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Le blog de algerie-infos

"La vérité est un miroir tombé de la main de Dieu et qui s'est brisé. Chacun en ramasse un fragment et dit que toute la vérité s'y trouve" Djalāl ad-Dīn Rūmī (1207-1273)

L'Etat et ses auxiliaires doivent aussi respecter les "textes".

Par Saoudi Abdelaziz, 20 octobre 2011

Le 3 octobre dernier, les cheminots avaient observé une grève d’avertissement. La direction avait reconnu la légitimité de leur revendication qu’elle s’était engagée à négocier. Puis elle a oublié cet engagement. La grève des cheminots a donc repris à partir du dépôt d’Alger puis s’est étendue à tout le pays. La fédération UGTA soutient dorénavant  plus activement et plus ouvertement le mouvement.

 Nous reprenons notre liberté ont décidé les cheminots, car il n’est plus possible de faire confiance à la parole de la direction. Celle-ci vient de faire appel aux tribunaux pour faire cesser la grève. Aujourd’hui, seuls les « administrés » sont tenus de respecter les « textes ». Pas l’Etat, ni ses institutions ni les directions des entreprises publiques. Cette contradiction est constante depuis l’indépendance, mais aujourd’hui l’évolution de la société algérienne fait qu’elle est devenue insupportable.

 L’Etat et ses auxiliaires doivent obéir à des règles. C’est ce qu’ont dit hier les insolents étudiants de Bejaïa qui refusent leur « déplacement » forcé à Sétif, concocté par les plans étranges ourdis à la va vite par le ministère. Ils  veulent étudier les sciences économiques dans l’université de leur ville qui est équipée pour cela.

 Cette exigence d’un l’Etat de droit et celle de pouvoirs publics respectant les citoyens, nourrira sans doute les initiatives populaires à venir et déterminera le jugement des Algériens à l’égard des forces politiques en présence. Après avoir avalé tant de couleuvres, les Algériens ont accumulé un solide savoir politique. Le peuple s’est instruit et un peuple instruit est difficilement gouvernable a dit un philosophe. Et devient par conséquent naturellement insolent.

La semaine écoulée semble confirmer l’essor de la combattivité des salariés dans plusieurs secteurs.

La grève des cheminots a pris le relais de celle des enseignants, qui ont suspendu leur mouvement après de premiers succès et l’engagement de l’administration, auprès des syndicats, à examiner les autres revendications.

Les 360 ouvriers de la laiterie de Draa-Ben Khedda en grève contre le désinvestissement qui a suivi la privatisation, viennent de recevoir le soutien de la fédération FFS de Tizi-Ouzou, après celle du Parti des Travailleurs.

On note cette semaine un autre phénomène intéressant : la poursuite de l’émergence de la solidarité entre les corporations. Cette nouvelle qualité du mouvement revendicatif et syndical a été symbolisée cet été par le soutien décisif du syndicat des sidérurgistes d’El Hadjar aux ouvriers du bâtiment de Gesi-bat Annaba, en grève mais dépourvus de syndicat. Ces derniers jours, dans un contexte de pression de la base syndicale sur l'appareil UGTA, on note le rôle plus actif de certaines unions locales de l’UGTA, dans ce rôle solidaire qui est au cœur du syndicalisme. Comme celles de Rouiba et d’Alger-centre qui favorisent le soutien aux grévistes de l’hôtel Aurassi  par les syndicats du port d’Alger, des cheminots, des banques, du CVI de Rouiba.

De l’autre côté du miroir, cette semaine est marquée dans l’establishment politico-médiatique par une forte poussée de fièvre. « La guerre de succession a commencé », « c’est un climat et une situation de fin de règne » annoncent le chœur des éditorialistes et des politologues attitrés. Le sujet de ces émotions fortes : les querelles à l’APN, « la crise » à la direction du FLN. Comme un spectacle de la commedia dell’arte, le timing des emballements médiatiques est ponctué par les occultations et les résurrections périodiques de Bouteflika.

L’accès de fièvre dans le sérail va-il se prolonger, après la réapparition de Bouteflika sorti de sa khalwa en chair et en os ? Avant hier, les spectateurs ont été invités à constater que le rusé chef de l’Etat avait bon pied bon œil, recevant mardi un ambassadeur, le lendemain le chef de la diplomatie britannique et admirant entre temps la maquette d’une mosquée à un milliard d’euros.

 

 

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