"La vérité est un miroir tombé de la main de Dieu et qui s'est brisé. Chacun en ramasse un fragment et dit que toute la vérité s'y trouve" Djalāl ad-Dīn Rūmī (1207-1273)
15 Décembre 2019
Ouamara Mohamed, âgé de 48 ans, marié et père de 4 enfants natif du Village Azouza, Chabet el Ameur dans la wilaya de Boumerdès, a rendu l’âme dans la nuit du 12 décembre.
"D’après les témoignages des membres de sa famille, la victime s’est rendu à la manifestation pacifique dans la ville des Issers le 12 décembre pour dénoncer la tenue des élections du jour même. Les force de l’ordre ont usé de bombes lacrymogènes pour disperser les manifestants venus marcher pacifiquement, ce qui a causé un malaise respiratoire à la victime. A peine rentré chez-lui, le malaise s’accentuait de plus en plus selon son frère. Il a été évacué vers une polyclinique à Timezrit dans la wilaya de Boumerdès où il a rendu l’âme." (Ouda Benslimane; Facebook).
Armes "non-létales"?
L’usage de ces gaz lacrymogènes a été interdit en temps de guerre par la Convention internationale sur les armes chimiques de Genève, en 1993. Quoique bannie des conflits militaires, cette arme reste curieusement autorisée contre les manifestants civils (L'Allemagne exceptée, depuis 2015).
Le marché de ces armes "non-létales" est estimé à plus de 1,6 milliard de dollars, avec un fort potentiel de croissance dans les années à venir. La France figure parmi les pays qui profitent fortement de ce marché" soulignait la revue Regards. où on peu lire : "Ainsi, dans le cadre des révolutions arabes, le gaz lacrymogène français a servi à mater la révolution de 2011 au Bahreïn et a causé la mort d’au moins trente-neuf personnes selon l’ONG Physicians for Human Rights.
Face à l’accusation de participer indirectement à des violations des droits humains, la France a officiellement arrêté de fournir des armes à la dictature au Bahreïn tout en se réservant des voies alternatives : soit en livrant à l’Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis, alliés du régime au Bahrein – un marché qui vaut plus de trois millions d’euros – soit en vendant directement à la dictature mais sous une licence d’exportation différente. De même, le gouvernement français a autorisé l’envoi de gaz lacrymogène au dictateur Ben Ali alors que le peuple tunisien avait déjà commencé le soulèvement de 2011."
Les gaz lacrymogènes : dangereux pour la santé, mais... silence d’État !
Sous ce titre, Nicolas de la Casinière a publié son enquête en mars 2018. Il écrit : " On pourrait penser que la composition des grenades lacrymogènes déversées abondamment sur les manifestants - mais aussi à usage privé, dans des cartouches de défense individuelle - est bien connue, étant donnés les enjeux de santé publique que pose leur emploi massif. Mais ces composés chimiques lacrymogènes et leurs effets sur la santé demeurent en France dans une opacité strictement gardée. Un tabou complet. Un non-dit officiel. Une zone inaccessible, soigneusement maintenue hors de toute transparence. Reporterre s’est confronté à cet écran de fumée officiel, sans ménager ses efforts, sollicitant ministères et cabinets, service de santé des Armées, fabricants, qui refusent toute réponse, et spécialistes qui ne disposent pas de données précises. Circulez, il n’y a rien à voir. Et pourtant…
Texte intégral de l'enquête : Reporterre.fr