"La vérité est un miroir tombé de la main de Dieu et qui s'est brisé. Chacun en ramasse un fragment et dit que toute la vérité s'y trouve" Djalāl ad-Dīn Rūmī (1207-1273)
25 Septembre 2012
« La vérité finit toujours par triompher »
Par
L'Expression: Un groupe de travail sur les disparitions forcées est attendu prochainement en Algérie. Ne pensez-vous pas que déterrer cette question en ce moment précis va
soulever des interrogations?
Ferhati Hacène:un adage dit que «quelle que soit la vitesse d'un mensonge, un jour la vérité le rattrapera». Cela sous-entend, donc, que la visite du groupe onusien de travail sur les
disparitions forcées, attendu prochainement en Algérie, vient rappeler que la nature a horreur du vide. Car, les autorités algériennes auraient pu, ou peuvent encore, régler cette question sans
que d'autres parties externes ne s'en mêlent. Pourtant, nous avons tout le temps sollicité nos hauts responsables pour qu'ils nous fournissent des informations et nous faire connaître la vérité
sur le sort de nos enfants. Aucune oreille attentive ne nous a été prêtée, et ce en dépit des actions et appels adressés aux pouvoirs publics. Donc, la visite du groupe onusien vient d'abord
combler le vide laissé volontairement et manifestement par les autorités quant à la question des disparus. Mais, cette visite vient rappeler brutalement que nul n'échappe à la justice et que la
vérité finit toujours par éclater un jour. Cela, d'une part, et, de l'autre, il faut noter que nul ne peut fuir la justice. On peut tourner la page pour un temps mais pas tout le temps. Donc,
l'exigence de vérité et justice à propos des disparus est l'un des piliers pour que la réconciliation nationale soit juste et que l'on puisse tourner l'une des pages douloureuses de l'histoire du
peuple algérien. Et puis, il est impossible de tourner cette page où sont inscrits des centaines de milliers de morts, disparus, torturés, seulement par décision politique unilatérale qui méprise
le droit et se moque de la vérité et de la justice.
Ne pensez-vous pas que la question des disparus peut être exploitée à des fins inavouées par d'autres parties?
La visite du groupe de travail onusien et les interrogations suscitées demeurent de pures spéculations infondées. Car, d'abord si ce groupe vient, c'est suite à l'accord donné par les autorités. Et je pense que l'Algérie a posé des conditions de travail à ce groupe. Des conditions qui seront suivies et respectées. Aussi, il s'agit d'un groupe indépendant qui n'œuvre pas sous l'ordre d'une quelconque organisation aux intérêts douteux. Et puis, les autorités peuvent régler la question des disparus, à condition qu'elles nous disent la vérité sur nos enfants, morts ou vivants, pour pouvoir faire notre deuil. Nous, nous n'allons pas polémiquer. Nous avons affiché et crié haut et fort notre douleur et nos revendications. Cela est connu de tout le monde. Nous n'avons rien à cacher et nous allons emprunter toutes les pistes susceptibles de nous apporter des réponses aux questions soulevées par les familles de disparus. Nous refusons de faire marche arrière ou plier. Il s'agit après tout d'un devoir national qui doit impliquer toutes les forces vives du pays pour mettre un terme à cette triste page de notre histoire. Ce n'est pas par esprit de vengeance ou de chantage que nous revendiquons la vérité et la justice, c'est uniquement par devoir, mais c'est aussi un droit. Nous refusons que notre cause soit instrumentalisée.