"La vérité est un miroir tombé de la main de Dieu et qui s'est brisé. Chacun en ramasse un fragment et dit que toute la vérité s'y trouve" Djalāl ad-Dīn Rūmī (1207-1273)
15 Août 2019
« l’Algérie est à la croisée des chemins mais on ne sait pas exactement quel chemin elle empruntera entre évolution et révolution violente ». "Les manifestants du hirak frustrés continueront-ils à éviter une confrontation directe qui pourrait dégénérer en violence? ». Cette hypothèse de Robert Ford, publiée dans le quotidien «Asharq Al-Awsat » a un petit air de ressemblance avec les déclarations de juillet 2011, du même personnage, alors ambassadeur américain en Syrie. Il prédisait : "Si le pouvoir ne se bouge pas plus rapidement, il sera balayé par la rue, il doit engager une vraie transition et ne pas se contenter de paroles ou de promesses".
En rejoignant les manifestants sur le terrain, dans la ville de Hama, afin "d'établir le contact" avec l'opposition, l'ambassadeur-militant Robert Ford a sans doute joué un rôle décisif dans la fermeture du régime et la rupture générale qui a conduit à la militarisation de la révolte.
Le 8 juillet 2011 on pouvait lire dans le journal français Le Point : "L'ambassadeur américain à Damas a défié le régime syrien en se rendant vendredi à Hama, au cœur de la contestation contre Bachar al-Assad où depuis une semaine, des centaines de milliers d'opposants manifestaient. Dans la perspective de la présence de Robert Ford, les militants pro-démocratie avaient appelé à manifester ce vendredi sous le slogan "Non au dialogue" avec le régime de Bachar al-Assad. "Non au dialogue: quel dialogue alors que le sang a été versé ? Quel dialogue alors que les villes sont assiégées ? Le peuple veut la chute du régime", écrivent les militants anti-régime sur leur page Facebook intitulée "La Révolution syrienne 2011". "Hama, continuez de vous mobiliser, les lâches (ndlr, les autorités) n'oseront pas (tirer à balles réelles) en présence de l'ambassadeur américain dans la ville", ont ajouté les militants sur Facebook.
Robert Ford a exposé ensuite son analyse dans les colonnes de la revue Foreign Policy, : "Je n'ai pas encore vu sur le terrain le moindre signe concret montrant que le gouvernement syrien serait prêt à engager des réformes à la vitesse exigée par les manifestants", a-t-il observé. "S'il ne se bouge pas plus rapidement, il sera balayé par la rue", a prédit l'ambassadeur. Damas "doit engager une vraie transition et ne pas se contenter de paroles ou de promesses", a-t-il dit.
Le voyage de Hama a eu un impact considérable et a sans doute accéléré le raidissement du régime baasiste et la militarisation de la révolte populaire. Quatre semaine plus tard, le 31 juilllet quelque cent quarante morts sont dénombrés à Hama...