"La vérité est un miroir tombé de la main de Dieu et qui s'est brisé. Chacun en ramasse un fragment et dit que toute la vérité s'y trouve" Djalāl ad-Dīn Rūmī (1207-1273)
7 Janvier 2012
Dépêche de l’agence gouvernementale APS
« L’Etat algérien empêchera la disparition d’El Hadjar » (Ouyahia)
ALGER - Le secrétaire général du Rassemblement national démocratique (RND), M. Ahmed Ouyahia a affirmé samedi à Alger que l’Etat algérien va intervenir pour empêcher une éventuelle fermeture du complexe El Hadjar, refusant de céder aux pressions exercées par le partenaire indien Arcelor Mittal.
"Je peux dire et je le dis avec force l’Etat algérien n’assistera pas (sans réagir) à la disparition d’El Hadjar", a déclaré M. Ouyahia lors d’une conférence de presse, qui a sanctionné les travaux du conseil national du parti.
M. Ouyahia a expliqué que le dépôt du bilan, brandi comme une menace par Arcelor Mittal, pour obtenir un crédit bancaire sans garanties, ne vas pas infléchir la position des autorités algériennes sur ce dossier.
"Si ça continue comme ça je dépose mon bilan. Retiens moi sinon je tombe !", a ironisé en arabe M. Ouyahia sur les menaces d’Arcelor Mittal de fermer l’usine s’il ne décrochait pas ce prêt bancaire avec ses propres conditions.
Il a précisé en effet, qu’Arcelor Mittal, en difficultés financières, avait sollicité la Banque extérieure d’Algérie (BEA) pour un prêt de 14 milliards de DA. Une partie de ce prêt, soit 5 milliards de DA, représente un crédit nouveau d’exploitation qui a fait l’objet de la signature d’une convention, à la suite de laquelle une somme de 1,5 milliard de DA a été débloquée.
Mais la BEA a demandé des garanties pour les 9 milliards de DA, représentant le rachat de la dette du partenaire indien auprès de la Société Générale Algérie, qu’Arcelor Mitttal a refusé de fournir, toujours selon les précisions du chef du RND. "Pourquoi on donne des garanties à Société Générale et non pas à la BEA.
Pourquoi je donnerai un crédit sans garanties à un étranger pour la simple raison qu’il me menace avec les six milles travailleurs algériens", a-t-il dit.
Plus encore, Arcelor Mittal n’a jamais été client de la BEA à laquelle il a préféré Société générale, au temps de son aisance financière, pour contracter des crédits et transférer ses dividendes, a signalé à ce propos M. Ouyahia, indiquant toutefois qu’Arcelor Mittal "était libre" de choisir la banque avec laquelle il entend travailler.
M. Ouyahia a saisi cette occasion pour adresser un message aux travailleurs du complexe d’El Hadjar en leur apportant des assurances que l’Etat algérien ne va pas les abandonner même si le partenaire indien décide de se retirer.
"Je dis aux Algériens qui travaillent à El Hadjar, ne soyez pas une arme entre les mains de ceux qui gagnent. Ils sont chez nous et c’est nous qui leur avons accordé un partenariat de 70% dans le complexe", a-t- il ajouté.
"Que nos travailleurs algériens chez Mittal ne disent pas aussi que l’Etat algérien les a abandonnés, (l’Etat) est un partenaire social au conseil d’administration, qu’ils posent la question à leurs représentants (au conseil d’administration), ils leur diront la réalité", a-t-il insisté.
"Pour la préservation de votre gagne pain et de l’économie nationale dites leurs que le pays qui vous a accueilli vous a donné du crédit quant vous l’avez réclamé, vous avez voulu avoir des garanties pour votre prochain plan d’investissement, il vous a répondu que vous les aurez", a-t-il signifié à l’adresse des travailleurs de ce complexe qui compte environ 7.000 personnes.
Pour autant, il a appelé le partenaire indien à poursuivre son activité en Algérie. "Que nos amis de Mittal ne disent pas que les autorités algériennes leur ont tourné le dos", a-t-il signifié à l’adresse des responsable d’Arcelor Mittal.
M. Ouyahia a fait aussi savoir que la partie algérienne a refusé, il y a six ans, la proposition du patron d’Arcelor Mittal de reprendre les 30% des actions revenant à l’Etat algérien à travers Sider. Jusqu’ici Arcelor Mittal n’a pas encore mis la main à la poche pour participer à l’augmentation du capital du complexe à 150 millions de dollars.
La partie algérienne, quant à elle a déjà versé sa part de cette augmentation, selon M. Ouyahia. Arcelor Mittal détient 70% du capital du complexe sidérurgique et le groupe public algérien Sider les 30% restant. Le complexe, propriété de l’Etat algérien avait été racheté à 70% en 2001 par l’indien Ispat, du géant mondial de l’acier Mittal.
Le gouvernement algérien avait donné en septembre 2011 son feu vert à la reconduction du contrat de partenariat le liant à Arcelor Mittal. Cette décision devrait permettre la mise en oeuvre d’un programme d’investissements de 500 millions d’euros entre 2011 et 2015.
APS, 7 janvier 2012
Cette prise de position du premier ministre exprime-t-elle une volonté sincère de sauvegarder et de développer la sidérurgie algérienne en faisant jouer à l’Etat son rôle de protection de la production nationale ? Ou bien est-ce le chef de parti qui parle et s’agit-il d’une gesticulation pré-électorale avant de céder au dictat de la puissante multinationale qui veut puiser dans les réserves de devise algériennes de quoi redéployer à nos frais ses ambitions mondiales. Un rappel de l’évolution de l’affaire Arcelor Mittal vue par notre blog.
13 septembre 2011
El Hadjar : Racheter les parts de M. Mittal et gérer nous même le complexe
« Les incertitudes sur les perspectives économiques se sont accrues au cours des dernières semaines », déclarait, le 3 novembre, Lakshmi Mittal, le patron du premier groupe sidérurgique mondial. « Nous sommes ainsi confrontés à des pressions s'exerçant à la fois sur les volumes et sur les prix. (Figaro du 4/11/2011)
On le sait : la baisse de la demande d’acier est sensible en Europe.
Mais en Algérie ? La demande s’est au contraire accrue et aura tendance à croitre avec la relance industrielle en cours.
Au moment où se négocie la nouvelle convention entre le géant Arcellor-Mittal et l’Etat algérien, la multinationale pèse de tout son poids pour faire participer l’Algérie au programme d’allègement de sa dette, conçu par son état-major international.
Que demande la multinationale ? Le refinancement de ses activités à Annaba par la Banque extérieur d’Algérie à hauteur de 500 millions d’euros ; la récupération de 45 millions de dollars de TVA, le maintien des avantages fiscaux et l’obtention d’une dérogation à l’export concernant le métal perdu.
Le syndicat semble sensible au forcing de la direction du complexe et à son chantage à l’emploi, cette direction s’inscrivant dans l’émulation qui anime l’encadrement de la multinationale pour faire des économies dans les différents pays.
Ces cadeaux financiers serviront sans doute à participer à la collecte des 5 milliards de dollars dont M. Mittal à besoin pour racheter ce qu’il convoite fortement aujourd'hui : l'Australien Macarthur Coal, premier producteur mondial de charbon pulvérisé.
L’Etat algérien contrôle 30 % du capital du complexe de Annaba un des fleurons de l’élan industriel algérien après l’indépendance interrompu par le bradage engagé dans les années 80.
L’Algérie dispose d’une riche expérience dans la sidérurgie, elle possède des mines, notre demande intérieure va croitre dans les années à venir si le cap de la relance industrielle est confirmé. Pourquoi ne pas utiliser notre argent pour donner à M. Mittal le cash dont il a besoin, racheter les parts de la multinationale et gérer nous-mêmes El Hadjar?
29 décembre 2011
Il faut sauver la production algérienne d’acier !
«Il serait plus juste d’avoir une vision plutôt économique et sociale dans l’octroi des marchés, que celle prévalant actuellement, à savoir une vision purement comptable traduite par le recours systématique et exclusif à des appels d’offres internationaux qui devrait être revue».
Sidi Saïd, responsable de la centrale UGTA, faisant fuiter une lettre au ministre de l’Energie, soutient enfin publiquement les métallos de Annaba qui se battent contre le risque de disparition imminente d’Ampta, l’entreprise de tuberie sans soudure de Annaba dont les carnets de commandes ont été vidés par Sonatrach qui préfère s’approvisionner en pipe et tube turc ou chinois.
L’application des circulaires officielles visant à réduire les importations au profit de la production nationale resteront lettre morte tant que le gouvernement dans son ensemble ne prend pas à bras le corps cette question vitale, comme le fait le gouvernement Brésilien actuellement.
Les mesures concernent à la fois la révision de la politique d’approvisionnement de Sonatrach et Sonelgaz et le redressement, voire la reprise en main publique, d’Arcelor-Mittal dont l’Etat est déjà actionnaire et dont la direction générale adopte aujourd’hui le profil bas du chantage en attendant des financements de l’Etat pour réaliser ses programmes de production !
29 décembre 2011, Synthèse blog