"La vérité est un miroir tombé de la main de Dieu et qui s'est brisé. Chacun en ramasse un fragment et dit que toute la vérité s'y trouve" Djalāl ad-Dīn Rūmī (1207-1273)
22 Mai 2019
En cette période d’un historique mouvement populaire, le site « Socialgérie » présente le document socio-économique ci-dessous à l’attention, aux échanges et aux débats.
"Ce n’est pas un projet de programme socio-économique, mais un ensemble de réflexions d’un citoyen et acteur -socioéconomique dont l’expérience de terrain et la formation théorique gagnent à être partagées et discutées pour le moment présent et l’avenir.
Le lecteur jugera de l’opportunité et de l’importance des thèmes qui y sont abordés. Il ne s’agit pas de considérations abstraites et doctrinales, mais de thèmes qui préoccupent toutes les opinions patriotiques qui poursuivent le combat de l’indépendance en cherchant à voir clair dans les péripéties et luttes qu’a vécues et vit l’Algérie.
Après le 22 février 2019, nos compatriotes hommes et femmes de tous âges, ont témoigné d‘un degré de maturation exceptionnelle qui a surpris le monde entier, pour ce qui concerne les prises de conscience dans des domaines politiques et idéologiques où les Algériens comme un grand nombre d’autres peuples ont été longtemps terriblement piégés
Ce niveau de conscience politique n’est pas encore suffisant, il est parfois dévoyé dans les domaines socio-économiques.
Non pas que les Algériens honnêtes ne soient pas massivement et intensément habités par les aspirations viscérales à la justice sociale et à une réappropriation totale par le peuple, équitable et contrôlée, de toutes les richesses naturelles et du travail humain sur le territoire national.
La nationalisation des hydrocarbures le 24 février 1971 a été un grand moment d‘émotion patriotique et la source principale de toutes les réalisations qui ont bénéficié de façon inégale certes, à toutes les couches sociales du pays. Ce n’est pas pour rien que les Algériens ont enduré deux années supplémentaires de souffrances de guerre de libération, pour arracher cette richesse aux griffes du colonialisme gaulliste.
Mais le droit à la jouissance démocratique et sociale des ressources nationales après l’indépendance est toujours plus difficile et plus complexe que de les soustraire au colonialisme traditionnel. De nombreux mécanismes, nationaux et internationaux, matériels et idéologiques, le plus souvent insidieux, trompent l’information et la vigilance patriotiques et pérennisent le pillage et l’exploitation.
Ce sont quelques-uns de ces mécanismes qu’expose ce texte de Socialgérie, comme l’ont fait et le feront de nombreux économistes sérieux et compétents, en complémentarité avec les militants syndicaux et politiques dans leurs efforts de mobilisation contre les menées antisociales de la haute finance mondialisée et ses valets parasitaires soi-disant nationaux.
Sadek Hadjerès, lundi 20 mai 2019
DE L’INSURRECTION PACIFIQUE CITOYENNE A LA RÉVOLUTION DÉMOCRATIQUE PATRIOTIQUE ET SOCIALE.
Par Hamid Bouzrar, 20 mai 2019
De millions de poitrines algériennes, une même clameur est montée : « A bas la corruption ! Voleurs dégagez ! ».
Cette indignation est mille fois légitime.
Elle dit la douleur d’un peuple spolié.
Elle dit l’humiliation de tout un Peuple d’être « invité » à voter pour un portrait présenté dans un cadre en bois, faisant de lui la risée du monde entier.
Elle dit les pleurs des proches de ceux morts dans les hôpitaux faute de médicaments.
Elle dit l’ingéniosité des mères contraintes à des efforts d’imagination quotidiens pour assurer la pitance de la famille.
Elle dit la honte des parents qui ne peuvent pas offrir les vêtements et les chaussures pour la rentrée scolaire ou pour l’Aïd.
Elle dit la détresse des jeunes chez lesquels ce Régime chantant par milliers dans les stades la Casa d’el Mouradia, dont le rêve ultime, après avoir expérimenté celui des paradis artificiels des « cachettes » et de la zatla » est de finir, au mieux parias en Europe, ou pire, de repas aux poissons en Méditerranée.
Elle dit la surpopulation des logements et la rage de constater que les logements dits sociaux, construits avec leur argent, attribués indûment aux copains et aux coquins leurs sont proposés en location à prix d’or. Elle dit les tracas quotidiens des transports et la longueur interminable des trajets domicile travail.
Elle dit les routes défoncées, les ordures non, ou mal, ramassées qui s’amoncellent et les villes congestionnées.
Elle dit les classes d’écoles publiques surchargées et sinistrées et celles, privées, dont le coût mensuel par élève est supérieur au SMIG.
Elle dit les lieux interdits de Club des Pins, Zéralda et d’ailleurs.
Elle dit les prises en charges à l’étranger pour soins pour la Nomenklatura pour des maladies graves comme pour les accouchements ou des « bobos » quand dans notre pays, même les cancéreux doivent faire face à des pénuries régulières de médicament ou d’insuffisance de matériel.
Elle dit l’ostentation des nouveaux riches dans les voitures rutilantes dont certaines valent 100 années de SMIG !
Elle dit les jets privés dont la valeur s’exprime en siècles de SMIG !
Elle dit les maisons démesurées édifiées ou accaparées à des prix symboliques qui valent elles des millénaires de SMIG.
Elle dit la centaine d’oligarques et la couche parasitaire créées de toutes pièces par le régime, à partir de rien, qui pèsent sur la vie et l’avenir des enfants d’Algérie !
Elle dit, elle dit……...
Comment contenir sa colère ? Comment ne pas hurler et avoir envie de tout casser ?
Longtemps, cela a été la réaction de nos compatriotes, en particulier des jeunes. Ces attitudes étant souvent accompagnées de comportements autodestructeurs, voire suicidaires. Mais la pulsion de vie de notre peuple est désormais la plus forte. Il l’a prouvé hier, notamment lors des 10 années de la guerre civile, il le démontre magistralement depuis le 22 Février.
Comment considérer le phénomène de la corruption et de la prévarication, quelles sont ses racines ?
Sa condamnation morale est évidente, mais suffit-elle ? Doit-on se limiter à la sphère de l’éthique ou faut-il aller chercher ce qu’il y a derrière le phénomène, ce qui le sous-tend, l’entretient et le développe sur une grande échelle ? La manière dont nous répondrons à ces questions conditionne les contours de l’Algérie de demain (...).
Texte intégral : Socialgerie.net