"La vérité est un miroir tombé de la main de Dieu et qui s'est brisé. Chacun en ramasse un fragment et dit que toute la vérité s'y trouve" Djalāl ad-Dīn Rūmī (1207-1273)
2 Novembre 2017
"La Corée du Nord surclasse tout le monde en stratégie" titre le commentaire du chercheur américain de l'université de Yale, Immanuel Wallerstein, qui conclut ainsi son analyse:
"La Corée du Nord n’a aucun intérêt à un conflit nucléaire : le régime sait qu’il n’y survivrait pas. Son objectif est d’obtenir des Etats-Unis, considérés comme l’ennemi irréductible, une double garantie : 1° qu’ils reconnaissent Pyongyang en tant que puissance nucléaire légitime ; 2° qu’ils s’abstiennent de toute nouvelle ingérence dans les affaires intérieures nord-coréennes.
La seule chose qui pourrait réduire le risque de chaos nucléaire serait que les Etats-Unis reconnaissent les limites de leur propre puissance géopolitique et consentent à négocier directement avec la Corée du Nord. A l’heure qu’il est, ni le président Trump ni le Congrès ne sont prêts à un changement aussi radical. La question n’en reste pas moins posée : combien de temps faudra-t-il aux Etats-Unis pour se résoudre à cette réalité géopolitique ? La Corée du Nord surclasse tout le monde en stratégie".
Aux dernières élections régionales, Le chavisme a emporté 18 des 23 Etats en jeu, et obtenu 54 % des votes au niveau national. Pourquoi le PSUV a encore gagné au Venezuela ? titre le chercheur argentin Juan Manuel Karg qui explique pourquoi cet événement a désarçonné les "observateurs":
« Comment expliquer que malgré la crise économique, sociale et politique que connaît aujourd’hui le Venezuela, les forces « officialistes » aient gagné la majorité des gouvernements locaux ? » s’est interrogée via Twitter la présentatrice de CNN, Patricia Janiot, adversaire du chavisme depuis l’époque de Hugo Chávez.
C’est effectivement la question qui agite actuellement la droite régionale : comment « ces gens-là », c’est-à-dire ceux qu’elle a toujours considéré inférieurs en capacités, peuvent encore gagner des élections malgré la guerre économique responsable de la pénurie des denrées et de l’énorme inflation ? Il faudrait peut-être chercher les explications dans l’inflexion politique provoquée par l’élection de l’Assemblée nationale constituante : des millions de personnes sont allés voter pour dire non aux « guarimbas », ces violentes manifestations de rue qui se sont soldées par une centaine de morts, parmi lesquels de nombreux seulement coupables du seul « pêché » d’être pauvres et chavistes. Depuis cette élection, la violence a notablement diminué et la MUD a accepté le dialogue, puis la convocation des élections régionales. Dans cette perspective, elle a organisé des élections primaires, marquées par une faible participation, qui ont permis à Allup de se placer comme le vainqueur du vote interne de la droite.
Janiot de la chaîne CNN, comme des centaines d’autres communicants de tout le continent, oublie une donnée importante : le chavisme est une force politique qui a constitué un véritable paradigme nouveau dans la politique vénézuélienne. Ceci peut expliquer le fait qu’il puisse gagner une élection nationale en même temps qu’il affronte une attaque internationale sans précédent, une inflation débridée, des pénuries provoquées, avec, de plus, l’opposition des médias, intérieurs et extérieurs. Le chavisme n’a pas seulement survécu à la mort de son leader, il a réussi, quand on le croyait moribond, à renverser la table en profitant des erreurs grossières commises par une opposition peu professionnelle. C’est bien ainsi qu’il a construit sa victoire, en laissant hors course ceux qui annonçaient la chute du gouvernement Maduro il y a seulement dix semaines.