"La vérité est un miroir tombé de la main de Dieu et qui s'est brisé. Chacun en ramasse un fragment et dit que toute la vérité s'y trouve" Djalāl ad-Dīn Rūmī (1207-1273)
10 Août 2012
Cela fait des années, sinon des décennies que, personnellement, je plaide avec incessante instance pour une dé-mondialisation radicale, ce qui se retrouve synthétisé dans deux de mes derniers livres : La stratégie de l’autruche ; post-mondialisation, management et rationalité économique (Montréal, Écosociété, 2003). Livre qui, soit dit en passant, a reçu, au Québec – Canada (!) un prix assez prestigieux : celui de «meilleur livre d’affaires – économie-gestion-» pour 2003 ; et Halte au gâchis, en finir avec l’économie-management à l’américaine (Montréal, Liber, 2008). Il aurait fallu, en fait, dé-mondialiser, c’est-à-dire en finir avec la folle et criminelles conception néolibérale de l’économie mondiale depuis bien longtemps !
J’en suis (et pas seul, voir les écrits récents de Nobels comme Stiglitz, Krugman, Sen…) à me demander s’il n’est pas déjà trop tard, tant les dégâts causés par cette conception-idéologie sont énormes, et selon toute vraisemblance irréversibles, ce qu’a montré, entre autres, la crise de 2008. Dé-mondialiser, cela veut dire, en particulier, sinon en premier, rétablir (établir dans bien des cas) l’Institution «État» (et non «gouvernants-comités de gestion des classe dominantes») en tant qu’institution suprême veillant exclusivement et radicalement à l’intérêt général des peuples, et aussi (re) donner à l’État tout le pouvoir (entre autres : contrôle des biens communs, des richesses stratégiques, levée impitoyable des impôts dus par tous, entreprises privées comprises…) dont il doit être pourvu pour remplir ses trois missions fondamentales : 1- assurer une vie digne à tous ses citoyens, 2- veiller au respect de l’intégrité du territoire et de la nature et 3- être le gardien de la souveraineté de la nation. Or, tous ces soi-disant «États» que le néolibéralisme a réduit à «larbins du business mondialisé» ne sont plus que «organisateurs des espaces nationaux en espaces les plus facilement exploitables possible pour les multinationales et les ‘‘faiseurs d’argent’’ locaux. »
Il n’est qu’à voir ce qui se passe dans n’importe quel coin d’Afrique ou
presque, au Moyen-Orient, en maintes parties d’Amérique latine ou d’Océanie… pour se rendre compte qu’il y a dans les faits quasiment une 3èmeguerre mondiale par pays non développés,
clans, tribus… interposés ! Ce système capitaliste financier néolibéral dominant a besoin d’entretenir continuellement des foyers de guerre, qui de fait, sont à l’échelle de la majeure partie de
la planète. Cela permet d’alimenter le bien lucratif «marché» des armes – ce dont profitent en premier les USA ! Et d’affaiblir un par un les pays «en émergence» indésirables – et riches en
hydrocarbures en plus : ce qui est arrivé à l’Iraq, à la Libye, ce qui se passe en Syrie, sans doute bientôt en Iran... Algérie (qui sait ?), etc., … Mais il faut garder en vue que,
protectionnismes, politiques néo- keynésiennes ou pas, il est une priorité de «consensus objectif» que partagent les pays dominants, des USA jusqu’à Moscou, c’est le contrôle des immenses
réserves d’hydrocarbures que recèlent les terres, notamment, de pays arabo-musulmans : depuis l’Algérie jusqu’au Pakistan (le fameux «Grand Moyen-Orient» de la doctrine Bush II). Le «jeu» auquel
se livrent les «gros» membres du Conseil de Sécurité de l’ONU (USA… contre Russie et Chine) montre bien à quel point le «partage» de nos régions pétrolifères est prioritaire et important : Russie
et Chine ne cèderont sur la Syrie (en attendant que la question se pose pour l’Iran) que lorsqu’ils obtiendront des garanties de parts du gâteau libyen, irakien… On le voit bien : cette
3ème guerre est déjà sous nos yeux, mais par d’autres pays que les «puissances».
Je suis de ceux qui pensent que nous sommes encore très loin d’une autre guerre «mondiale» qui se ferait entre grands joueurs économiques ou géants comme les USA, la Chine, l’Inde, l’Europe, le
Japon… Il y a bien plus intérêt à se partager (comme au temps des colonisations, mais d’une autre façon) les richesses que recèle l’immensité des pays du Tiers-monde. Ceci étant dit, des
«guéguerres» économiques et financières (voir les assauts contre l’Euro et les menaces contre le Yuan, les incessantes disputes Europe-USA à propos des subventions à l’agriculture..) ne sont
sûrement pas à écarter, ainsi que les conséquences fâcheuses indirectes sur nos pays, semblables aux effets indirects de la crise de 2008 : spéculations massives sur les produits de bases,
hausses des prix de ces mêmes produits (du blé en passant par l’huile jusqu’au maïs…), baisses des exportations, aggravation des termes de l’échange, chômage, inflation...
Aujourd’hui, après cette crise «mondiale» de 2008, et le fait que nul ne sait
plus quoi faire pour en sortir, sinon, sans cesse réalimenter le triangle infernal : offre de crédit – endettement – consommation, qui, lui réalimente les sources de renouvellement du même genre
de crise ; après le vaste mouvement dit des «indignés» ; et vu la conscience de plus en plus évidente de plus en plus de monde, de ce que ce «système» ne fonctionne plus du tout comme ses tenants
le prétendent…, je pense que, à tout le moins, une certaine ouverture d’esprit envers des «modèles» alternatifs se fait clairement jour. Je le constate moi-même, très systématiquement, presque de
mois en mois, à travers les réactions à mes conférences et séminaires autour du monde, et, notamment et fortement en Amérique du sud. Il y existe des gouvernements ostensiblement attelés à
changer de «paradigme économique», comme le Brésil, le Venezuela, la Bolivie (qui applique la taxe Tobin), l’Argentine et l’Équateur. Ce dernier pays a décrété que les gisements de pétrole
découverts en zones d’importance écologique, de réserves indigènes… «Resteront sous terre pour l’éternité». Et son gouvernement m’a invité en mai dernier pour participer à des travaux et congrès
où étaient présents d’autres pays du continent pour tenter de penser une «autre politique économique» que celle (néolibérale) qui domine actuellement. Sous, notamment, le leadership du Venezuela
et de l’Équateur, on entre en zones d’échanges directs sans passer par les monnaies dites «internationales» (ce qui consiste à revenir à la lettre et à l’esprit de feu le mouvement des non
alignés), on fait du troc, on songe à une monnaie commune déjà dénommée le «Sucre» pour faciliter les échanges entre pays membres du Pacte Andin, du Mercosur, de l’ALBA…
Aussi, l’exemple des pays du BRIC (Brésil, Russie, Chine, Inde), Chine en tête, on déjà fait de l’économie qui bat en brèche, par pans successifs, le modèle néolibéral : la pauvreté y est partie
intégrante des études économiques et des mesures prioritaires, l’État Social (et non «Providence») y refait son apparition… de la planification (à l’instar de plans quinquennaux chinois) du dit
«marché», de la décentralisation, des interventions étatiques-publiques et de la société civile dans les affaires économiques (exemple la quasi autogestion des quartiers de la ville de Porto
Alegre au sud du Brésil…) se développent de plus en plus. Enfin le discours critique-radical que je porte contre l’ordre néolibéral y trouve chaque fois plus d’échos, non seulement dans les
milieux universitaires, mais aussi dans les milieux politiques et d’affaires. Je crois, tout simplement, que le modèle néolibéral a tellement fait de dégâts un peu partout, que sa crédibilité (au
sein mêmes de ses pays berceaux comme les USA, l’Angleterre, la France…) en est presque à frôler le zéro auprès des masses. Seules les classes dominantes s’y accrochent encore avec l’énergie du
désespoir. Donc, les rapports de forces politiques existantes se heurteront fatalement aux méga-forces des volontés populaires (l’exemple de l’Islande qui a voté «non» au renflouement des banques
ne restera pas longtemps isolé). En ce sens, je crois qu’il convient de ne point négliger les effets «d’exemples» que donnent les pays nord-européens, le Japon et ses Dragons… qui n’ont à peu
près rien de néolibéral dans leurs politiques économiques, sinon des apparences. Ils restent fondamentalement bien plus, chacun à sa façon, États-sociaux et sociaux-démocrates (quasi socialismes
si on regarde de plus près les cas Finlandais, Danois, Norvégiens…). Ce sont donc, des contre-exemples (les plus compétitifs en plus) et des alternatives au néolibéralisme débridé, qui viennent
non seulement montrer que «faire autrement» cela se peut, mais aussi, relativiser les sempiternels recours aux «chute du mur de Berlin» et autres «cuisants échecs des pays de
l’Est».
Tout ce que vous mentionnez dans cette question représente à peu près tout ce
que je dénonce le plus fortement dans mes travaux, enseignements et prises de paroles depuis au moins trois décennies ! Bien entendu, autant Einstein (impossibilité de résoudre un problème avec
les éléments du système de pensée qui l’ont provoqué ; mais aussi un certain Joseph Schumpeter et un certain John Hobson, qui, chacun à sa manière, ont prévu cette fin «néolibérale» du
capitalisme se mondialisant. Le premier disait qu’une des erreurs de Marx consiste en ce qu’il pensait que le capitalisme se ruinerait par ses propres contradictions et échecs, alors que,
affirmait-il, ce sera l’inverse : le capitalisme ira par lui-même à sa propre mort à travers justement ses «excès de réussite» ! On le voit bien : plus ce capitalisme financier–maximaliste
«réussit» en atteignant ses buts de toujours, enrichir davantage les plus riches, plus il creuse sa tombe avec des crises et des éclatements de bulles de plus en plus dévastatrices. Quant au
second, Hobson, économiste anglais du début du siècle dernier, lui, affirmait à peu près la même chose, en termes différents. L’une de ses phrases-clés reste : «Le cimetière du capitalisme c’est
l’enrichissement individuel» !
Car, « l’argent appelant l’argent », plus l’enrichissement individuel croitra, plus les « moyens d’acquisition » (pouvoir d’achat, demande effective) seront hyper-concentrés entre moins de mains.
Cela provoquera fatalement des crises de demande sur crises de demande, jusqu’à ce que ce capitalisme s’étouffe lui-même sous les montagnes d’invendus, les baisses de capacité de consommer des
masses, les dégâts des inégalités indécentes, les freins à la « croissance » réelle, la nécessité de se mettre à détruire les sources mêmes de ses profits : le travail (coût toujours poussé à la
baisse) et la nature (dégâts de plus en plus onéreux provoqués par les diverses pollutions)… C’est exactement ce à quoi nous assistons de nos jours !
Vous avez par ailleurs aussi raison de faire le lien démocratie–réelle/survie du capitalisme néolibéral, car où règne ce capitalisme débridé, redevenu sauvage, maximaliste et inégalitaire à
outrance, règne la non-démocratie réelle. Il y règne plutôt un vrai et solide despotisme de l’argent et des pouvoirs ploutocratiques. Ainsi les méga-inégalités aux USA font que 1% des Américains
possèdent plus de 80% de la richesse industrielle américaine, moins de 10% y possèdent plus de 90% de la richesse totale… et ainsi de suite… Cela n’a strictement rien de démocratique ! Une
démocratie ce n’est pas juste mettre un bout de papier dans une urne tous les quatre ou cinq ans ! Le système néolibéral tue la démocratie à sa base même, par son incapacité à garantir un minimum
d’égalité économique entre les citoyens. C’est d’ailleurs cela qui fait que peu d’Américains votent aux consultations populaires les plus importantes comme celles du Congrès, la présidentielle…
(Le cas Obama a été une exception). C’est toujours autour de moins de 60 – 50% de la population qui se déplace pour voter. Vous avez aussi raison d’invoquer les rôles des gros conglomérats
industriels–financiers et leurs «liens» avec les organes dits « d’information » : un peu partout en cet Occident néolibéral, les médias – de toutes catégories – ne sont pratiquement plus
qu’officines de propagande néolibérale, digne des pires «Pravda» de ce monde !
Il faudrait une bien sérieuse enquête sociologique pour répondre correctement à une telle question ! Mais si on se fie aux «éléments les plus apparents» qu’on peut observer un peu partout dans le monde quant à cet «inexplicable» engouement-adhésion (comme vous le dites venant de toutes formes de catégories sociales, politiques, idéologiques…), je pense que l’on peut recenser quelques éléments-clés comme réponses à votre question :
Voilà, il me semble, quelques unes des principales raisons qui font que, malgré sa décadence, ses dégâts, ses laissés-pour-compte, ses indispensables guerres néocoloniales… ce modèle néolibéral reste attractif et séducteur, même dans les milieux les plus inattendus.
Dans les mots mêmes qui la constituent, une politique dite «patriotique» ne peut
être que vertu ! Une économie dont les objectifs et activités ne soient plus que vil appât du gain, exploitation de la vulnérabilité de petits emprunteurs, protection des intérêts du peuple et de
la nation, limitation de la boulimie des banques et des multinationales… ne peut aussi que paraître démente pour les tenants du néolibéralisme, de l’Eldorado de «l’entrée dans l’OMC»… et autres
«libres profiteurs» locaux et étrangers qui n’en feraient qu’à leur guise, respectant en cela les bonnes et saines lois des «marché»/«compétitivité» et les exigences des non moins bons et saints
FMI/OMC.
Or, la Bolivie depuis l’arrivée de Morales au Pouvoir, taxe presque à volonté banques et transactions financières en appliquant la fameuse taxe Tobin (taxe sur les transactions boursières),
récupère et nationalise bien des secteurs qui «appartenaient » à des intérêts privés et des multinationales : pétrole, électricité, communications… et j’en passe. Autre exemple, l’Argentine qui a
également adopté des mesures d’expropriations de firmes privées, de resserrement drastique de sa loi des finances et sur les investissements étrangers… Ces pays ne semblent pas avoir sombré dans
le chaos jusque-là !
Cependant, pour ce qui concerne le cas précis de l’Algérie, il convient de tenir compte systématiquement des «intérêts de clans». Il a été avéré à bien des reprises, comme je l’ai mentionné dans
des articles antérieurs, qu’en Algérie – et ce quels que soient les personnes ou partis au pouvoir –, on navigue trop souvent à vue, sans objectifs précis ou clairs de long terme. On réagit à des
mesures non désirées de régimes-clans antérieurs, on en prend pour favoriser d’autres clans… et, dans tous les cas de figure, bien se garder de déplaire à ceux qui, sur le moment, tiennent le
gros bout du bâton. Il est donc évident que ce genre de mesures, comme les précédentes, quelles qu’elles soient, finissent en queue de poisson, puisqu’elles ne durent que le temps de durée d’une
faction ou d’une autre d’intérêts occultes en position de pouvoir ou de suprématie.
Mais, en gros et dans l’absolu, personnellement, je serai enclin à être en faveur de tout ce qui met des balises à l’infinie boulimie des multinationales, au non contrôle des ressources
stratégiques du pays, à l’évasion fiscale, à la surexploitation des populations, aux détournements, à l’accaparement privé des biens communs et publics… À la condition expresse, bien entendu, que
ce soit là le fait de véritables «États» au sens complet et originel du terme : institution démocratiquement désignée pour s’occuper avant tout et en totalité du bien et de la dignité des
peuples, de la souveraineté de la nation et de l’intégrité du territoire.
Dans notre nouvelle bourgeoisie privée il y a du jeune et du moins jeune… en plus de la ploutocratie qui gravite – dans et atour – de l’Armée nationale, du gouvernement, du parlement… de la magistrature, de la haute fonction publique, des dirigeants de grosses entreprises (encore) nationales… Personnellement, je ne vois pas de grande différence dans les manières de procéder : tout est bon pour accumuler des richesses de toutes provenances, pratiquer des détournements de biens et de lois (ce que vous citez à propos des déclarations des employés par exemple), pratiquer les trafics d’influences, les rétro-commissions… Je ne vois vraiment pas comment (à part rarissimes exceptions sans doute) de «jeunes» membres de ce genre de bourgeoisie pourraient éviter les innombrables «détours» et – même indirects – «graissages de pattes»… que notre «système» impose depuis des décennies. Je ne vois pas non plus pour quelles raisons ils se gêneraient, pour, comme tous les autres, ne pas pratiquer la non déclaration d’employés et de leurs revenus véritables, pratiquer l’évasion fiscale et procéder à des dépenses somptuaires dans et hors l’Algérie, dépenses qui n’ont aucune mesure avec ce qu’ils payent à leurs employés, ni à ce qu’ils «donnent» à leur pays ? Ils se comporteront donc bien volontiers – en bonne majorité et sans doute sans le savoir –, tant ce genre de choses parait « normal » dans un pays comme le nôtre… en bonne vieille bourgeoisie compradore et en capitalistes aussi boulimiques qu’extravertis.
Tout d’abord, je reste agréablement surpris par le nombre et l’intensité des
réactions et débats que ce texte a provoqués malgré le Ramadan et ses aléas…
Ensuite, comme presque toujours, les principaux concernés se gardent bien de répondre, tant, sans doute les arguments leurs manquent, ou alors leur prennent bien du temps à mettre en ordre, ce
qui, le temps passant rend la chose presque sans intérêt pour que ce soit un vrai débat dense et utile… Dommage ! Sinon, comme aussi presque toujours, ceux qui répondent (je parle encore des
concernés) se mettent bien plus à s’attaquer au messager plutôt qu’à répondre au message et à ses arguments.
Quant aux «réactions» de personnes non directement concernées par mon propos, et simplement intéressées à «contribuer» au débat, j’ai d’abord été choqué par les premiers commentateurs sur le site
d’El Watan, me paraissant, soit ayant mal compris mon propos, soit de parti-pris, soit fort bien formatés par le système dominant et son discours néolibéral lénifiant. Puis, le débat
s’élargissant à d’autres sites et suscitant de plus en plus d’intérêt, je pense que c’est de bonne guerre que d’accepter du «tout et son contraire», des accusations portant sur des éléments qui
n’existent nullement dans mon texte, des dénigrements gratuits.
Mais je dois tout de même déplorer le fait que seul un petit nombre a tenté d’aller vraiment au fond des choses… et aussi l’absence de réactions de personnes de «milieux concernés-intéressés» :
économistes «officiels», gens occupant de hautes fonctions ou du gouvernement, car après tout, ils sont les principaux «acteurs» de ce dont il est question dans mon texte.
Sur ce point, je ne peux juger qu’à partir de ce que j’observe ou écoute sporadiquement. En une phrase, il me semble que ce débat se cantonne au niveau d’une sorte de permanente dispute «étatistes» contre «partisans du tout privé», avec apparemment un net glissement – certainement le plus présent dans les médias et le plus audible – vers la reprise, telles quelles, de thèses fumeuses de «troisièmes voies», lorsque ce n’est pas directement des discours purement néolibéraux dans leur quasi intégralité. Encore une fois, ce n’est là qu’impression «à première vue», car il ne manque pas d’intellectuels de haut niveau dans (et hors) notre pays… mais leur donnent-on des forums d’expression suffisamment influents ? Et des accès aux médias les plus appropriés ? Invite-t-on suffisamment ceux qui ont des discours «alternatifs» (et j’en suis) à s’exprimer autant que ceux qui, d’une façon ou d’une autre, de bonne foi ou intéressés, peuvent mieux servir certains intérêts ?
Hocine Belalloufi, 7 Août 2012. La Nation.info