"La vérité est un miroir tombé de la main de Dieu et qui s'est brisé. Chacun en ramasse un fragment et dit que toute la vérité s'y trouve" Djalāl ad-Dīn Rūmī (1207-1273)
2 Mai 2018
Ce n'est pas le ministre du Travail- plutôt préposé aux basses besognes- mais le ministre de l'Intérieur himself qui a débarqué hier à Hassi Messaoud pour présider les "festivités officielles" du 1er mai. Avec à ses côtés les patrons de l'UGTA et du FCE.
Ali Haddad résume l'esprit des festivités, lorsqu'il appelle les salariés convoqués pour l'écouter à la "fédération des efforts des travailleurs et des forces vives du pays", et à «un resserrement des rangs et une conjugaison des efforts pour atteindre les objectifs escomptés». A quoi Sidi Saïd répond en qualifiant de «solides» les liens entre le patronat et la Centrale syndicale, rejetant toute division entre eux, car, a-t-il défendu, «nous travaillons ensemble pour l'intérêt suprême du pays».
La veille du premier mai, Amar Takjout, SG de l’Union de wilaya d’Alger-UGTA n'était pas sur cette longueur d'onde. Il a déploré à la radio : «Le syndicalisme a perdu de sa nature». Il se dit convaincu que «l’éternel combat entre le patron et le travailleur fera renaître la lutte syndical pour se réapproprier les espaces perdus». Le nouveau secrétaire général de l'Union algéroise, issu de la corporation naufragée des textiles et cuirs avait été élu en novembre 2017, lors du 11è congrès présidé par Mokdad Messaoudi, le vieux briscard de l’union locale de Rouiba.
Amar Takjout, SG de l’Union de wilaya d’Alger de l'UGTA : «Le syndicalisme a perdu de sa nature»
Par M. Azedine, 2 avril 2018
Il y est allé fort, avec des accusations détonantes, Amar Takjout, le secrétaire général de l’Union de wilaya d’Alger du syndicat UGTA, lundi sur la Chaîne 3, dont il était l’invité. Des accusations, mais sans être vraiment précis sur ses cibles.
Invité, donc, de la Rédaction de la Chaîne 3, Amar Takjout a commencé par constater que de par le monde, on assiste à ce qu’il appelle «un recul dans la préservation des acquis des travailleurs» en expliquant que beaucoup de pays sont en train de «réformer par le bas, au nom de la compétitivité et de l’économie de marché».
Une «pression»à laquelle l’Algérie n’échappe pas, admet-il, mais résiste à cette remise en cause des acquis puisque on continue à préserver les quatre semaines de congé, les huit heures de travail, le système de retraite et la Sécurité sociale. «L’Algérie n’échappe pas à cette pression, et même les syndicats semblent en deçà de leurs capacités à défendre les acquis sociaux», constate ce proche de Abdelmadjid Sidi Saïd qui précise tout de même :
«Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas d’arrière-pensées, qu’il n’y a pas une démarche des gouvernants pour réduire, réformer ou reformuler un certain nombre d’acquis sociaux des travailleurs.»
Selon l’appréciation du patron de l’Union de wilaya d’Alger-UGTA, si le combat syndical «devient difficile», c’est parce que, depuis des décennies, on a été dans ce qu’il appelle «un certain confort syndical», mais d’un autre côté, il se dit convaincu que «l’éternel combat entre le patron et le travailleur fera renaître la lutte syndical pour se réapproprier les espaces perdus». Le genre d’espaces perdus pour les travailleurs syndiqués ailleurs qu’à l’UGTA qui se trouvent sous la menace de la dissolution pure et simple, et au sujet desquels Amar Takjout estime qu’«on est obligé de se conformer à la loi», tout en préconisant, pour les syndicats mis à l’index par le ministère du Travail, de militer pour changer les lois si elles sont «rigides».
A ce même propos, M. Takjout distillera un avis sibyllin pour dire : «La loi doit être applicable à tous, aucune partie ne doit échapper à la loi» pour ensuite faire en quelques mots le procès des syndicalistes, «à l’origine de la déperdition syndicale».
Sans se vouloir précis, il clamera à qui voulait l’entendre : «Les syndicats, c’est devenu beaucoup plus des machines à tirer profit, des machines à faire des sous ici et là, ce n’est plus du syndicalisme.» Il reste à savoir à qui il a voulu adresser ces amabilités.
En tous les cas, si l’on doit se fier à son propos, le syndicalisme «a perdu de sa nature» et si les syndicats veulent bien retrouver leur vocation, «il faut changer de comportement, de mentalité, parce que le syndicalisme n’est pas un marchepied pour gagner des galons dans la hiérarchie professionnelle». Sans doute que beaucoup n’apprécieront pas tellement le propos du secrétaire général de l’Union de wilaya d’Alger.
Source : Le Soir d'Algérie