"La vérité est un miroir tombé de la main de Dieu et qui s'est brisé. Chacun en ramasse un fragment et dit que toute la vérité s'y trouve" Djalāl ad-Dīn Rūmī (1207-1273)
13 Mars 2013
Par Maurice Lemoine, 12 mars 2013
En dépit des discours sur l’unité de l’Amérique latine, le chavisme a nui à l’intégration régionale », affirme Paulo A. Paranagua dans « Le Monde » du 7 mars. Une assertion à comparer aux témoignages et réactions des différentes figures politiques latino-américaines suite à la mort du commandante Hugo Chávez, le 5 mars dernier…
Antigua-et-Barbuda (membre de l’Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique ; ALBA)
« La contribution de
Chávez au développement d’Antigua-et-Barbuda et des Caraïbes en général ne sera jamais oubliée. Les Caraïbes ont une dette de gratitude envers le Venezuela pour avoir partagé avec elles un fils
de la terre, dont l’imposante présence physique n’avait d’égale que l’intelligence exceptionnelle et la compassion. »
Winston Baldwin, premier ministre.
Argentine
« C’est le meilleur ami
qu’a eu l’Argentine lorsque personne ne nous tendait la main. (...) Les hommes comme Chávez ne meurent jamais. Il vit et il vivra dans chaque vénézuélien et vénézuélienne qui ont cessé d’être
invisibles et sont devenus protagonistes [de leur histoire]. Cet homme leur a ouvert l’esprit. Personne ne pourra le leur refermer, jamais. Avant de repartir [en Argentine], je me
suis approchée et, sans le regarder, j’ai touché le drapeau posé sur le cercueil. (...) Ne vous l’ai-je pas dit : Chávez est vivant. Pour toujours. »
Cristina Fernández de Kirchner, présidente.
Bolivie
« Nous sommes blessés
par le décès du frère, du compagnon Hugo Chávez, mon frère solidaire, mon compagnon révolutionnaire, latino-américain qui a lutté pour la “grande patrie” comme le fit Simón Bolívar en donnant sa
vie pour la libération du peuple vénézuélien. Je regrette de dire que les oligarchies impériales sont sûrement en train de faire la fête, que les médias et l’opposition à Chávez ont démontré leur
inhumanité, leur incapacité de respecter un patient et un peuple qui souffrent. Mais, tant pis, le plus important est que nous luttons pour cette libération pour laquelle a lutté Chávez. Et les
peuples qui luttent pour leur liberté sont aujourd’hui unis : c’est le plus important. Chávez demeurera présent dans toutes les régions du monde, parmi tous les mouvements sociaux, pour
accompagner ces grands processus de changement, de construction de l’égalité, après tant d’années de soumission et de pillage. »
Evo Morales, président.
Brésil
« Le gouvernement
brésilien n’était pas toujours entièrement d’accord avec le président Chávez (...) mais [celui-ci] laissera un vide dans le cœur de l’histoire et dans les luttes de l’Amérique latine. Je
le regrette en tant que présidente et en tant que personne qui avait une grande tendresse pour lui. »
Dilma Rousseff, présidente.
« C’est avec beaucoup
de tristesse que j’ai reçu la nouvelle du décès du président Hugo Chávez. Je suis fier de l’avoir côtoyé et d’avoir travaillé avec lui pour l’intégration de l’Amérique latine et pour un monde
plus juste. Compañero Chávez : si tu n’existais pas, tu devrais naître à nouveau parce que le monde a besoin de dirigeants comme toi ! »
Luiz Inácio Lula da Silva, ex-président.
Chili
« J’ai eu l’honneur de
travailler avec le président Chávez à la création de la première communauté qui regroupe tous les Etats d’Amérique latine et des Caraïbes [la Celac] et à travers laquelle il a montré un
véritable engagement en faveur de l’intégration latino-américaine. »
Sebastián Piñera, président.
Colombie
« L’obsession qui nous
unissait, et qui a été la base de notre relation, était la paix de la Colombie et de la région. Si nous avons avancé dans un processus solide de paix, avec des progrès clairs et concrets, des
avancées comme jamais il n’y en avait eu avec la guérilla des FARC [Forces armées révolutionnaires de Colombie], c’est aussi grâce au dévouement et à l’engagement sans limites du président
Chávez et du gouvernement vénézuélien. (...) Il disait que c’est ce que voulait Bolivar, et il avait raison. »
Juan Manuel Santos, président.
Costa Rica
« Je ne suis pas venue
[aux funérailles] pour donner mon avis sur l’organisation de la succession au président Chávez. Notre présence est une marque de solidarité, de tendresse et d’estime pour le peuple
vénézuélien en ce moment de douleur. »
Laura Chinchilla, présidente.
Cuba
« Le président Chávez
est parti invaincu, est parti invincible, est parti victorieux et cela, personne ne pourra le lui enlever, c’est gravé dans l’histoire, dans l’histoire de son pays, de notre pays, des Caraïbes,
de toute l’Amérique latine et de bien d’autres parties du monde. »
Raúl Castro, président.
La Dominique (membre de l’ALBA)
« Je décrète le deuil
national à la Dominique. Avec Chávez, nous avons perdu un grand collègue, un père, un frère et un ami. »
Roosevelt Skerrit, premier ministre.
Equateur
« Hugo Chávez est mort pour la vie de son Venezuela adoré, de l’Amérique latine, d’une planète plus humaine et, pour cette raison, on ne peut dire qu’il est mort, il demeure plus vivant que jamais.
Le fait qu’un
visionnaire aussi solidaire puisse être transformé en criminel donne une idée de la dictature médiatique en Occident. Nous, nous devons continuer à lutter pour cette Amérique latine en pleine
libération. L’histoire donnera sa vraie place, sa vraie dimension à Hugo Chávez. »
Rafael Correa, président.
Guatemala
« Nous, les
latino-américains, nous devons reconnaître que le président Chávez n’a pas été un chef d’Etat quelconque ; il a réussi à fonder l’ALBA, il a impulsé [l’accord pétrolier solidaire]
Petrocaribe, la Communauté des Etats latino-américains et des Caraïbes [Celac] et il a représenté le socialisme du XXIe siècle (...) Il a toujours été disposé à aider le Guatemala. »
Otto Pérez Molina, président.
Haïti
« Le Président Chávez
était un grand ami d’Haïti. Plus qu’un ami, il était un frère pour nous. C’est avec beaucoup de respect que je m’incline devant la dépouille mortelle de ce grand homme. Il n’a jamais raté une
occasion d’exprimer sa solidarité en faveur du peuple haïtien, dans ses situations les plus délicates. A travers le programme Petrocaribe, divers chantiers de développement durable ont démarré,
des centaines de projets sont en cours d’exécution grâce à la coopération vénézuélienne. »
Michel Martelly, président.
Honduras
« Le président Chávez a
été un leader extraordinaire, qui a lutté pour l’union des peuples latino-américains (...) Avec sa mort, l’Amérique latine perd un bon exemple et un homme qui a lutté pour l’inclusion sociale ;
jamais le peuple vénézuélien n’en avait connu une comme celle dont il jouit aujourd’hui et ceci est un processus irréversible. »
Porfirio Lobo, président.
« Sa mort ne doit pas
être vue comme un échec, mais comme une source d’inspiration pour tous les latino-américains qui luttent pour les principes et les valeurs éternelles (...) Chávez a été comme un frère qui a tendu
la main au Honduras, entre autres à travers l’ALBA, en matière d’aliments, de réforme agraire, d’énergie grâce à Petrocaribe, et de solidarité. Bien peu de fois, dans l’histoire de ce pays,
a-t-on vu quelqu’un d’aussi désintéressé et généreux que le leader vénézuélien. »
Manuel Zelaya, président renversé par un coup d’Etat le 28 juin 2009.
Mexique
« Devant la perte
sensible d’un de ses chefs d’Etat, nous sommes venus, au nom du peuple du Mexique, exprimer nos condoléances ainsi que notre affection et notre solidarité au peuple vénézuélien. »
Enrique Peña Nieto, président.
Nicaragua
« Nous nous sentons
plus engagés que jamais, nous sommes une seule famille, la famille vénézuélienne, la famille nicaraguayenne, la famille latino-américaine, la famille de la planète terre, nous sommes une seule
famille, et le comandante Chávez a inspiré cette famille en direction de la solidarité, en direction de l’amour, en direction de la paix et, à partir d’aujourd’hui, il nous accompagnera
dans ces luttes que nous allons continuer à mener. »
Daniel Ortega, président.
Panamá
« Il ne me reste qu’à
présenter mes sincères condoléances à la famille d’Hugo Chávez. »
Ricardo Martinelli, président.
Paraguay
« Hugo Chávez
appartient au patrimoine de l’Amérique latine et de la Caraïbe. Malgré son absence, la révolution bolivarienne est entre de bonnes mains, car elle est entre les mains du peuple vénézuélien qui,
aujourd’hui, garantit les changements dans cette patrie. »
Fernando Lugo, président renversé par un coup d’Etat le 22 juin 2012.
Pérou
« Parler du président
Chávez, c’est parler du futur, parce qu’il poursuivait le rêve de l’unité latino-américaine. Il a laissé un esprit libertaire aux prochaines générations. »
Ollanta Humala, président.
République dominicaine
« S’il fallait
rebaptiser Hugo Chávez avec un nouveau nom, celui-ci serait Solidarité. »
Danilo Medina, président.
Saint-Vincent-et-les-Grenadines (membre de l’ALBA)
« C’est le Titan de
l’Amérique latine et de la Caraïbe, un phare, une lumière brillante qui nous a illuminé dans notre recherche de la justice, de la paix, de la démocratie et de l’élévation de l’humanité,
spécialement celle des pauvres, des défavorisés et des marginalisés. Sans lui, il n’y aurait pas eu Petrocaribe, ni l’ALBA, ni la Celac, ni, dans tous les domaines, les programmes bilatéraux.
»
Ralph Gonsalves, premier ministre.
Salvador
« La mort de celui qui
a été l’un des leaders latino-américains les plus forts et les plus populaires produira sans doute un vide politique, mais, surtout, dans le cœur des Vénézuéliens et des Vénézuéliennes. »
Mauricio Funes, président.
« Chávez est dans le
cœur des peuples de son pays, de l’Amérique latine et de la Caraïbe. Le Venezuela a aujourd’hui une grande responsabilité, car il est le phare qui illumine l’Amérique latine et le monde. Il n’y a
pas de marche arrière pour le Venezuela ; la voie à suivre est d’approfondir les grandes transformations révolutionnaires engagées par Chávez. »
Salvador Sánchez, vice-président.
Uruguay
« On regrette toujours la mort, mais quand il s’agit d’un militant de première ligne, de quelqu’un que j’ai un jour défini comme “le gouvernant le plus généreux que j’aie jamais connu”, la douleur a une autre dimension. »
« Ce qui restera vivant
est la cause de Chávez. L’essentiel. Une œuvre d’intégration. Et nous allons continuer à suivre ce chemin, avec ses contradictions, ses marches et ses contre-marches. Mais il n’y aura aucune
personnalité, à court terme, pour jouer le rôle symbolique [de Chávez] parce que, lorsque tombe un très grand arbre, il laisse un vide gigantesque. Il y a des hommes qui symbolisent des
causes. Pour l’heure, la cause demeure et nous avons perdu le symbole (...) Mais le capital accumulé, débordant de richesse, permettra de dépasser ce moment. »
José Mujica, président.
Venezuela
Depuis son décès le 5 mars jusqu’au jour de ses obsèques, le 8, des centaines de milliers de Vénézuéliens, tristes, affectés, voire désespérés, mais vêtus de rouge et entonnant souvent des chants révolutionnaires, ont défilé dans Caracas et devant sa dépouille pour rendre hommage au comandante. « Pour me recueillir vingt secondes devant son cercueil, témoigne Mme Nelly Rivas, depuis Caracas, j’ai fait neuf heures de queue. D’autres ont attendu deux jours. Ce matin, mes frères y sont allés et ont dû rebrousser chemin : tout était paralysé par des files d’attentes interminables de gens qui, avec toute la patience du monde, étaient disposés à attendre le temps qu’il faudrait pour lui faire leurs ultimes adieux.»(correspondance personnelle)
A Paris, le 8 mars, jour des obsèques, interrogé dans les studios de BFM TV par le présentateur du journal qu’étonnaient ces files pouvant atteindre trois kilomètres, pour un caudillo attaqué sans répit par tous les médias, le journaliste « spécialiste du Venezuela » François-Xavier Freland fit une réponse qui restera dans les annales : « Oh, vous savez, dans cette foule, il y a beaucoup de curieux... »
Maurice Lemoine, 12 mars 2013. Les blogs du Monde diplomatique