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Le blog de algerie-infos

"La vérité est un miroir tombé de la main de Dieu et qui s'est brisé. Chacun en ramasse un fragment et dit que toute la vérité s'y trouve" Djalāl ad-Dīn Rūmī (1207-1273)

Mort, ressucité pour mourir de nouveau

Terroristes donnés pour morts, ressuscités en vue de mourir dans un nouveau décor, plus approprié. Ce genre de montage de la communication anti-terroriste était fréquent au cours des années 90, passant par des informations, des canaux et des sources dont la véracité n’avait pas à être vérifiée du fait des exigences du secret-défense.

 

Dans son éditorial « Le terroriste et son Etat », Salima Ghezali évoque le 2 août dans La Nation l’annonce récente du décès du fils d’Ali Belhadj :

 

(…) « Cela fait quelques années que des journaux annoncent la mort de Abdel kahar Belhadj, fils de Ali Belhadj. L’ancien N° 2 du FIS s’est même à plusieurs reprises rendu à Tizi-ouzou pour procéder à l’identification du corps de son fils. En vain à chaque fois. Cette image d’un homme convié par un article de presse à venir chercher au milieu des cadavres celui de son fils n’honore personne.
 Cette semaine c’est dans l’explosion d’un véhicule qui, selon les journaux, devait servir à un attentat kamikaze que Abdelkahar aurait trouvé la mort. En même temps que deux autres terroristes.
Ce n’est pas la première fois que des terroristes sont annoncés pour morts et ensuite ressuscités. Par delà les questions de déontologie c’est au niveau de l’information officielle que le problème se pose. Est-il normal que l’on puisse annoncer par voie de presse la mort d’un citoyen algérien (fût-il terroriste) sans qu’aucune autorité ne se sente dans l’obligation de confirmer ou d’infirmer la nouvelle.
Des habitudes ont été prises en matière de parole et de silence des pouvoirs publics qui sont propices à tous les dérapages. Et ces dérapages se multipliant finissent par constituer une parole de substitution. Or cette parole, laissée au hasard des gesticulations haineuses ou des manipulations parle au lieu et place de l’Etat.
L’ignoble boucher du sanglant vendredi norvégien a été arrêté et présenté devant le juge sans la moindre ecchymose ni le moindre cri de haine.
 Cela veut dire clairement que la différence entre la Norvège et d’autres pays moins démocratiques  n’est pas à chercher du côté des terroristes mais du côté des Etats et des systèmes politiques qui en façonnent les mœurs ».

 

En conclusion d’un autre article, paru le même jour, « Le retour de l’information sécuritaire » Salima ghezali s’interroge :

      L’information sécuritaire va-t-elle sortir de l’informel ?

 

Puisque la coordination de la lutte anti-terroriste relève désormais du chef d’état-major de l’Armée nationale populaire et que tous les services de sécurité  impliqués dans la lutte anti-terroriste se trouvent regroupés sous son autorité faut-il s’attendre à la nomination d’un porte-parole officiel en charge d’informer le pays sur les questions d’ordre sécuritaire ?
Depuis l’arrêt des élections en janvier 92 et le basculement du pays dans le terrorisme, la lutte anti-terroriste s’est appuyée sur un dispositif de contrôle de l’information sécuritaire assez fluctuant. Au plus fort de la censure et du contrôle sur la presse, des journaux ont régulièrement été alimentés de manière informelle en matière d’information sécuritaire. Une situation qui n’a pas forcément servi la vérité.

Pour rappel, le ministère de la communication avait dû retirer leurs accréditations aux correspondants des agences de presse britannique Reuters et française AFP en Juin 2008 suite à de fausses informations données sur des attentats terroristes démentis par les autorités. A l’époque, le ministre de la communication avait déclaré : « … la fausse information qu’ils ont colportée a eu pour effet de terroriser la population(…) l’éthique journalistique exige que l’information soit vérifiée et à plus forte raison lorsqu’il s’agît de la sensible information sécuritaire. 
 
S’il n’est pas certain que l’affaire en question ait constitué à elle seule un problème de sécurité nationale il est par contre flagrant que les pouvoirs publics n’ont jusqu’ici pas réussi à se doter d’une information sécuritaire crédible. Et le vide ainsi crée favorise toutes les intoxications. Si l’information sécuritaire ne sort pas de l’informel la coordination de la lutte anti-terroriste se trouvera de fait amputée du nerf de la guerre.

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