"La vérité est un miroir tombé de la main de Dieu et qui s'est brisé. Chacun en ramasse un fragment et dit que toute la vérité s'y trouve" Djalāl ad-Dīn Rūmī (1207-1273)
29 Janvier 2019
"Candidat chargeant les formulaire. Des caméras de certaines chaînes de télévision privées sont mobilisées devant les services du ministère de l’Intérieur. Photo DR
"Depuis la convocation du corps électoral le 18 janvier dernier, des personnes, à l’allure parfois clownesque, se bousculent au portillon du ministère de l’Intérieur pour retirer les formulaires pour constituer leur dossier de candidature à la candidature' écrit Ali Boukhlef dans Liberté, où il enquête ce matin sous le titre Candidats loufoques : d’où sortent-ils? Extraits:
"Des caméras de certaines chaînes de télévision privées sont, comme par enchantement, mobilisées devant le bâtiment qui abrite les services du ministère de l’Intérieur.
À longueur de journée, ces objectifs rapportent des déclarations hallucinantes où le loufoque le dispute à l’insouciance. Les déclarations sont tellement insolentes que certains journalistes ne peuvent s’empêcher de se moquer vertement de leurs interlocuteurs.
Pour certains analystes et observateurs, ces mises en scène n’ont rien d’innocent.
La journaliste et directrice du journal El-Fadjr a été la première à noter qu’elle détient des informations selon lesquelles ce spectacle grandeur nature était “provoqué”. Le même constat semble être partagé par Abdelaziz Rahabi, ancien ministre de la Communication. “Le spectacle affligeant donné par les déclarations et la qualité de certains prétendants à la présidence de la République sont destinés à servir ceux qui veulent amener les Algériens à valoriser le Président sortant Abdelaziz Bouteflika, pour perpétuer le statu quo et bloquer toute perspective de régénérescence politique”, a-t-il écrit sur les réseaux sociaux. Pour l’ancien ambassadeur d’Algérie à Madrid, “cette opération dépouille l’élection présidentielle de son caractère respectable et solennel et réduit la plus haute représentation d'un peuple à un niveau indigne de notre pays et de ses habitants”.
Ce constat semble être partagé par Nacer Djabi. Selon le sociologue, contacté hier par téléphone, cette situation est provoquée par un “formalisme” conforté par un vide juridique qui donne le droit à tout citoyen de se porter candidat à l’élection présidentielle. Si l’universitaire ne va pas jusqu’à affirmer, comme Abdelaziz Rahabi, que cette situation est “voulue”, il estime néanmoins que ces images ont “pour première conséquence l’atteinte à la crédibilité de l’élection” présidentielle. Pour Nacer Djabi, ce sont plutôt les médias qui ont amplifié le phénomène.
Avec le risque que cette image déteigne sur le reste des opérations électorales. “Le risque est de banaliser les opérations électorales et pas seulement les présidentielles”, estime l’universitaire qui constate que certains “candidats” présentent des profils pour le moins “bizarres”. “Si cette tendance persiste, ce sont toutes les opérations électorales qui risquent d’être frappées de discrédit”, a-t-il précisé. Mais, “entre-temps, le mal est déjà fait” et les électeurs, qui d’habitude ne votent pas, vont encore fuir les bureaux de vote.
Plus que le risque de l’abstention, l’autre danger que peut provoquer une telle situation est l’usage que peut en tirer le pouvoir. “Ces mises en scène peuvent profiter au candidat du pouvoir. On va dire aux Algériens : ‘Si vous ne votez pas pour moi, voilà ce que vous risquez de choisir’”, explique le sociologue.
POST SCRIPTUM
Tliba contre Ghediri
Par Arris Touffan
le 29 janvier 2019
«Bien qu’il semble prétentieux, il demeure néanmoins une quantité négligeable, mathématiquement parlant.» Si dans un entretien à TSA, Baha Eddine Tliba a prononcé réellement cette phrase, dans ces termes-là, contre Ali Ghediri, alors c’est pour lui que je vote. Mathématiquement parlant, yaw !
Le Soir d'Algérie