"La vérité est un miroir tombé de la main de Dieu et qui s'est brisé. Chacun en ramasse un fragment et dit que toute la vérité s'y trouve" Djalāl ad-Dīn Rūmī (1207-1273)
28 Septembre 2011
par El-Guellil
Il
y a, comme dirait Otchimine, du triciti dans l'air, soit il faut sauter un fusible et faire semblant de vouloir régler les problèmes, soit tout va sauter.
Les enseignants du primaire ont fait grève, ils referont grève s'il le faut. Les universitaires eux aussi vont paralyser les campus. Que veulent-ils au fait ? Cette fois-ci, ils ne revendiquent
pas une augmentation des salaires. Non, ils demandent à ce que leur tutelle essaye pendant une année de vivre avec un salaire d'enseignant. C'est tout.
Les gens de la fonction publique, eux aussi, veulent des salaires plus décents. Les travailleurs veulent une revalorisation de leur force de travail. C'est de bonne guerre. Tout a augmenté. Et ce
n'est pas un refus catégorique de la houkouma qui va mettre de l'ordre. Le travailleur ya si raïs el houkouma, peut se serrer la ceinture si, en face, il voyait que l'argent du pétrole est
utilisé réellement pour la relance de l'économie et le redémarrage de la machine de production. Comment refuser une augmentation des salaires et jeter l'argent dans des domaines qui ne créent
aucune richesse. Les salariés vont sûrement faire grève. Ils ne pointeront plus. Même qu'ils fermeront les portes aux travailleurs. Il faut s'attendre donc à un bras de fer entre travailleurs et
salariés, arbitré par la tripartite et les échéances politiques à venir.
La rentrée sociale sera chaude. Et comme demain se fait aujourd'hui, c'est tout le monde qui se met de la partie. D'abord les gens de l'eau. Ces pauvres types qu'on affuble de tous les noms
d'oiseaux. On leur demande de distribuer équitablement 1000 litres d'eau, alors qu'ils ne disposent que de 500. Au fait, parmi les gens de l'eau, il y a des travailleurs et des
salariés
Viennent ensuite les gens de l'électricité. Ceux-là font ce qu'ils peuvent. Il suffit que ça chauffe, et voilà
que ça chauffe partout. Coupure générale. Les congélateurs ne fonctionnent plus. Les frigos
les dégâts. Les pompes, sans jus, ne servent plus d'essence. Et le patron de l'électricité qui dit tout haut «Au moment où vous vous étiez en face de vos télés,
le personnel sillonnait les routes pour dépanner».
Voilà qu'un salarié se met à parler à la place des travailleurs. Il serait bien de rappeler à ce «meussieu» qu'il est payé pour ça. Comme le policier est payé pour assurer la sécurité du citoyen.
Il ne manquerait
plus qu'un veilleur de nuit nous dise «n'oubliez pas que pendant que vous dormez, je travaille».
Il y a de l'électricité dans l'air, attention aux fusibles.
Le Quotidien d’Oran, 28 septembre 2011
Les syndicats autonomes exclus du dialogue social
«La tripartite n’a aucun crédit»
Par Fatima Arab
Le Pacte économique et social signé il y a quelques années n’a d’existence que sur papier. Le Cnapest et l’Unpef ont sorti les gros moyens : grève illimitée à partir du 10 octobre.
La tripartite se tiendra demain sans les syndicats autonomes. Le choix délibéré du gouvernement à convoquer l’UGTA et plusieurs organisations patronales comme vis-à-vis pour ces pourparlers suscite l’indignation des membres des syndicats autonomes de l’éducation, qui ne cachent pas leur colère. «Le gouvernement s’est discrédité par lui-même, en négociant avec un syndicat qui n’est plus présent sur le terrain depuis des années», lâche Nouar Larbi, porte-parole du Conseil national autonome des professeurs du secondaire et du technique (Cnapest). Quelle valeur prend aujourd’hui la participation de l’UGTA au nom de tous les travailleurs de la Fonction publique ?
Le Pacte économique et social, signé il y a quelques années n’a d’existence que sur papier, pour le Cnapest. «Il est ridicule de penser que la tripartite va se solder par des décisions importantes. La plus importante des décisions des tripartites précédentes est sans doute la signature d’un Pacte économique et social, mais jamais on n’a vu autant de conflits, de grèves et d’actions de protestation que depuis cet accord. Cela veut tout simplement dire que le pacte n’a pas été concluant, car le document n’a pas été signé avec les représentants des travailleurs que sont les syndicats autonomes», soutient M. Larbi.
Scepticisme
Le Cnapest s’interroge également sur le deux poids, deux mesures concernant la reconnaissance de ses partenaires du patronat. «Quand il s’agit de la Fonction publique, le
gouvernement résume son vis-à-vis à un seul syndicat, mais pour le patronat, le même gouvernement n’a pas hésité à inviter 10 organisations patronales. Nous sommes sûrs que cette rencontre
n’apportera rien de nouveau, c’est l’échec garanti puisque la politique sociale ne s’est pas faite avec les vrais représentants des travailleurs.»
En guise de riposte à cette «politique d’exclusion», le Cnapest a sorti les gros moyens : grève illimitée à partir du 10 octobre prochain. «Quelle valeur a donc cette rencontre puisqu’elle
ne semble même pas préoccupée par la montée au créneau de plusieurs syndicats autonomes ?», s’interroge notre interlocuteur.
Même impression à l’Union nationale des personnels de l’éducation et de la formation (Unpef), qui a appelé aussi à une grève illimitée à partir du 10 octobre prochain. L’Unpef dénonce «l’exclusion pure et simple de la réunion tripartite». Cette rencontre «est hors champ», concernant les préoccupations des travailleurs. «L’UGTA a toujours été à côté de la plaque concernant les négociations autour du régime indemnitaire et le statut particulier des travailleurs du secteur». L’Unpef est encore plus pessimiste concernant les négociations qui auront lieu demain autour de la retraite.
«Boîte d’enregistrement»
«Nous luttons depuis quelques années pour une retraite à 100% après 25 ans de service. Le gouvernement veut une retraite à un âge plus avancé, il est à
craindre que l’UGTA accepte cette proposition, une concession parmi tant d’autres qu’elle a déjà faite», soutient M. Amraoui, membre du conseil national de l’Unpef.
«Nous refusons de reconnaître que l’UGTA est le représentant des travailleurs du secteur de l’éducation. Le terrain a prouvé que l’UGTA est en retard d’une guerre de la lutte syndicale. La
tripartite reste une boîte d’enregistrement», pour le Syndicat national autonome des professeurs du secondaire et du technique (Snapest). Selon son porte-parole, M. Meriane, «l’échec de
cette réunion est criard».
En plus de l’exclusion des représentants légitimes des travailleurs du secteur, le gouvernement compte sur la tripartite pour faire passer ses mesures que l’UGTA va approuver.
Ce syndicat a décidé de rallier le front des grévistes : «Le conseil national a opté pour une grève à la deuxième quinzaine d’octobre.»
Les travailleurs du secteur de l’éducation n’attendent pas grand-chose de la tripartite.
El Watan, 28 septembre 2011
Réagissant aux déclarations du ministère de la sante
Le SNPSP persiste et signe
Le Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP) a vivement réagi aux récentes déclarations du ministre de la Santé à propos du contenu de la conférence de presse animée par le syndicat.
«Les propositions d'ordre politique, imputés au SNPSP, ont été rendues publiques et remises officiellement au chef de l'Etat dans le cadre de la commission de consultations sur les réformes politiques», note le SNPSP dans un communiqué, transmis hier à notre rédaction.
En soulignant que «le SNPSP est une organisation syndicale autonome de toute tutelle syndicale, politique, administrative, financière, depuis sa reconnaissance officiellement par les pouvoirs publics», le syndicat rappelle les principales revendications socioprofessionnelles en attente de satisfaction depuis novembre 2009,
à savoir l'amendement du statut particulier de la corporation et l'application des textes du même statut permettant des promotions à ce personnel en passant au 2e grade au bout de 10 années d'exercice ainsi que l'ouverture de postes pour le grade de praticien en chef. «Cette plateforme de revendications vous a été transmise,
Monsieur le ministre, le 28 juin 2010, et une commission mixte a été installée à cet effet par arrêté ministériel qui a ratifié un accord négocié entre le ministère et le syndicat le 16 mars 2011. Un accord qui a entériné des négociations dont l'aboutissement n'arrive pas à prendre forme depuis», rappelle le syndicat dans le texte.
Le SNPSP maintient ses déclarations en affirmant que «les dernières demandes d'audience, adressées aux mois de juin et juillet 2011, sont restées sans suite aucune et appréhende avec beaucoup de crainte de voir la nouvelle démarche proposée par le ministère de la Santé en remettant notre plate-forme de revendications au nouveau comité ad-hoc qui serait installé le 6 novembre prochain, conclure à un remaniement pure et simple des engagements déjà pris envers les praticiens».
Enfin, le syndicat rappelle son droit à participer en tant que partenaire social représentatif et concerné par la politique nationale de la santé, à toute démarche entreprise par le ministère de tutelle dans le cadre des réformes engagées dans notre pays mais, également, partie prenante dans la situation de crise permanente dans laquelle se débat la condition d'exercice du praticien et la prise en charge du citoyen», conclut le SNPSP.
Le ministère s'était, rappelle-t-on, dit à l'issue de la conférence de presse du SNPSP s'inscrire «en faux contre les affirmations mensongères dénuées de tout fondement et procédant d'une mauvaise foi manifeste».
N. B. Le Temps d’Algérie, 28 septembre 2011
Quand l'UGTA fait dans l'indépendance de pensée
par Kharroubi Habib
Sous
la houlette de Sidi Saïd, la centrale syndicale UGTA s'est totalement démonétisée auprès du monde du travail pour avoir cautionné les politiques économique et sociale dont les salariés ont été
les grands sacrifiés. Les autorités ont beau mettre en valeur et faire mousser le rôle et la contribution «positifs» de cette centrale dans le «dialogue social» ayant pour cadre la fameuse et
controversée tripartite et lui attribuer l'initiative des quelques mesures sociales qui sont, de temps à autre, octroyées dans ce cadre aux salariés, cela n'empêche pas que ses rangs ont été
irrémédiablement clairsemés au profit des syndicats autonomes qui ont fait florès à son détriment dans tous les secteurs d'activité. Cette tendance ne fait que s'accentuer même si, depuis
quelques mois, elle s'est mise à prôner un discours économique et social que ne reniera pas le Parti des travailleurs de Louiza Hanoun. L'on aura d'ailleurs remarqué qu'une apparente connivence
semble caractériser les rapports de la secrétaire générale du PT et du patron de la vieille centrale. Tout comme le PT l'a fait, alors seul sur cette ligne, l'UGTA s'est mise elle aussi à
demander le retour en force de l'Etat dans le secteur économique par la réhabilitation d'entreprises publiques dont les disparitions, pour cause d'inévitable privatisation, n'avaient guère motivé
sa combativité.
Personne n'est dupe de ce retour dans le discours de la vieille centrale à l'invocation de la nécessité d'en finir avec les politiques économique et sociale ultralibérales qui ont conduit le pays
au mur. Car tout le monde sait que même en l'occurrence l'UGTA ne fait qu'accompagner les tâtonnements du pouvoir visant à se doter d'un semblant de stratégie économique de substitution à celle
qu'il a mise en œuvre, avec le résultat que l'on sait, quand il prétendait mordicus que la libéralisation économique à marche forcée était la panacée absolue à l'impasse dans ce domaine dans
laquelle le pays s'était retrouvé. Tant que le gouvernement démantelait à tour de bras le secteur économique public et décrétait des mesures et dispositions attentatoires aux capacités des
appareils de production nationaux, Sidi Saïd et son organisation se sont tus, sauf pour expliquer au monde du travail que pour aussi douloureuse qu'elle soit, la démarche du pouvoir et des
autorités leur était dictée par d'incontournables nécessites imposées par le contexte économique mondial.
Il a suffi que ce même pouvoir se mette à claironner le credo du «patriotisme économique» pour que la centrale s'engage dans la surenchère avec le Parti des travailleurs sur ce qu'il faut mettre
en place pour matérialiser ce concept. Autant le Parti des travailleurs, avec lequel la centrale semble vouloir esquisser une alliance, n'a pas varié dans sa vision économique et ses
revendications et s'attire à ce titre sympathie et respect dans le monde du travail, autant la énième contorsion doctrinale de cette centrale lui vaut indifférence et détachement méprisant de
ceux qu'elle croit circonvenus par elle. De cette organisation syndicale, il n'y a rien à attendre pour les salariés. Car au-delà de son discours officiel invoquant à satiété son engagement à
défendre leurs intérêts et revendications, elle a depuis longtemps et définitivement choisi le camp de ceux qui bradent ces intérêts et ignorent ces revendications. Son encadrement a trop de
«cadavres dans le placard» pour chercher, s'il le voulait, à s'émanciper du pouvoir.
Le Quotidien d’Oran. 28 septembre 2011