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Le blog de algerie-infos

"La vérité est un miroir tombé de la main de Dieu et qui s'est brisé. Chacun en ramasse un fragment et dit que toute la vérité s'y trouve" Djalāl ad-Dīn Rūmī (1207-1273)

Misr Filature et Tissage

  On connaît le rôle du Mouvement du 6 avril animé par les jeunes Egyptiens dans la révolution populaire qui a conduit à la chute de Moubarak. Ce Mouvement tire son nom d’un appel à la grève lancé le 6 avril 2008 par les ouvriers de la plus grande usine du pays, la société Misr Filature et Tissage, située à Mahallah Al-Koubra, dans le centre du delta du Nil. A l’époque, les jeunes Cairotes avaient rencontré les ouvriers et décidé de créer sur Face book le Mouvement des jeunes du 6 avril, qui s’éloignera ensuite de la question sociale pour se concentrer sur la question démocratique.

Raphaël Kempf évoque ces  faits dans son article « Les racines ouvrière du soulèvement égyptien » (le Monde Diplomatique de mars 2011). Que se passera t-il à Misr Filature et Tissage, après la chute du raïs ? EXTRAITS

(…) Le 16 février dernier, malgré le communiqué du Conseil suprême des forces armées diffusé à la télévision et relayé sur les téléphones mobiles, appelant à l’arrêt des mouvements sociaux, l’usine Misr Filature et Tissage a cessé le travail. Les ouvriers ont planté des tentes dans l’usine -comme sur la place Tahrir au Caire- et ont dormi là. Ils ont placardé leurs revendications sur les murs. Première d’entre elles : la démission de Fouad Abdel Halim Hassan, le président de la société, accusé de corruption. Les autres concernent l’augmentation des salaires et des primes, l’octroi de logements aux ouvriers, ainsi que l’amélioration des conditions de travail. Les ouvriers ressentent fortement l’inégalité qui règne au sein de la société. Ils se plaignent par exemple de l’attribution de logements presque gratuits aux membres de la hiérarchie, alors qu’eux-mêmes doivent louer des appartements en centre ville aux prix du marché.

Un militaire démet un patron au nom des travailleurs

Amal, 28 ans dont treize à l’usine, gagne au total 300 livres égyptiennes par mois. Elle aimerait avoir un logement pris en charge par la société et se plaint, comme tous les autres ouvriers, d’être payée au « millim ». Soit un dixième du piastre, monnaie utilisée à l’époque du roi Farouk, dans les années 1950. Le bulletin de salaire d’un autre ouvrier indique ainsi qu’il gagne, pour quinze jours de travail, 280 000 millim, soit 290 livres. M.Mohamed El-Metwally Igazy, 39 ans dont quinze à l’usine, gagne, lui, un peu moins du double à 1200 livres par mois, « ainsi que l’a décidé la Haute Cour constitutionnelle ».

            Il s’agit en fait de la Cour du contentieux administratif, juridiction dépendant du Conseil d’Etat, qui, par un arrêt du 30 mars 20010, a obligé l’Etat à fixer un salaire minimum à un niveau permettant de mener une vie digne. Cet arrêt avait alors fait naître ce que les journaux ont appelé « la bataille des salaires ». Il n’a pas été appliqué par le gouvernement ; les 1200 livres mensuelles restent donc un objectif pour les luttes sociales.

Cette revendication des ouvriers de Mehalla n’a pas été satisfaite. Le 19 février, après quelques jours de grève, une négociation a lieu entre la direction de la société, le gouverneur militaire et une délégation de travailleurs. C’est le militaire qui fait la première annonce, très applaudie : le président de la société est démis et remplacé par un ingénieur bien connu et apprécié, M. Ahmed Maher. Les jours de grève sont payés et une augmentation de salaire est à l’étude (…).

Daily News Egypt informait le 22 mars dernier : « Samir Radwan, ministre des Finances, va conduire une étude associant le secteur privé, les chambres de commerce, les représentants de la société civile et les syndicats de travailleurs afin de créer un plan d’action qui permettra, selon les termes du ministre, "de s’attaquer à la question du salaire minimum", sujet important du programme gouvernemental. Il sera fait appel aux conseils d’agences internationales telles que l’Organisation internationale du Travail qui, sur des projets similaires, a déjà apporté son soutien aux pays européens de l’Est et à l’Afrique du Sud ». Les bonnes études prennent du temps.

 

 

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