"La vérité est un miroir tombé de la main de Dieu et qui s'est brisé. Chacun en ramasse un fragment et dit que toute la vérité s'y trouve" Djalāl ad-Dīn Rūmī (1207-1273)
9 Septembre 2018
Des dizaines de bennes tasseuses et autres camions de ramassage des ordures ont été stationnés au centre-ville de Constantine pour empêcher le rassemblement politique.
Zoubida Assoul a été arrêtée arbitrairement, tôt le matin devant son domicile pour décapiter, le temps nécessaire, le mouvement Mouwatana qui appelait à un rassemblement politique au centre ville de Constantine. Les médias proches de la police affirment qu'il s'agit d'une simple invitation à passer au commissariat pour lui signifier-gentiment- l'interdiction de manifester.
"Les militants du mouvement Mouwatana ont été empêchés, hier, par les forces de l'ordre d'organiser un rassemblement à Constantine" a constaté A. Zerzouri, le correspondant du Quotidien d'Oran qui ajoute : " Quelques-uns parmi les militants les plus en vue de ce mouvement, lancé au mois de juin dernier, dont la porte-parole du mouvement, Zoubida Assoul, ont été interpellés par la police, avant d'être relâchés, peu de temps après".
Dans le Soir d'Algérie, Ilhem Tir donne une vue d'ensemble de la stratégie répressive : "Alors que certains éléments du mouvement ont été interpellés tôt le matin à l’instar de Zoubida Assoul et le journaliste Saâd Bouokba puis relâchés après, d’autres sont restés coincés au niveau des différentes sûretés urbaines et ce, jusqu’au début de l’après-midi avant d’être escortés avec les principaux leaders du mouvement jusqu’à la sortie de la ville.
Plusieurs militants de droits de l’homme et sympathisants avec le mouvement ont été empêchés carrément d’atteindre le centre-ville grâce à un dispositif sécuritaire impressionnant qui quadrillait toutes les entrées de la ville avec la multiplication des barrages et la vérification des identités de l’ensemble des personnes".
La correspondante d'El Watan Naïma Djekhar a recueilli le témoignage de Mme Assoul :
«Ils m’ont arrêté à 8h. En sortant de la maison où j’étais, une douzaine de policiers étaient là à m’attendre et m’ont demandé de les accompagner au 5e arrondissement de la sûreté. J’ai refusé de les suivre, mais j’ai finalement été embarquée et relâchée au bout de deux heures», «On m’a demandé de renoncer à notre action citoyenne et de quitter la ville. Ils m’ont même proposé de m’escorter à la frontière de la wilaya, ce que j’ai fermement refusé».
"Mouwatana fait un flop à Constantine" titre l'Expression un quotidien proche du pouvoir qui conteste les propos de Zoubida Assoul lorsqu'elle affirme : «j'ai fait l'objet d'une arrestation arbitraire». Spécialiste depuis deux décennies des questions sécuritaires dans le journal, recueillant informations et chiffres auprès de ses sources à Alger, Ikram Ghioua donne à l'activiste politique une leçon de sémantique : " Avouant «qu'à aucun moment elle n'a été brutalisée», elle (Mme Assoul) ajoute «il m'a été signifié que cette marche n'a pas été autorisée et donc interdite». Tout en défendant les raisons de cette marche, les valeurs et les principes de la charte de son mouvement, elle souligne «j'ai fait l'objet d'une arrestation arbitraire», une déclaration par laquelle elle tient à faire valoir ses droits de citoyenne à s'exprimer. Le contexte contredit les dires de Zoubida Assoul qui se trouvait à l'hôtel et prête à sortir pour tenter la marche. Il s'agit juste d'une interpellation pour lui expliquer que sans autorisation de la wilaya la marche sera empêchée."