10 Avril 2019
Les "forces obscures" semblent vouloir reprendre l'initiative. Depuis hier, l'exaspération de la jeunesse universitaire rejetant l'article 102 est mise à profit pour instaurer un climat de violence. Escomptant un effet de repoussoir, l'objectif de ces forces est d'isoler le mouvement citoyen actif du reste de la population et de mettre en retard les forces du changement pour la prochaine échéance de lutte. Car, par delà les divergences d'appréciation sur l'article 102, la prochaine élection présidentielle sera un temps fort du combat républicaine déclenchée en février.
Le mouvement citoyen pourra-t-il mettre en avant un candidat d'union dont le mandat sera la mise en oeuvre d'un processus constituant permettant de refonder l'Etat? Ce processus constituant est réclamée par les forces citoyennes qui se sont mis en mouvement depuis février, y compris plusieurs partis politiques d'horizons différents.
Le mouvement citoyen rejoint par l'armée de ligne a mis en échec les deux feuilles route conçues par le clan présidentiel et le Canal historique du DRS pour assurer la continuité du système, en gardant le contrôle de la présidence de la république.
Ces forces du statu quo s'efforceront, dans une nouvelle feuille de route clandestine, combinant les provocations contre le mouvement citoyen et les marges de manoeuvre permise par les limites constitutionnelles auxquelles est impérativement tenue l'ANP.
Les forces républicaines réussiront-elles à surveiller de bout en bout le scrutin en empêchant la fraude? Réussiront-elle à imposer la neutralité de l'administration et des médias publics? Dans tous les cas ces forces républicaines sauront s'affermir au cours de cette nouvelle bataille. Ce ne sera sans doute pas la dernière
Remise en ligne d'un article paru le 1er avril
Elire un président mandaté pour conduire la transition démocratique
Par Saoudi Abdelaziz, 1 avril 2019
La souveraineté populaire est plus que jamais l'inspiration centrale de l'insurrection citoyenne. Les Algériens ne gobent pas les opérations médiatiques avec leurs"révélations" et la dramatisation de l'actualité. Ces opérations ne réussissent pas détourner les Algériens de leur feuille de route où on lit en grosses lettres: "c'est nous qui avons les clés de l'avenir".
Ali Benflis déclare à propos de la démarche proposée par de l'Etat-major : « Ce choix, malgré toutes les difficultés qu’il peut rencontrer, témoigne du caractère républicain de nos forces armées ». Républicain ? Vingt ans après la désignation de Bouteflika par la hiérarchie militaire, l'ANP va-t-elle éviter, pour la première fois depuis l'indépendance, de manoeuvrer pour désigner le chef de l'Etat?
L'échec historique de la hiérarchie militaire
Assigner à l'ANP le rôle de tuteur de l'Etat est historiquement condamné. On ne peut cacher le soleil avec un tamis: c'est l'ANP qui a imposé Bouteflika aux Algériens. L'impasse actuelle est l'ultime démonstration de l'échec historique de la "mission" que la hiérarchie militaire s'est octroyée .
Le nouveau gouvernement qui semble conçu pour la gestion technicienne des affaires courantes, a été accueilli comme un non événement. En effet, même avec l'éviction probablement imminente de Bouteflika, nous n'aurons pas encore la moindre indication claire sur la volonté affirmée par le pouvoir réel actuel d'appliquer les articles de la constitution garantissant la souveraineté populaire dans les modalités du choix du prochain président.
Transition élitiste.
Mettre en place une transition plus ou moins longue autour d'un pouvoir provisoire n'émanant pas du suffrage universelle, c'est une démarche marquée par le syndrome élitiste qui modèle les "feuilles de route" des politiciens algériens cogitant en marge du mouvement citoyen.
Les enjeux.
Union de tous les républicains sur le terrain pour garantir aux candidats l'accès égal aux médias publics, pour lever les contraintes au droit de réunion, de meeting et d'affichage, pour placer les fichiers électoraux et les urnes sous surveillance citoyenne à tous les niveaux
etc, etc.
Les comités d'union républicaine maintiendront la mobilisation, les marches et les regroupements citoyens.
Le jour J, la préférence majoritaire des algériens ira sans doute espérons-le à celui des candidats qui s'engage à organiser la profonde transition démocratique espérée, en lançant le processus constituant pour établir la nouvelle organisation de la République et les missions de son Etat.