"La vérité est un miroir tombé de la main de Dieu et qui s'est brisé. Chacun en ramasse un fragment et dit que toute la vérité s'y trouve" Djalāl ad-Dīn Rūmī (1207-1273)
4 Novembre 2012
Par Boualem Alami
Au moment où des associations algériennes appellent le gouvernement à réexaminer sa volonté d'aller rapidement vers l’exploitation de gaz non conventionnels, celui-ci organise, dimanche, une conférence internationale sur l'énergie. Les gaz de schiste sont la vedette de cette conférence internationale qui réunit pour une journée les majors de l'exploitation pétrolière, et notamment celles qui ont investi dans les gaz de schiste.
Organisée par le ministère algérien de l'énergie et des mines, et mise en œuvre par le groupe londonien CWC, spécialisé dans l'organisation de ce type d'événements, la conférence sur les opportunités d'investissements dans le secteur énergétique algérien réunit, dimanche à Alger, des représentants des ténors de l’énergie mondiale. Parmi les compagnies stars représentées, Halliburton, GDF, Suez, Total, Schlumberger, BP, et Repsol tiendront la vedette, aux côtés de plusieurs compagnies pétrolières et gazières célèbres.
Le but de cette conférence est de présenter les grandes opportunités du domaine minier algérien. Mais, la présence à cet «Algeria Energy Forum» de compagnies américaines comme Halliburton, spécialisée dans la recherche et l'exploitation des gaz de schiste, donne un ton particulier à ce rende- vous. Déclinée en neuf grandes séances avec des ateliers thématiques, cette rencontre sera l'occasion pour les experts et décideurs algériens de connaître l'expérience US dans le domaine des gaz de schiste. Et ce sera tout naturellement Halliburton, présent à Alger avec une légion d'experts dans les gaz non conventionnels, qui donnera le ton à cette rencontre en animant un atelier centré sur « les défis et les opportunités de développement des gaz non conventionnels en Algérie ».
Pour donner le change aux anti-gaz de schiste, et laisser la porte « grande ouverte » à l'exploitation en Algérie des énergies non fossiles, il y aura aussi la présence à ce Forum de Paul Von Son, PDG de l'initiative Desertec, cet ambitieux programme supposé alimenter l’Europe en énergie solaire à partir du Sahara, avec des investissements gigantesques de quelque 400 milliards de dollars.
Le gaz de schiste pour « assurer l'avenir florissant de l'Algérie », selon M. Yousfi
L'intervention de M. Youcef Yousfi, ministre de l’énergie, a donné le ton de cette conférence. Avec son intitulé, «assurer l'avenir énergétique florissant de l'Algérie», elle donne la pleine mesure de la volonté de l'Algérie, à travers la nouvelle loi sur les hydrocarbures, d'appuyer franchement sur l'accélérateur pour aller rapidement vers les gaz de schiste, après le lancement des premiers forages par la compagnie Sonatrach, en association avec des compagnies étrangères.
La polémique sur l'exploitation par l'Algérie du potentiel de gaz de schiste, que des experts de Sonatrach disent « très important », est devenue un des éléments d'un bras de fer qui se forme entre le gouvernement et la société civile. Samedi à Alger, le Conseil National pour les Libertés Citoyennes (CNLC) avait organisé une conférence débat sur les gaz de schiste au cours de laquelle un violent réquisitoire a été dressé contre la volonté du gouvernement d'exploiter à grande échelle les gaz non conventionnels.
Le Forum énergétique d'Alger confirme que les autorités veulent mettre la pression pour aller vite vers l’exploitation des gaz non conventionnels, au moment où les appels d'offre pour l'exploitation pétrolière dans des blocs d'accès difficiles et nécessitant de gros investissements restent peu enthousiasmants pour les compagnies étrangères.
Boualem Alami, 4 novembre 2012. Maghreb Emergent