Le 18 novembre 1803, à Saint-Domingue, les débris de l'armée française capitulent devant les anciens esclaves. La colonie française devient le premier État noir indépendant sous le nom de Haïti. C'est le résultat d'une guerre odieuse voulue par le Premier Consul de la République française, Napoléon Bonaparte.
Dix ans plus tôt, les députés de la Convention avaient voté l'abolition de l'esclavage et mis fin à la révolte des Noirs exploités dans les plantations de Saint-Domingue.
Le chef des révoltés, Toussaint Louverture, se rallie à la Convention, obtient le grade de général et libère l'île des Anglais. Mais Toussaint Louverture ne veut pas en rester là. Le 8 juillet 1801, il occupe la partie orientale de l'île. Il mène une politique indépendante et signe des contrats de commerce avec les États-Unis et la Grande-Bretagne.
Dès 1799 le Premier Consul Bonaparte caressait le désir de reconstituer un empire colonial aux Amériques «conformément aux lois et règlements antérieurs à 1789». Avec les encouragements des planteurs et de sa femme, Joséphine, native de la Martinique, il commence le 20 mai 1802 par légaliser l'esclavage puis, profitant du répit offert par la paix signée à Lunéville avec l'Autriche, décide de rétablir à Haïti la souveraineté française.
Le 14 décembre 1801, une flotte de 36 navires appareille de Brest. En février 1802, elle débarque une première armée de 23.000 hommes au Cap-Français, sous le commandement du général Charles Leclerc, mari de Pauline Bonaparte et beau-frère du Premier Consul. Par ailleurs, une expédition de onze navires quitte Brest et arrive à Pointe-à-Pitre le 2 mai 1802. Elle amène en Guadeloupe 3500 hommes.
L'île, petite, est rapidement soumise et les insurgés sont impitoyablement massacrés par les héritiers de la Révolution. Dans le même temps, l'esclavage est rétabli sur l'île conformément au décretpris par Bonaparte le 20 mai 1802 : les hommes de couleur perdent leur citoyenneté et les travailleurs des plantations leur droit à un salaire.
Le 7 juin 1802, Leclerc invite Toussaint Louverture à conférer avec lui à la plantation Georges. A peine le chef noir s'y présente-t-il qu'il est arrêté par traîtrise (il ne semble pas que des généraux français eussent utilisé ce procédé à l'encontre de leurs ennemis européens mais un Bonaparte ou un Leclerc ne voyaient pas d'inconvénient à y recourir contre un «nègre»).

DR-François Toussaint est né dans une plantation sucrière proche du Cap-Français, la grande ville du nord de la colonie. On croit savoir que c'est le fils d'un chef africain du Bénin qui a été déporté comme esclave.
François Toussaint Louverture et sa famille quittent les chaleurs tropicales (sur un navire dénommé le Héros !). A l'instant de monter sur le navire, le prisonnier prononce ces mots célèbres : «En me renversant, on n'a abattu à Saint-Domingue que le tronc de l'arbre de la liberté, mais il repoussera car ses racines sont profondes et nombreuses».
Par un raffinement de cruauté, ledit héros est enfermé sans jugement dans l'un des endroits les plus froids qui existent en France ! C'est le fort de Joux, dans le Jura. Il y meurt le 7 avril 1803 (ses cendres seront restituées à Haïti le 25 mars 1983).
Source Herodote.net