27 Janvier 2018
L'univers mental autocentré dans lequel évoluent les gouvernants continue de s'exprimer sans retenue dans les médias, alors que la société de 2018 ne veut plus comprendre leur autisme.
Interrogé sur la recrudescence de la harga parmi les jeunes, voici les propos d'un cynisme hautain tenus en conférence de presse par le Premier ministre: “Ils nous font honte. Celui qui se jette à la mer, s’il ne se noie pas, sera employé, dans le meilleur des cas, comme saisonnier pour ramasser les tomates et les oranges, alors qu’en Algérie, ces emplois ne trouvent pas preneurs.”
Nissa Hammadi, qui cite ces propos, écrit dans Liberté : "C’est que, officiellement, on feint d’ignorer que le problème ne se résume pas à l’emploi, mais à un projet de vie que des millions de jeunes Algériens ne peuvent pas se donner dans leur pays où le cadre vie se dégrade à vue d’œil pour l’ensemble des catégories sociales. C’est un fait établi, la recrudescence des départs de migrants depuis les eaux territoriales s’accompagne désormais d’un phénomène nouveau". Elle poursuit : Les images de haraga avec femmes et enfants " largement diffusées sur les réseaux sociaux, sont aussi l’expression d’une révolte contre un système et une société qui n’offrent pratiquement plus de perspectives d’intégration sociale et de réalisation de soi. C’est une réaction extrême contre le discours trompeur de certains hommes politiques comme Ould Abbes qui affirme que l’Algérie consacre davantage de transferts sociaux que des pays comme la Norvège ou la Suisse."