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Le blog de algerie-infos

"La vérité est un miroir tombé de la main de Dieu et qui s'est brisé. Chacun en ramasse un fragment et dit que toute la vérité s'y trouve" Djalāl ad-Dīn Rūmī (1207-1273)

L'Algérie futur champion de la production de (sacs) plastique.

Photo DR

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 "L’idée est de valoriser le propane disponible localement en grande quantité en le transformant en polypropylène, un plastique dont la demande est en très forte croissance", expliquait en mai dernier la multinationale Total en annonçant un investissement de 1,4 milliards de dollars à Arzew, avec Sonatrach.

Dans le monde, il pourrait y avoir en 2050 plus de plastique que de poissons dans les mers, selon un rapport paru en 2016.  

 

Les liens étroits et méconnus entre le gaz de schiste et l’explosion des déchets plastiques

 

POLLUTION À TOUS LES ÉTAGES

 

Par Olivier Petitjean, 11 septembre 2018

Alors que les océans et les milieux naturels étouffent sous les déchets plastiques, il est surtout question de la responsabilité individuelle des consommateurs dans cette pollution. On parle beaucoup moins des industriels de la chimie qui produisent ce plastique et des liens étroits de ce secteur avec celui des hydrocarbures. En plus de ses autres impacts négatifs, l’essor du gaz de schiste américain, apportant aux géants de la chimie et de la pétrochimie une matière première abondante et bon marché, a entraîné une explosion de la production de plastique. Avec au premier rang des multinationales comme Total.

D’émissions télévisées en rapport scientifiques, plus personne ne peut ignorer l’envahissement du monde par les déchets plastiques. Il pourrait y avoir en 2050 plus de plastique que de poissons dans les mers, selon les termes retentissants d’un rapport paru en 2016.

Les reportages à répétition sur le « septième continent » de plastique étouffant les océans et la vie marine ont fini par inciter les politiques à prendre des mesures, encore bien timides, et qui ciblent quasi exclusivement l’utilisation du plastique par les consommateurs ou les commerçants.

Mais qu’en est-il de la production de ce plastique ?

Plus de 300 millions de tonnes de plastique sont produites dans le monde chaque année, et ce chiffre pourrait même augmenter de 40% dans les années à venir. Si l’on parle beaucoup actuellement de l’invasion des océans par les déchets, ce n’est pas seulement en raison de leur accumulation progressive, depuis quelques décennies, dans les milieux naturels et océaniques. C’est aussi que les volumes de plastique produits ont augmenté en flèche au niveau mondial depuis quinze ans.

La production de plastique est principalement le fait d’entreprises chimiques et pétrochimiques. Les françaises Arkema ou Solvay (ex Rhodia) sont par exemple impliquées dans la production de plastiques, de composants chimiques nécessaires à leur fabrication, ou encore d’additifs. Mais c’est surtout le cas de Total qui retient l’attention.

 

Ces derniers mois, le groupe français a annoncé plusieurs investissements importants, se chiffrant en centaines de millions d’euros dans des complexes pétrochimiques, en Arabie saoudite, en Algérie, en Corée et aux États-Unis. Le but de ces investissements est précisément de profiter du boom actuel du plastique.

Derrière le boom du gaz de schiste, pollution et déchets

 

La matière première pour produire du plastique, ce sont en effet les hydrocarbures. Ce qui explique que Total ait souhaité installer ses usines pétrochimiques à proximité de ses sources de pétrole et de gaz. Le cas du nouveau projet pétrochimique de Total à Port Arthur, près de Houston, illustre aussi les liens étroits entre l’explosion de la production mondiale de plastiques et l’essor du gaz de schiste [1].

 

L’augmentation de la production du gaz aux États-Unis a fait baisser les prix et suscité le développement de nouvelles installations pétrochimiques polluantes, en particulier sur la côte du Texas, pour profiter de cette matière première bon marché. La nécessité d’approvisionner ces usines explique aussi la multiplication des nouveaux projets de gazoducs, souvent chaudement contestés, aux États-Unis. En ce sens, l’envahissement actuel du monde par le plastique ne résulte pas tant d’une augmentation de la demande que d’une industrie pétrolière à la recherche de débouchés pour ses hydrocarbures.

 

En retour, le bas prix du plastique décourage la recherche de solutions alternatives moins nocives ou même la production de plastique recyclé. Et comme les géants du pétrole continuent à annoncer de nouveaux investissements dans des projets pétrochimiques toujours plus démesurés, la tendance ne semble pas près de s’inverser.

 

Voilà ce qui se cache derrière le « renouveau industriel » qu’aurait permis, selon certains patrons et lobbyistes français, l’essor du gaz de schiste aux États-Unis. On comprend donc que l’industrie chimique – à l’instar de Jean-Pierre Clamadieu, ancien directeur général de Solvay et désormais président d’Engie – ait été parmi les principaux soutiens du développement du gaz de schiste en France et en Europe. Avec peu de succès au final. La Grande-Bretagne est aujourd’hui le seul pays européen où l’exploitation du gaz de schiste soit encore à l’ordre du jour, en dépit d’une résistance obstinée des collectivités locales et des environnementalistes.

Sans surprise, on retrouve parmi les principaux acteurs des projets de schiste britanniques Total, mais aussi la multinationale chimique Ineos, propriété du milliardaire Jim Ratcliffe. Ce dernier – désormais la plus grosse fortune de Grande-Bretagne – a récemment fait la une de l’actualité pour s’être domicilié à Monaco après avoir pourtant financé la campagne pour le Brexit. L’une des raisons de cet engagement était d’ailleurs qu’il souhaitait se débarrasser des règles environnementales européennes faisant obstacle au développement des hydrocarbures non conventionnels. Ineos s’est positionnée comme l’un des premiers importateurs européens de gaz de schiste américain en Europe et, souhaitant développer des sources « locales », a acquis un grand nombre de concessions de gaz de schiste sur le territoire britannique.

Si les géants du pétrole voient leurs souhaits se réaliser, une partie importante de leur production - peut-être bientôt 25%, selon les estimations de l’Agence internationale de l’énergie - servira donc à produire du plastique, et à continuer à étouffer la planète sous les déchets. Peut-on dire qu’au moins ces hydrocarbures ne contribueront pas à augmenter nos émissions de gaz à effet de serre, puisqu’ils ne seront pas brûlés ? Rien n’est moins sûr. Les preuves s’accumulent pour suggérer qu’une partie importante des émissions de gaz à effet de serre liées à la production d’hydrocarbures intervient dès l’amont, au moment de l’extraction et du transport par gazoduc ou oléoduc. Un problème exacerbé dès lors qu’il s’agit de gaz de schiste, dont l’exploitation entraîne des émissions fugitives considérables de méthane.

[1Lire ici et  deux articles du quotidien britannique The Guardian sur ces liens.

Source : Multinationales.org

 

Algérie-Total investit €1,2 md avec Sonatrach dans la pétrochimie

Par Agence Reuters, 11 mai 2018

 

Total a annoncé vendredi un investissement de 1,4 milliard de dollars (1,2 milliard d’euros) avec l’algérien Sonatrach dans un projet pétrochimique à Arzew, en Algérie, afin de profiter de la hausse de la demande mondiale de plastiques.

Le groupe pétrolier français précise dans un communiqué que Sonatrach et Total, qui détiennent respectivement 51% et 49% du projet, lanceront les études d’ingénierie cet été, sous réserve de l’approbation des autorités algériennes compétentes.

Le projet comprend une usine de déshydrogénation de propane (PDH) et une unité de production de polypropylène (PP) d’une capacité de 550.000 tonnes par an.

L’idée est de valoriser le propane disponible localement en grande quantité en le transformant en polypropylène, un plastique dont la demande est en très forte croissance, précise Total.

La production sera destinée en priorité au marché domestique et méditerranéen, Total étant en charge de la commercialisation du reste de la production sur l’Europe.

Source : Reuters

 

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