"La vérité est un miroir tombé de la main de Dieu et qui s'est brisé. Chacun en ramasse un fragment et dit que toute la vérité s'y trouve" Djalāl ad-Dīn Rūmī (1207-1273)
29 Novembre 2017
En Algérie, le système de pouvoir est organisé autour de la fonction présidentielle. Ce système réussit à fonctionner pendant plus de cinq ans déjà, avec un président Bouteflika très fortement handicapé.
Pour les grands groupes décideurs, ce n'est pas une situation insoutenable. Ni même nouvelle. La prouesse du système n'est pas inédite, car il a prospéré pendant près de 13 ans, en utilisant le handicap "naturel" du président fainéant Chadli Bendjedid, adepte des "délégations de pouvoir".
Le système algérien sait utiliser ce genre de handicap. Cela fait partie de son ADN. Depuis la mort de Boumediene, le mandat présidentiel est déconnecté du contrôle permanent direct de l'armée de ligne, dont le rôle est limité au choix ou au rejet du président. Les deux seuls conclaves d'officiers qui se sont tenus durant les mandats de Chadli sont celui qui l'a intronisé sous la houlette de Larbi Belkheir et celui de janvier 1992 qui l'a "démissionné" sous la houlette du même général.
Entre ces deux conclaves, pendant la présidence Chadli, et jusqu'à la chute du baril au milieu des années 80, les clans, usant de leurs points d'appuis respectifs dans les rouages de l'Etat, se partageaient harmonieusement le gâteau sous la supervision de la SM-DRS, avec pour le peuple, déjà, des miettes de "vie meilleure".
En essayant de rétablir la transparence des prérogatives de l'institution présidentielle, Bouteflika a sans doute fortement mis à l'épreuve le fonctionnement du système.
Depuis le troisième mandat, on assiste avec la maladie handicapante de Bouteflika à la répétition du même phénomène de délégation des prérogatives présidentielles observé sous Chadli.
Avec une grande différence : la cohérence de la gestion de cette délégation est rendu aléatoire, d'un part à cause de la crise du rôle structurant des services secrets, chargés sous Chadli de la surveillance du fonctionnement du système; d'autre part par la montée de nouveaux partenaires avec leurs nouvelles règles, les oligarques avides de remplacer leur protecteurs pour la définitions des priorités économiques. Les oligarques sont aujourd'hui au cœur du Premier cercle, et réussissent déjà par un manœuvre d'enveloppement multi-partisane à subvertir les assemblées, nationale et locales.
Notons, malgré tout que Bouteflika semble réussir à influer encore sur certaines grandes options politiques traditionnelles sur lesquelles il a fondé ses convictions et ses mandats: la préservation de l'autonomie nationale de décision en politique étrangère, le souci de justice sociale en faveur des plus déshérités...
A suivre.