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Le blog de algerie-infos

"La vérité est un miroir tombé de la main de Dieu et qui s'est brisé. Chacun en ramasse un fragment et dit que toute la vérité s'y trouve" Djalāl ad-Dīn Rūmī (1207-1273)

Mohamed Boudiaf et son ami Omar Bentaffer

 

Article de témoignage publié par l’hebdomadaire local bilingue Jijel-Infos, en octobre 2001 (n°13)

 

 

 

 

Mohamed Boudiaf à Djidjelli

 

 

Par M. Bedouhane, Jijel-infos

 

 

 

C’était juste avant les débuts de la 2ème  Guerre mondiale que le jeune Mohamed Boudiaf, à peine âgé de vingt ans, a reçu une affectation en qualité de fonctionnaire auprès des contributions diverses de l’arrondissement de Djidjelli.

 

 

M’Sila, sa région natale, hospitalière par excellence, steppique et semi-saharienne, était à l’opposé de la région de sa nouvelle résidence, Djidjelli, ville du littoral entourée de montagnes et de forêts denses, réputée à l’époque comme renfermée et repliée sur elle-même.

 

 

Le jeune Mohamed Boudiaf appréhendait sa nouvelle vie. Pour cela, certains de ses amis et proches lui avaient recommandé de prendre attache et de se rapprocher de Si Omar Bentaffer, un jeune de son âge qui pourrait lui apporter soutien et intégration dans cette ville réputée hostile aux étrangers.

 

 

Mohamed Boudiaf, une fois installé à Djidjelli, a noué des relations avec certains jeunes de la région ; une amitié et une confiance régnaient entre lui et Si Omar Bentaffer. Boudiaf préférait les longues promenades à travers champs et prairies périphériques à la ville, pour échapper aux surveillances policières. Accompagné de son nouvel ami, ils entamaient de longues discussions sur les problèmes de l’heure, à savoir la hogra, la montée du nationalisme, la lutte contre l’oppression et le colonialisme. Le jeune Boudiaf s’est avéré déjà à l’époque comme un meneur d’homme. Il avait déjà fait son choix en s’engageant dans la préparation de la lutte pour l’indépendance.

 

 

Si Omar Bentaffer a dit un jour : « Mohamed Boudiaf, son affectation en qualité de fonctionnaire des impôts, était une simple couverture. La fonction publique ne l’intéressait pas. Il avait déjà fait son choix en s’engageant dans le combat libérateur du pays »

 

 

Le jeune Boudiaf au lieu de collecter l’impôt auprès des Algériens leur inculquait les idées d’indépendance et de lutte contre l’oppression coloniale. Durant sa courte vie professionnelle à Djidlelli, il a été victime de propos et injures raciste de la part d’une jeune collègue européenne. Le jeune Boudiaf n’a pas trouvé mieux que la gifler. Il a réagi avec fierté, courage et bravoure devant les insultes de cette indélicate européenne. Cet incident lui a valu des sanctions et a précipité son départ. Il n’acceptait pas l’injustice et ne pouvait servir l’administration coloniale. Il a quitté Djidjelli pour effectuer son service militaire, juste avec les débuts de la 2ème Guerre mondiale.

 

 

Boudiaf a repris contact avec la région après la fin de cette guerre. Il se réunissait avec les jeunes de la région du temps où il était responsable de l’Organisation spéciale (OS). Boudiaf était devenu Si Tayeb El Watani. Il activait dans la clandestinité. Il était recherché par les autorités coloniales et se déplaçait souvent à Djidjelli pour présider les réunions secrètes de l’OS avec de jeunes patriotes tels Hocine Rouibah et autres. Il a formé de fidèles militants du PPA qui préparaient activement le déclenchement de la guerre de libération.

 

 

Soixante ans après des gens se souviennent encore du jeune patriote, de sa piété et de sa droiture. Si Ahmed Touhami, qui est toujours de ce monde, ex-pâtissier, faisant face au kiosque des sports, a bien connu Mohamed Boudiaf avant la 2ème Guerre mondiale. Il se remémore cette époque où les jeunes étaient enthousiasmés et se rencontraient au Nahdi pour débattre des problèmes du nationalisme.

 

 

 

M. Bedouhane, Jijel-Infos n°13, 10-17 octobre 2001.

 

 

 

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