"La vérité est un miroir tombé de la main de Dieu et qui s'est brisé. Chacun en ramasse un fragment et dit que toute la vérité s'y trouve" Djalāl ad-Dīn Rūmī (1207-1273)
19 Décembre 2019
Par Saoudi Abdelaziz, 17 août 2017
L'éviction de Abdelmadjid Tebboune va-t-elle mettre fin à la levée de masse silencieuse des douaniers, des agents du fisc, et des autres services de l'Etat algériens plus que jamais confrontés aux méthodes obliques qui permettent aux prédateurs de contourner l'état de droit, d'imposer leurs intérêts personnels et d'humilier les gens honnêtes.
Pour un commentateur, Tebboune "était quasiment suspendu dans le vide, sans parachute, dans une démarche politique totalement suicidaire". C'est vite dit. Mais peut-on penser que la présence de Tebboune à la tête du gouvernement exprimait la prise en compte des signaux multiples qui indiquent l'évolution de l'état d'esprit des cadres et de agents des services publics ?
Peut-on refuser de penser que la corruption et le chantage ont définitivement détruit "l'esprit de service public" dans la machinerie de l'Etat algérien?
A propos de Bakhti Belaïd
"Les milieux de l'argent, qu'il côtoyait au quotidien, n'avaient pas de prise sur lui", notait Abed Charef en février 2017 dans son article nécrologique intitulé "Le testament de Bakhti Belaîd"
Abed Charef notait : "Formé dans une tradition bureaucratique en vigueur dans les années 1970 et 1980, il n'a pu, de par son itinéraire personnel, se départir totalement de cette vision selon laquelle l'administration devait veiller à ce que les plus démunis ne soient jamais privés de l'essentiel."
Quelle conception du rôle de l'Etat et de l'administration a bien pu inspirer cette conviction du défunt qu'il faut combattre les surprofits des concessionnaires et autres importateurs qui privent l'Etat des moyens d'agir au profit du pays et des plus démunis?
Mais aussi pourquoi appelait-il, à la veille de sa mort, à mettre en cause les rapports inégaux que l'OMC veut nous imposer? Recommandation testamentaire que Abed Charef oublie de mentionner dans sa lecture du testament.
"Les milieux de l'argent, qu'il côtoyait au quotidien, n'avaient pas de prise sur lui". En écrivant cela, le chroniqueur est au diapason des Algériens qui apprécient Bakhti Belaïd l'incorruptible. Mais, il évacue la haute conception de l'Etat au service de la justice sociale, qui animait le défunt et lui permettait de secréter les anticorps éthiques. Et sauvegarder son intégrité face aux assauts de cette corruption systémique qui colonise l'Etat et le détourne des "plus démunis".
"L'hommage s'adresse d'abord aux qualités morales de Bakhti Belaïd . On loue son attitude, non sa politique", écrit l'exécuteur testamentaire autoproclamé qui oublie l'essentiel de l'héritage à partager. La défense têtu de l'intérêt national motivé par une haute vision politique du rôle de l'Etat, est écartée. Plus grave encore, cette vision politique est réduite à un passif "bureaucratique" à renier.
source : Le testament mutilé de Bakhti Belaïd