"La vérité est un miroir tombé de la main de Dieu et qui s'est brisé. Chacun en ramasse un fragment et dit que toute la vérité s'y trouve" Djalāl ad-Dīn Rūmī (1207-1273)
7 Janvier 2019
Le 6 janvier à Constantine. Rassemblement des travailleurs de GTH devant le cabinet du wali . Photo DR
La GTH, entreprise publique de travaux hydrauliques, dispose d’un parc d’engins impressionnant, d'une bonne réputation et d'un millier de salariés au grand savoir faire. Pourtant depuis quelques temps, sa direction semble la couler quasi-systématiquement sans que le gouvernement ne lève le petit doigt. GTH touche le fond, malgré un cahier de charge bien rempli. La raison n’est autre qu’une "mauvaise gestion volontaire", selon les travailleurs. Un oligarque de la branche a-t-il des vues sur ce fleuron public juteux?
La GTR ne paie plus ses ouvriers depuis plusieurs mois prétextant des "problèmes de trésorerie". Hier matin, devant le cabinet du Wali de Constantine des dizaine de travailleurs de GTH Aïn Smara se sont rassemblés pour dire leur ras le bol et demander au gouvernement d'enquêter sur la dérive inadmissible de la société.
"Selon les informations fournies par les protestataires, précise Inès Boukhalfa la correspondante de Liberté cette situation ne concerne pas que les salaires non payés elle a affecté le versement des cotisations sociales des travailleurs, le versement des allocations familiales suspendues depuis quatre ans, notamment la réactivation de leurs cartes Chifa".
Le Savoir faire licencié
"Nous souffrons d’immenses problèmes dans cette entreprise, causés par l’administration et cela depuis un bon moment. La direction s’est acharnée contre les anciens travailleurs et a entamé dernièrement une grande campagne de licenciements abusifs et non justifiés des anciens. Il y avait des renvoyés qui ont 16 ans d’expérience, mais tous les contractuels ont été gardés», a expliqué Fayçal Benyahia, l’un des protestataires à El Watan. Yousra Salem la correspondante du journal met le doigt sur la question qui paraît essentielle aux protestataire :
"Les concernés ont révélé aux journalistes présents sur les lieux que l’enjeu primordial qui se cache derrière ce genre de décision est le sabotage de cette entreprise nationale créée en 1978, qui compte des centaines d’employés. Ce qui mènera à l’arrêt des projets financés par l’Etat".
Cette analyse des salariés est confirmée par l'ancien député Smain Kouadria, interrogé par Mustapha Bendjema pour Algérie-Part
"Selon lui l’affaire est plus dangereuse qu’un simple détournement de fonds. Il s’agirait d’une tentative de briser l’entreprise pour pouvoir la mettre aux enchères publiques ou l’acquérir au dinar symbolique.
La GTH dispose de tout le nécessaire pour avoir un bilan largement positif : un parc d’engins impressionnant, du foncier, une excellente réputation, un savoir-faire incontestable en matière de réalisation des travaux hydrauliques et une large clientèle. En somme, le rêve de toute entreprise. Les difficultés financières de l’entreprise sont dues uniquement à la mauvaise gestion dont avait été victime la GTH ces trois dernières années.
«L’entreprise cumule plus de 200 milliards de créances non-recouvertes que personne n’a tenté de récupérer. Le recouvrement de cette somme, ou d’une partie de celle-ci, permettrait à l’entreprise de sortir du rouge. Mais cela ne correspond peut-être pas à la volonté et aux intérêts personnels des gestionnaires », nous assura M. Kouadria.
Pour lui le scénario est prévisible. De nombreux cas similaires ont été enregistrés avec d’autres entreprises publiques florissantes qui avaient fait l’objet de convoitise de la part des prédateurs. «Briser l’entreprise ; pousser les travailleurs au départ volontaire ; déposer un bilan négatif; déclarer faillite et faire appel à un liquidateur qui s’occupera de brader la société à tel ou tel oligarque», nous détaille l’ex-député du PT.
« Mais la partie n’est pas encore gagnée pour ceux qui veulent brader les biens publics comme s’il s’agissait de leur héritage », prévient-il. C’est, sans doute, pour cette raison que le ministère doit dépêcher une commission d’enquête. «J’ai personnellement transmis le dossier au ministre des Ressources en eau. Ce dernier est en train d’étudier l’affaire. En attendant, les travailleurs de la GTH ne doivent pas baisser les bras. Ils doivent continuer à défendre l’entreprise qui les fait vivre et nourrit leurs familles », conclut le dirigeant politique du PT.
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