"La vérité est un miroir tombé de la main de Dieu et qui s'est brisé. Chacun en ramasse un fragment et dit que toute la vérité s'y trouve" Djalāl ad-Dīn Rūmī (1207-1273)
30 Octobre 2018
Des accords viennent d'être signés avec des multinationales pétrolières. La mise en oeuvre de la fracturation hydraulique pour extraire le gaz de schiste avait été engagée à la fin de 2014 à In Salah, puis stoppée un an plus tard. La montée des protestations populaires dans le sud conjuguée à la baisse de la rentabilité du projet provoquée par la dégringolade du prix du baril avait conduit le gouvernement à suspendre l' "aventure".
Au même moment, de l'autre côté de la Méditerranée, Patrick Pouyanné, le Pdg de Total déclarait : " Je ne compte pas, à 30 dollars du baril, allouer de l'argent sur un projet qui serait mal reçu par la collectivité nationale".
"La nouvelle aventure" du ministre Yousfi
Un an auparavant,, le ministre de l’énergie, Youcef Yousfi, était venu, le 27 décembre 2014, à In Salah pour saluer le succès du premier forage pilote de gaz de schiste dans le bassin de l’Ahnet. Le ministre prédisait le début « d’une nouvelle aventure pour l’Algérie."
Les travaux d’exploration avaient été lancés quatre mois auparavant par Sonatrach en association avec la multinationale française Total. Des études menées mettent déjà en avant un périmètre contenant du gaz de schiste s’étendant sur 100 000 kilomètres carrés dans le bassin de l’Ahnet.
Pendant ce temps les manifestations contre l’exploitation du gaz de schiste se poursuivent à In Salah. Lundi 4 janvier, plusieurs milliers de personnes se sont à nouveau rassemblées pour réclamer un moratoire sur ces hydrocarbures non conventionnels en attendant d’avoir des preuves sur leur absence de nocivité.
La fracturation hydraulique, qui est jusqu’à présent la seule technologie disponible pour les produire, fait l’objet d’importantes critiques pour son impact sur l’environnement et les quantités d’eau qu’elle exige. Pour la première fois des femmes ont rejoint les protestataires.
Le 11 janvier 2015 Saïd Sahnoun, le PDG de Sonatrach, confirme à la Radio Algérienne vouloir investir "70 milliards de dollars sur 20 ans pour produire 20 milliards de mètres cubes de gaz de schiste par an" en Algérie. M. Sahnoun estime que l'Algérie devrait forer "au moins 200 puits par an".
L’Algérie renonce temporairement au gaz de schiste
Par Sophie Chapelle 4 février 2016
La dégringolade des prix du pétrole est officiellement à l’origine de cette décision. La compagnie nationale pétrolière Sonatrach suspend son exploration de gaz de schiste près d’In Salah, dans le Sud de l’Algérie.
C’est précisément dans cette ville au cœur du Sahara qu’a débuté en janvier 2015 une mobilisation écologique et citoyenne inédite contre les risques de pollution des eaux et de l’air liés à l’usage de la fracturation hydraulique. Selon le quotidien El-Khabar, traduit par le Huffington Post, c’est le passage du prix du baril de pétrole en dessous des 30 dollars qui rend l’exploration non rentable. « Un seul forage revient à plus de 3 millions de dollars », indique le quotidien. « La suspension des travaux d’exploration du gaz restera en vigueur tant que le prix du pétrole ne remonte pas au moins au niveau des 80 dollars le baril ».
Mais les opposants algériens au gaz de schiste n’ont pas eu le temps de savourer cette première victoire. Dix-huit activistes viennent d’être convoqués par la police judiciaire d’In Salah, pour des faits qui se seraient produits pendant le mouvement de contestation, rapporte le journal algérien TSA. Les manifestants seraient mis en cause pour le vol de pièces détachées et d’équipements, précise le site du quotidien El Watan. Mohad Gasmi, l’un des piliers de la lutte, a ainsi été arrêté le 3 février, selon les informations recueillies par Basta ! (notre portrait de cet activiste).
Une mobilisation citoyenne visant à dénoncer ces « représailles » est en cours de préparation. « Nous nous attendions tous à des répressions, confie une militante d’In Salah. L’essentiel est que la lutte continue. Le bout du chemin est là. » Des militants du mouvement anti gaz de schiste d’In Salah planchent par ailleurs sur le projet de « Smart Sahara » visant à promouvoir l’écologie et les énergies renouvelables, dans une région où se conjuguent un puissant ensoleillement et une vaste nappe phréatique dont dépendent des milliers d’agriculteurs.
Source : Bastamag