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Le blog de algerie-infos

"La vérité est un miroir tombé de la main de Dieu et qui s'est brisé. Chacun en ramasse un fragment et dit que toute la vérité s'y trouve" Djalāl ad-Dīn Rūmī (1207-1273)

« Changer, oui, mais pour gagner, pas pour perdre »

C’est l’avis de Hocine Bellaloufi qui revient dans cette interview sur « la prudence du peuple algérien ».

 

 

«L'ultralibéralisme sape les bases de la cohésion nationale»

Par Z'hor Chérief, Les débats

Dans l'entretien qui suit, notre confrère Hocine Belalloufi, auteur de l'essai La démocratie en Algérie. Réforme ou révolution ?, (coédité par les Maisons d'édition APIC et Lazhari Labter, mai 2012), s'exprime sur le challenge démocratique. Une question d'actualité qui ne peut faire l'impasse sur la crise algérienne, encore moins sur les luttes des clans au sein du régime et sur les raisons du «réalisme politique» des Algériens.

Extraits

En évoquant le changement dans la région arabe, vous parlez de la «prudence» du peuple algérien. A quelle logique obéit cette démarche ?

La prudence du peuple algérien n'est pas univoque. Elle obéit certainement à plusieurs facteurs. Je ne crois pas qu'elle obéisse à la volonté de défendre le statu quo. Il n'y a qu'à observer l'ampleur des luttes sociales qui contraignent le gouvernement à céder sur nombre de revendications pour s'apercevoir que le peuple aspire au changement. Lorsque l'on voit que la majorité de la nouvelle APN a été élue par près de 2 millions d'électeurs (en acceptant les chiffres officiels), on se dit que le soutien au régime actuel n'est pas massif. Mais, le peuple sent en même temps que le changement auquel il aspire nécessite une alternative sérieuse, forte et crédible. Il a vu ce qu'a donné l'alternative du FIS. Il voit ce qu'a donné l'alternative à Kadhafi en Libye. Il perçoit ce que pourrait être l'alternative en Syrie, si les grandes puissances impérialistes, leurs alliés régionaux (Qatar, Arabie Saoudite, Turquie…) et leurs relais locaux prenaient le pouvoir. Il observe la situation au Mali.

Changer, oui, mais pour gagner, pas pour perdre. Je pense que le peuple algérien fait preuve de beaucoup de réalisme politique sans pour autant cesser de lutter pour le changement. Il revient aux forces politiques d'adapter leurs tactiques à cette réalité.

 

Les résultats des législatives du 10 mai renforcent-elles votre constat, à savoir qu'il ne faut pas confondre «vitesse et précipitation» ?

Vérités stratégiques et vérités tactiques peuvent coïncider comme elles peuvent s'opposer, du moins en apparence. On peut donc considérer qu'il faut un changement de régime, que l'actuel est incapable de se démocratiser – il vient d'en faire la magnifique démonstration – mais que les conditions, en particulier subjectives, ne sont pas encore réunies. C'est pourquoi, il convient, aujourd'hui, de privilégier les batailles concrètes sur le terrain des libertés démocratiques : droits d'organisation politique et syndical, de grève, de réunion, d'expression, loi électorale, contrôle des élections… Lutter contre la répression… C'est ce travail à la fois patient et en profondeur que réalisa le mouvement national dans l'entre-deux-guerres mondiales. L'accélération de l'histoire au sortir du second conflit mondial découla du terrible massacre colonial du 8 mai 1945 et de la montée impétueuse, à l'échelle internationale, du mouvement de libération nationale (Inde, Chine, Vietnam…).

Pour résumer, c'est l'arrivée à maturation des contradictions qui ouvre un champ de possibilités dans lequel les forces sociales et politiques doivent savoir s'engager. C'est là tout l'art de la politique.

 

Interview réalisée par Z'hor Chérief, Les Débats, quotidien  

Texte intégral. Lien : La Nation.info

 

 

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