"La vérité est un miroir tombé de la main de Dieu et qui s'est brisé. Chacun en ramasse un fragment et dit que toute la vérité s'y trouve" Djalāl ad-Dīn Rūmī (1207-1273)
9 Juillet 2019
Au Maghreb, en 2017, le pourcentage du revenu du travail revenant aux 10% des salariés les mieux payés a été de 44,69% au Maroc, 38,8% en Algérie, 38,2% en Tunisie, 46,4% en Mauritanie et 33,9% en Libye.
A l'échelle mondiale, ces dix pour cent perçoivent 48,9 pour cent du total des rémunérations, tandis que les 50 pour cent de travailleurs les moins bien rémunérés n’en touchent que 6,4 pour cent, révèle une nouvelle série de données de l’OIT.
Qui plus est, les 20 pour cent de travailleurs qui ont les plus faibles revenus – environ 650 millions de travailleurs – gagnent moins d’un pour cent des revenus du travail à l’échelle mondiale, un chiffre quasiment inchangé en 13 ans.
Ces nouvelles données montrent que si les inégalités globales des revenus du travail à l’échelle mondiale ont reculé depuis 2004, ce n’est pas dû à une réduction des inégalités au sein des pays –au niveau national, où les inégalités salariales continuent même d’augmenter. Ce recul s’explique plutôt par la prospérité grandissante dans les vastes économies émergentes, à savoir la Chine et l’Inde. De manière générale, on constate que les inégalités de revenu demeurent généralisées dans le monde du travail.
Le rapport constate qu’à l’échelle mondiale la part du revenu national allouée aux travailleurs diminue, passant de 53,7 pour cent en 2004 à 51,4 pour cent en 2017.
“Les données montrent qu’en termes relatifs les augmentations des plus hauts revenus du travail s’accompagnent de pertes pour tous les autres, les travailleurs de la classe moyenne et ceux qui touchent les plus bas salaires voyant leur part de revenu reculer.» Steven Kapsos, chef de l’Unité de la production et de l’analyse des données de l’OIT
Les pays dans lesquels ces hauts salaires ont vu leur part dans les salaires nationaux augmenter d’au moins un point de pourcentage sont l’Allemagne, l’Indonésie, l’Italie, la Pakistan, le Royaume-Uni et les Etats-Unis.
Les données de l’OIT montrent aussi que la part du revenu du travail dans le PIB en Algérie est restée stable entre 2004 et 2016, tandis qu’en Tunisie, la variation de cette part dans le PIB tunisien s’est inscrit dans une tendance haussière, évoluant par +2,3%. A l’image du Maroc, la part du revenu du travail dans le PIB mauritanien a baissé de 0,3% alors qu’elle a augmenté de 0,3% pour la Libye.
Les pays pauvres ont tendance à afficher des niveaux d’inégalité de rémunération beaucoup plus élevés, ce qui exacerbe les difficultés des populations vulnérables. En Afrique subsaharienne, les 50 pour cent de travailleurs du bas de l’échelle gagnent seulement 3,3 pour cent des revenus du travail, alors que dans l’Union européenne le même groupe reçoit 22,9 pour cent du revenu total versé aux travailleurs.
Roger Gomis, économiste au Département de statistique de l’OIT, observe:
«La majorité des travailleurs dans le monde souffre d’une rémunération étonnamment basse et pour beaucoup d’entre eux avoir un emploi ne veut pas dire gagner suffisamment pour vivre. A l’échelle mondiale, le salaire moyen des travailleurs de la moitié inférieure de la distribution des revenus n’est que de 198 dollars par mois et les 10 pour cent les plus pauvres devraient travailler plus de trois siècles pour gagner la même chose que les 10 pour cent les plus riches en un an.»