait de conclure assez vite qu’il n’y a rien de contradictoire à considérer que des gens qui manquent de tout sens historique peuvent également être manipulés ; et même encore plus facilement que d’autres. Il est aussi plus facile d’amener à « se repentir » quelqu’un à qui l’on peut montrer que l’on savait tout, d’avance, de ce qu’il a cru faire librement. C’est un effet inévitable des formes organisationnelles clandestines de type militaire, qu’il suffit d’infiltrer peu de gens en certains points du réseau pour en faire marcher, et tomber, beaucoup.
La critique, dans ces questions d’évaluation des luttes armées, doit analyser quelquefois une de ces opérations en particulier, sans se laisser égarer par la ressemblance générale que toutes auraient éventuellement revêtue. On devrait d’ailleurs s’attendre, comme logiquement probable, à ce que les services de protection de l’État pensent à utiliser tous les avantages qu’ils rencontrent sur le terrain du spectacle, lequel justement a été de longue date organisé pour cela ; c’est au contraire la difficulté de s’en aviser qui est étonnante, et ne sonne pas juste".
Guy Debord, Commentaires sur la société du spectacle. 1988.