"La vérité est un miroir tombé de la main de Dieu et qui s'est brisé. Chacun en ramasse un fragment et dit que toute la vérité s'y trouve" Djalāl ad-Dīn Rūmī (1207-1273)
1 Février 2019
Le mécontentement avait été provoquée par deux accidents sur la RN3, lundi et mardi derniers à El Meghaier, qui ont coûté la vie à quatre jeunes de la localité. La mobilisation pacifique, avec participation massive des femmes, cantonnée d'abord à El Meghaier, s'est étendue à toute la zone d’Oued Righ, en réaction à la violente intervention des forces anti-émeutes, hier au petit matin.
La RN3 hyper mortelle doit être dédoublé réclamaient les habitants depuis de nombreuses années. Après quatre jours de manifestations têtues, le wali d'El Oued assure sur les réseaux sociaux que le " projet est inscrit et retenu" et fera le tour des bureaux des "ministères concernés". Autant dire que la tension tombée, ce "projet" risque comme d'habitude de s'enliser dans les marais du système.
El Meghaier : Affrontements, arrestations et des blessés
Par Houria Alioua, 1er février 2019
De violents affrontements entre population et forces de l’ordre ont éclaté hier dans la wilaya déléguée d’El Meghaier, située à 120 km au sud de Biskra, sur la route vers Touggourt. Cette nouvelle wilaya déléguée relève de la wilaya d’El Oued dont elle est distante de 165 km.
Confinée au cœur de l’oued Righ, entité sociale et géographique créée par des phoeniciculteurs, El Meghaier vient de vivre de violents affrontements faisant suite à une contestation pacifique au départ provoquée par deux accidents successifs de la route, lundi et mardi derniers, ayant coûté la vie à quatre jeunes de la localité, faisant également une dizaine de blessés.
La colère des riverains était telle que toutes les maisons se sont vidées de leurs habitants qui se sont rassemblés en force sur les deux rives de la route, exigeant la présence du ministre des Travaux publics et revendiquant la mise en œuvre immédiate du projet tant attendu du dédoublement de la voie.
Refusant tout dialogue avec les autorités locales qu’elles ont jugées incapables de prendre cette décision, les manifestants ont alors entamé le blocage de la route, lançant ainsi un cycle de sit-in ininterrompu jour et nuit. La population, qui a empêché la circulation sur ce tronçon, s’est par ailleurs occupée de la prise en charge des voyageurs pensant qu’un dénouement proche allait intervenir.
Ainsi, trois jours après le drame, réconfortés par l’annonce d’une solution pour hier jeudi après la médiation de la députée Kachi Saliha auprès du ministre des Travaux publics ainsi qu’une intervention du wali d’El Oued auprès du ministre de l’Intérieur, femmes et enfants ont regagné leurs domiciles laissant la rue aux hommes. C’est à partir d’hier à 3h du matin que les témoignages sur un bouleversement de la situation deviennent plus précis.
Renforts
D’importantes forces de l’ordre sont arrivées à ce moment de la nuit en renfort de Biskra, El Oued et Ouargla afin de contenir la situation de blocage de la Route nationale 3 jugée comme un trouble à l’ordre public par les autorités.
Les forces de l’ordre sont intervenues pour le lever le blocus et ouvrir par la force la RN3 à la circulation de cet axe névralgique faisant jonction entre l’Est et le Sud du pays dans ce qui est communément appelé la route du Tassili ou la route du pétrole commençant à Skikda pour s’arrêter à Djanet. Les affrontements se sont poursuivis pendant des heures et ont fait une trentaine de blessés ; de nombreuses arrestations ont été opérées, ce qui a fini par embraser le reste de la région, provoquant des heurts à Sidi Amrane et Still notamment.
Les affrontements se sont poursuivis tout au long de la journée, et une quinzaine de manifestants arrêtés le matin ont dû être relâchés l’après-midi contre la remise en liberté d’un policier retenu en otage par les jeunes émeutiers. Au moment où nous mettions sous presse, la tournée de Abdelkader Bensaïd, wali d’El Oued, qui effectuait sa première tournée après quatre jours de révolte dans la zone d’Oued Righ, avait été interrompue pour cause d’esprits trop échauffés et d’insécurité.
La réunion prévue à El Meghaier a été transférée à Djamaa et les personnes choisies pour y participer ne représentaient aucunement les manifestants, selon une source proche des organisateurs de la contestation. Le wali d’El Oued, qui avait dépêché des émissaires appelant au calme et au dialogue dès lundi suite au premier accident ayant coûté la vie à trois jeunes d’El Meghaier, avait essuyé une fin de non-recevoir sous prétexte que ni lui, encore moins le wali délégué d’El Meghaier n’avaient la prérogative de décider du sort du dédoublement de voie revendiqué depuis plusieurs années par les riverains de la RN3.
M. Bensaïd avait alors effectué une intervention sur Radio El Oued appelant à donner le temps au ministres de tutelle de prendre les mesures nécessaires à la mise en œuvre du projet de dédoublement de voie sur la RN3 dans son tronçon reliant le sud de la wilaya de Biskra au nord des wilayas d’El Oued et Ouargla.
Un projet inscrit et retenu selon le wali, qui a expliqué dans un communiqué largement repris sur les réseaux sociaux que d’importantes décisions allaient être prises par le ministre des Travaux publics en concertation avec celui des Finances pour le déblocage du budget alloué à ce projet. A préciser que la Rn3 est classée parmi le trio des axes les plus mortels du sud-est du pays.
La wilaya d’El Oued est rarement absente des bilans hebdomadaires de la gendarmerie nationale et de la Protection civile avec une moyenne de trois accidents par semaine, souvent mortels et causant de lourds dommages avec leur lot de victimes, de blessés et de véhicules altérés. D’ailleurs, le dernier bilan de la Protection civile pour la période du 20 au 26 janvier 2019 fait état de 22 accidents ayant causé 7 décès et 24 blessés dans la seule wilaya d’El Oued qui enregistre, selon le communiqué de la Protection civile, le plus lourd bilan au niveau national.
Source : El Watan