"La vérité est un miroir tombé de la main de Dieu et qui s'est brisé. Chacun en ramasse un fragment et dit que toute la vérité s'y trouve" Djalāl ad-Dīn Rūmī (1207-1273)
17 Avril 2013
Par Saoudi Abdelaziz
la photo, illustrant sur le site Maghreb Emergent, les réactions possibles des Algériens à la remise en cause du soutien du prix du pain, du lait, de l’eau et de l’électricité, montre au premier plan une rangée de policiers anti-émeutes boucliers déployés, et, au loin, les ombres indistinctes d’ une « populace émeutière ». Dans le titre choisi pour l’article de Abed Charef on lit : « Le gouvernement (…) craint la réaction de la rue ».
Digression1-La rue ? Cette suggestive mise en page amène à s’interroger, par politique fiction, sur la signification de la mise en place annoncée récemment d’une coordination police-gendarmerie, visant à accroitre l’efficacité de la répression des manifestations populaires. Le gouvernement s'attend-il à des émeutes du pain, ayant dajà opté pour l’épreuve de force. Le tandem Rebrab-Hamiani élève la voix pour exiger la suppression des subventions et leur remplacement par des « aides ciblées » pour les ménages, les sommes ainsi économisées servant à encourager le patronat (dixit la production nationale).
Mais si au lieu d’affronter les bataillons du général Hamel, les salariés jouaient à la grève générale géostationnaire? Car, sommes-nous vraiment toujours au temps stérile des révoltes sans lendemains ? En attendant, les brigades ne chôment pas. « Paradoxalement, écrit Malika Ben c’est au moment où des syndicats autonomes s’entretenaient avec le DG du BIT sur les violations flagrantes du droit syndical en Algérie, des travailleurs du secteur de l’éducation nationale affiliés au SNTE se faisaient justement violemment refouler des alentours de l’annexe du MEN au Ruisseau. Ceux qui ont eu moins de chance ont été carrément embarqués ».
Ils disent : Il faut en finir avec « le gouffre des subventions » qui sert à « acheter la paix sociale ». On pourrait faire observer à Rebrab, patron très chiche sur les salaires de ses ouvriers, que soutenir le prix du pain et du lait sert à lui assurer gratuitement la paix sociale, comme d’autres patrons utilisent les dispositifs du budget de l’Etat pour payer les salaires. Le patronat algérien est actuellement très mal placé pour donner des conseils sur l’utilisation des finances publiques. Il y a une quinzaine de jours, Safia Berkouk notait dans El Watan.com que le produit de l’impôt sur les salaires (IRG) est, en 2012, plus de deux fois supérieur à celui de l’impôt sur le bénéfice des sociétés (IBS).
Opportunité. En ces temps de corruption par millards et de gaspillages éhontés, la suppression des subventions directes sur les produits de première nécessité est-elle vraiment la mesure la plus opportune pour “économiser”, et remobiliser enfin les finances publiques pour le développement national. On observe en faveur de cette mesure le curieux activisme de personnages appartenant de longue date au “courant réformateur”, placé dans l’opposition depuis une vingtaine d’années, mais restant dans les alentours du système. Ce courant est-il en train de tester ses capacités de proposition dans les domaines socio-économique, pour revenir sur le devant de la scène. La fin des subventions “populistes” devrait-elle être le passages obligés du deal libéral qui se concocte peut-être entre groupes d’intérêts, dans la perspective de “l’après bouteflika”. Une alliance sur le dos de l’orphelin: ils risquent de se retrouver entre-eux.
Ghir hak (Les Débats)
Saoudi Abdelaziz, 17 avril 2013