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Le blog de algerie-infos

"La vérité est un miroir tombé de la main de Dieu et qui s'est brisé. Chacun en ramasse un fragment et dit que toute la vérité s'y trouve" Djalāl ad-Dīn Rūmī (1207-1273)

POLEMIQUE. Aissa Manseur versus Abed Charef. Ingénieur agronome contre chroniqueur

POLEMIQUE. Aissa Manseur versus Abed Charef. Ingénieur agronome contre chroniqueur

Confier à des entreprises capitalistes stimulées par la recherche de profit des centaines de milliers d'hectares dans le sud du pays, leur permettre l'utilisation intensive des ressources hydriques de la région, leur ouvrir l'accès aux crédits bancaires et autres facilités? C'est cette orientation prioritaire qui avait été donnée en 2014 pour "développer l'agriculture" et dans laquelle se sont notamment engouffré des investisseurs américains. Quatre ans après, cette "orientation" bat de l'aile.

"Pourquoi l’idée de lancer des méga-projets agricoles dans le sud de l’Algérie est néfaste et sans lendemain?" Dans une contribution du 27 février 2017, l'expert agronome Aissa Manseur, en citant l’exemple de l’Arabie saoudite mais également du Complexe agroalimentaire du Sud (CAAS) d’Adrar, présente une vraie démonstration dans une contribution, présentée par Saïd Jaafar dans Maghreb Emergent, en février 2017. 

Un an et demi plus tard, le 7 septembre 2018, l'agronome récidive.

Depuis 2014, les pouvoirs publics parlaient du nouveau souffle pour l’agriculture, l’option des mégaprojets dans le sud a été retenue comme étant la solution la plus adéquate pour donner un coup de starter au développement effectif du secteur agricole en Algérie". Il évoque le méga-projet le plus médiatisé, fruit d’un partenariat entre un opérateur privé algérien et un consortium d’entreprises américaines, qui s’étend sur 20 000 ha dans la wilaya d’El Bayadh. Le projet porte sur la production de blé dur, des fourrages, de l’orge, l’ensilage de maïs et de la pomme de terre, en plus de 5000 ha pour l’élevage  20 000 vaches laitières ! Avec, à la clé 1271 emplois agricoles directs et 1906 emplois agro-industriels". Ce méga-projet est resté sur le papier! 

 Le 10 septembre, trois jours plus tard, dans le même Maghreb Emergent, le chroniqueur tout terrain Abed Charef, qualifie d' "Arguments primaires" les démonstrations de l'expert-agronome:

"Si ces mégaprojets peuvent être contestés, les arguments utilisés par M. Manseur laissent dubitatif. Selon lui, « des expériences similaires ont échoué un peu partout dans le monde, même une expérience locale a eu lieu dans un passé récent et a été un échec retentissant ». Il omet de cependant de dire que des milliers de projets similaires ont réussi, donnant aux pays où ils ont été lancés une agriculture hautement performante.

"Pour M. Manseur, « les mégaprojets agricoles, de par leurs effets dévastateurs sur les ressources naturelles et l’environnement, porteront un préjudice énorme à notre agriculture paysanne ». Là encore, il ne relève que les arguments hostiles aux projets, mais non leurs retombées positives. Il ne précise pas non plus quels sont les effets négatifs sur l’environnement. M. Manseur affirme que « nos petits exploitants seront confrontés à une concurrence ‘’ sauvage ‘’ et déloyale » ! Autrement dit, si les fellahs algériens utilisent encore des méthodes rudimentaires, avec des rendements et une productivité faibles, il ne faudrait pas trop les bousculer avec la concurrence d’une agriculture très performante, car cela les ruinerait. Il faut les ménager. Peut-on faire pire pour tirer une économie vers le bas ?

"Un autre dogme, brandi à tous les carrefours, concerne le respect de l’environnement et la préservation des ressources naturelles pour les générations futures, notamment les ressources en eau du Sahara. Comme si grande exploitation rimait forcément avec dévastation de la nature !"

Le 13 septembre l'expert agronome répond au chroniqueur :

"Parler du respect de l’environnement et la préservation des ressources naturelles n’est pas un dogme, ce sont les sujets pour lesquelles les plus grandes puissances du monde consacrent des rencontre, des séminaires et des congrès,  et des scientifiques qui se penchent sur la question pour trouver les outils  avec lesquels on peut affronter les conséquences néfastes du changement climatique qui n’est pas, lui-aussi, un dogme ! Le défis de l’agriculture contemporaine c’est de produire suffisamment tout en respectant l’environnement et préservant les ressources naturelles, c’est un thème très récent et très à la mode même".

(...) En pensant a nos petits agriculteurs et aux conséquences qu’il peuvent subir  en concrétisant des mégaprojets sur  600 000 ha cela ne fait aucunement tirer l’économie vers le bas, bien au contraire ce sont ces petits exploitants qui tireront l’économie vers le haut s’ils sont soutenus et accompagnés et si on leur ouvrait toutes les portes, comme ça a eu lieux pour ces promoteurs douteux. Je ne me moque jamais de ces petits agriculteurs qui nous nourrissent ! Ceux qui veulent tirer l’économie vers le bas sont ceux qui soutiennent à tort et sans aucune connaissance ces projets douteux qui meurent avant même de naître.

 La Hollande, la France, l’Allemagne, l’Angleterre et même la Russie, des pays pionniers dans la production agricole et l’exportation des produits agricoles, ne pratiquent pas ce modèle dévastateur, même la Chine a renoncée aux méga-fermes laitières après  avoir constaté les dangers qu’elles peuvent générer !

M. Charef parle de milliers de projets qui ont réussi avec ce modèle mais sans en citer un !"

 

CI-APRES LES QUATRE CONTRIBUTIONS CITEES

Pourquoi l’option des mégaprojets agricoles dans le sud de l’Algérie est néfaste.

Par Saïd Jaafar, 27 février 2017

Pourquoi l’idée de lancer des méga-projets agricoles dans le sud de l’Algérie est néfaste et sans lendemain? Aissa Manseur, en citant l’exemple de l’Arabie saoudite mais également du Complexe agroalimentaire du Sud (CAAS) d’Adrar, l’explique dans cette contribution.

"La nouvelle politique agricole en Algérie s’articule sur la création de méga-projets  de plus de 10 000 ha dans le sud, des sociétés entre des nationaux et des partenaires étrangers ont été créés et des projet sont déjà en cours de réalisation, une surface de 600 000 ha est réservée à ces projets qui seront orientés essentiellement vers  la production de céréales , la pomme de terre et le lait

C’est l’agrobusiness, le modèle qui a été adopté en premier lieu, en Amérique latine, un modèle qui se veut ‘’capitaliste et commercial ’’ par excellence, dont le gain est le seul but recherché sans lésiner sur les moyens à mettre en œuvre et sans se soucier des répercussions qui peuvent être engendrées.

Théoriquement les chiffres qu’avancent les concepteurs de ces projets en terme de production et de création d’emplois nous font sans aucun doute ‘’tourner la tête’’, séduire et nous promettent encore le paradis !

Quel sera le sort des petits exploitants agricoles et de l’agriculture paysanne en général ?  Quels seront les effets sur les ressources hydriques souterraines et sur l’environnement ? Notre agriculture s’articule autour de petits exploitants, de petits éleveurs, de petites et moyennes exploitations, en dépit d’une politique agricole défaillante et des difficultés rencontrées sur terrains, cette agriculture a pu assurer une certaine autosuffisance en plusieurs produits notamment maraichers.

Ces mégaprojets porteront surement et sans aucun doute un coup des plus durs à notre agriculture, Le marché sera contrôlé totalement par ces gros propriétaires terriens y compris l’exportation, on passera alors à une autre forme de spéculation et on aura à faire a des spéculateurs ‘’nouvelle version’’ !  

Les petits agriculteurs ne peuvent tenir longtemps face à la rude concurrence déloyale à laquelle seront confrontés et peuvent abandonner ou alors céder leurs terres à ces nouveaux ‘’maitres’’ et seront alors contraint de rentrer   dans ‘’le gouffre’’ du chômage avec toutes les repussions sociales négatives qui en découlent.

 Des réserves hydriques à protéger

 La création des mégaprojets agricoles dans le sud, et vu les contraintes du climat et du sol, exige l’utilisation abusive de l’eau ce qui pèse lourdement sur les réserves hydriques souterraines, nous n’avons aucun droit d’épuiser ces réserves qui appartiennent à toutes les générations futures

Le souci du gain et afin de faire face aux charges faramineuses de production, le recours aux OGM (Organismes génétiquement modifiés) est inévitable. Les OGM agricoles sont des plantes à pesticides, c’est à dire, des plantes qui vont, soit produire un insecticide leur permettant de résister à un insecte ravageur, soit qui vont être capable d’absorber un herbicide sans mourir

Il se pose certains problèmes environnementaux avec la culture des OGM qui ne subissent pas les dégâts de l’herbicide, l’agriculteur fait en général moins attention à la dose d’herbicide qu’il va épandre. Il va préférer en mettre plus pour être sûr, étant donné que sa culture sera de toute façon épargnée. Nous avons ainsi dans les gigantesques cultures aux États-Unis par exemple, des agriculteurs qui épandent des pesticides en avion, arrosant toute la surface de pesticides.

 Les OGM font le bonheur des industries semencières qui s’approprient de l’environnement, l’agriculture et le futur de l’alimentation de toutes les générations à venir.  La création de méga-exploitations agricoles a été déjà initiée par plusieurs pays et qui a connu un échec retentissant.

 La leçon saoudienne

Durant les années 80, l’Arabie saoudite a opté pour ce modèle pour produire les céréales. On se rappelle bien de ces fameux cercles verts éparpillés dans le désert arabique, trois décennies durant, la production a été satisfaisante, l’autosuffisance en blé a été atteinte et des surplus de production ont été exportés durant plusieurs années à des pays voisins… Mais cette performance n’a pu durer encore, des baisses surprenantes et inquiétantes des niveaux des nappes d’eaux souterraines ont été décelées, les cultures des céréales ont épuisé gravement les réserves souterraines d’eau.

 Une situation alarmante qui amène la monarchie saoudienne à interdire définitivement la culture des céréales, et comme mesure d’urgence, elle fait recours à l’importation pour subvenir aux besoins en ces produits. Actuellement l’Arabie saoudite fait la conquête de terrains agricoles de pays tiers, des ‘’terres porteuses ‘’ pour cultiver les céréales pour sa propre consommation

 La chine a opté également pour les méga-fermes laitières, 56 méga-fermes de 10 000 vaches ont été créées mais avec les difficultés rencontrées notamment  dans la gestion des montagne de fumier, des eaux usées et des déchets, les autorités chinoises change d’approche et optent pour des fermes plus petites de 350 vaches, des fermes facile à construire avec moins de ressources

 Peut-on réussir là où les autres ont échoué ?

 Il est nécessaire d’évoquer le cas du  Complexe agroalimentaire du Sud (CAAS), société par action fondée par des promoteurs locaux,  qui avait pour ambition de mettre en valeur 30 000 ha dans la région d’Adrar par la culture de céréales, de cultures industrielles (tomates, betteraves, oléagineux), ainsi que la réalisation d’un complexe agroalimentaire de concentré  et de sauce de tomate dont les équipements ont été fournis par une société Espagnole.

 Les résultats de premières années d’exploitation étaient très encourageants. Durant la saison 2003/2004 les rendements du blé ont dépassé toute prévision ainsi que la tomate dont la production a fait tourner l’usine de transformation. Mais cela n’a pas duré longtemps, quelques années plus tard l’usine a cessé de fonctionner faute de matière première suffisante. Le prix d’achat des céréales n’a pas permis d’amortir les charges faramineuses de production, ainsi en 2007 fut prononcé l’échec de cette première expérience de l’agrobusiness en Algérie.

 Y a-t-il une autre alternative pour développer notre agriculture ?

 Des producteurs céréaliers locaux ont franchi le cap des 50 qx à l’hectare, d’où la naissance du club des 50 (ceux qui produisent 50 qx et plus à l’hectare de céréales), des chiffres qui avoisinent les niveaux les plus performants. Des éleveurs de vaches laitières du coté de Ghardaïa ont réalisés des pics de production du lait de 50 l/jour/vache, une performance meilleure que celle annoncée par les concepteurs des méga-fermes laitières. 

Pourquoi ne pas encourager et accompagner ces deux modèles algériens au lieu de chercher les solutions ailleurs ! Concernant ces deux produits stratégiques qui alourdissent la dépendance alimentaire vis-à-vis de l’étranger et dont l’importation exerce une pression négative sur la balance des paiements du commerce extérieur du pays, c’est le manque de stratégie et de vision des responsables du secteur qui entravent leur développement.

 La production céréalière est tributaire des précipitations, conduites de façon traditionnelles, ces cultures ne peuvent enregistrer des résultats satisfaisants, 3,5 millions d’ha sont emblavées annuellement dont seulement 200 à 240 000 ha qui sont irrigués. Aucun effort n’est déployé pour accroitre les surfaces irriguées malgré les projections annoncées n’a chaque début de saison

 Il est plus judicieux de penser à un mégaprojet d’amenée d’eau pour ces zones céréalières qui sont en ‘’manque’’, Irriguer les 3.5 millions d’ha   réservés aux céréales nous conduit inéluctablement a l’autosuffisance et dégager également un surplus très important pour l’exportation ! 

 Concernant la production laitière, l’élevage des vaches laitières se fait de façon traditionnelle. Il est impératif de produire des fourrages au sein de l’exploitation avec la création de fermes laitières de 200 à 300 vaches et d’organiser la filière du producteur jusqu’au transformateur. La collecte du lait cru auprès des éleveurs revêt une importance capitale, actuellement plus de 60% du lait cru n’est pas collecté et commercialisé par le secteur informel.

 N’ayant pas fourni les efforts nécessaires pour donner à notre agriculture l’essor escompté en dépit des budgets faramineux qui lui sont consacrée, les responsables du secteur veulent nous inculquer l’idée que le développement de l’agriculture est ailleurs. Et qu’elle ne pourra se faire avec la composante actuelle, l’essor de l’agriculture. Bref, selon ces derniers, elle ne pourra se faire qu’avec la réalisation des mégaprojets dans le sud en partenariat avec les firmes étrangères 

 Avec cette nouvelle politique agricole on sera toujours dépendant des étrangers et de surcroit, produisent sur nos terres !! On ne peut en aucun cas être dépendant ‘’éternellement’’ des autres pour satisfaire nos besoins alimentaires.

Il est impératif de préserver notre agriculture qui s’inscrit dans le concept de développement durable, respectueuse de l’environnement et facteur de préservation du tissu sociale. Un pays comme le nôtre, avec toutes les potentialités qu’il recèle peut relever le défi de l’autosuffisance alimentaire, sans importer aucun modèle et sans calquer aucune expérience, pour peu que la volonté politique se dessine

 Source : Maghreb Emergent

Les mégaprojets agricoles dans le sud de l’Algérie, sont-ils une tromperie ?

Par Aissa  Manseur, expert, consultant en agriculture, 7 septembre 2018

Depuis 2014, les pouvoirs publics parlaient du nouveau souffle pour l’agriculture, l’option des mégaprojets dans le sud a été retenue comme étant la solution la plus adéquate pour donner un coup de starter au développement effectif du secteur agricole en Algérie.

Le premier ministre de l’époque faisait la promotion de cette nouvelle politique. Il ne cessait d’inviter, au cours de ses déplacements à l’intérieur du pays et à chaque occasion encore, les promoteurs locaux à créer des entreprises avec des étrangers afin d’investir dans l’agriculture dans le sud du pays en leur procurant de très grandes surfaces dans le cadre de la concession agricole. Une surface de 600 000 ha a été réservée à ces projets qui auraient été orientés vers  la production de céréales, de pomme de terre et du lait.

Le projet le plus médiatisé, fruit d’un partenariat entre un opérateur privé algérien et un consortium d’entreprises américaines, s’étend sur une superficie de 20 000 ha dans la wilaya d’El Bayadh. Le projet porte sur la production de blé dur, des fourrages, de l’orge, l’ensilage de maïs et de la pomme de terre, en plus de 5000 ha pour l’élevage  20 000 vaches laitières !

Le «parrain » du partenariat algéro-américain, en l’occurrence le président du Conseil d’affaires algéro-américain s’est exprimé sur toutes les chaines de télévision, de radio et a fait la Une de plusieurs quotidiens nationaux. Il a fait la promotion du groupe américain, et a donné des projections alléchantes concernant la production et la main d’œuvre à employer.

Monsieur chikhoun affirme alors que « ce projet va éliminer les importations de poudre de lait, de céréales, et de pomme de terre, et surtout aller vers l’autosuffisance, ce qui va permettre par la suite d’aller vers l’exportation».   Les premières récoltes  devaient être  livrées  à partir du mois de mai 2017. Selon l’étude réalisée par « des experts internationaux  de renom», le projet devait générer 1271 emplois directs dans la production végétale et laitière qui sera augmentée substantiellement dès le lancement du volet agro-industriel, et 1906 emplois indirects, il y a de quoi être flatté par de telles précisions !! N’est-il pas nécessaire pour le président du conseil d’affaires algero-américain de faire une appariation pour nous expliquer les raisons de ce retard et nous éclairer sur le taux d’avancement  du projet ?

Le président du Conseil d’affaires algéro-américain, précurseur de l’agrobusiness américain en Algérie  a pu convaincre des citoyens lambdas, des intellectuels et même des plumes qui se sont consacrées à défendre bec et ongle ce mégaprojet, et descendre en flamme tous ceux qui ont émis des réserves sur son opportunité  et son succès et ont même accusé les ‘’ récalcitrants ‘’ d’être à la solde des barons de l’importation et des traitres qui ne veulent pas voir l’Algérie recouvrir  son indépendance alimentaire  !   

Mais le temps commence à nous faire savoir que ce sont ces défenseurs farouches  de la « californalisation »  du désert algérien qui ont voulu servir les pseudos investisseurs  pour des raisons  inavouées !

Il parait que même de richissimes hommes d’affaires algériens ont bénéficié des terres agricoles avec des superficies de 10 000 ha, mais jusqu’à présent aucun investissement n’a été réalisé. Je me rappelle qu’un homme d’affaires, dans une intervention télévisée, a demandé aux pouvoirs publics de leur faciliter l’accès au foncier, leur réaliser des pistes, leur ramener de l’électricité et de les aider à réaliser des forages,  puisque ce sont des investissements lourds qui ne peuvent financer !! Mieux encore il a demandé solennellement aux banques de leur faciliter l’accès au crédit !

Nous avons expliqué dans une contribution antérieure que les mégaprojets agricoles ne peuvent être une solution pour le développement de l’agriculture pour diverses raisons, des expériences similaires ont échoué un peu partout dans le monde, même une expérience locale a eu lieu dans un passé récent et a été un échec  retentissant.

Les mégaprojets agricoles de par leurs effets dévastateurs sur les ressources naturelles et l’environnement, porteront un préjudice énorme à notre agriculture paysanne et nos petits exploitants seront confrontés à une concurrence ‘’ sauvage ‘’ et déloyale ! La politique agricole à inscrire doit assurer l’autosuffisance alimentaire et préserver en même temps les  ressources naturelles comme stipule l’article 19 de la Constitution. 

 Source :  Maghreb Emergent

Algérie: bureaucrates et prédateurs face aux mégaprojets agricoles.

Par Abed Charef, 10 septembre 2018

Aïssa Manseur, expert, consultant en agriculture, a descendu en flammes les mégaprojets qui devaient être initiés avec la participation d’investisseurs étrangers dans les Hauts Plateaux et au Sahara.

Médiatisés par le lobbyiste algéro-américain Smaïl Chikhoune, président du Conseil d’affaires algéro-américain, avalisés par l’ancien Premier ministre Abdelmalek Sellal, ces projets étaient supposés donner un nouveau souffle à l’agriculture algérienne,  avec des chiffres qui font rêver : plus d’un demi-million d’hectares consacrés à la production de céréales, de lait, de pomme de terre, de fourrage, avec des retombées économiques gigantesques.

Beaucoup de points suscitaient une méfiance envers ces projets. L’aspect controversé de leurs parrains, M. Sellal et son inconsistance, M. Chikhoun et son côté bonimenteur, en premier lieu ! De nombreux spécialistes avaient aussi décortiqué l’idée de ces fermes à l’américaine, mettant en doute leur viabilité.

Les premiers produits devaient arriver sur le marché algérien dès 2017, rappelle Aïssa Manseur. Mais pour l’heure, aucun projet n’a vu le jour, note le spécialiste, qui se réjouit de cet échec, car, selon lui, « les mégaprojets agricoles ne peuvent être une solution pour le développement de l’agriculture pour diverses raisons ». Ils auraient des « effets dévastateurs sur les ressources naturelles et l’environnement, (ils) porteront un préjudice énorme à notre agriculture paysanne et nos petits exploitants seront confrontés à une concurrence « sauvage » et déloyale ».

Arguments primaires

Si ces mégaprojets peuvent être contestés, les arguments utilisés par M. Manseur laissent dubitatif. Selon lui, « des expériences similaires ont échoué un peu partout dans le monde, même une expérience locale a eu lieu dans un passé récent et a été un échec retentissant ». Il omet de cependant de dire que des milliers de projets similaires ont réussi, donnant aux pays où ils ont été lancés une agriculture hautement performante.

Pour M. Manseur, « les mégaprojets agricoles, de par leurs effets dévastateurs sur les ressources naturelles et l’environnement, porteront un préjudice énorme à notre agriculture paysanne ». Là encore, il ne relève que les arguments hostiles aux projets, mais non leurs retombées positives. Il ne précise pas non plus quels sont les effets négatifs sur l’environnement. M. Manseur affirme que « nos petits exploitants seront confrontés à une concurrence ‘’ sauvage ‘’ et déloyale » ! Autrement dit, si les fellahs algériens utilisent encore des méthodes rudimentaires, avec des rendements et une productivité faibles, il ne faudrait pas trop les bousculer avec la concurrence d’une agriculture très performante, car cela les ruinerait. Il faut les ménager. Peut-on faire pire pour tirer une économie vers le bas ?

L’autosuffisance, une idée désuète

M. Manseur défend aussi l’idée selon laquelle « la politique agricole doit assurer l’autosuffisance alimentaire ». Comment expliquer la survivance de cette idée d’autosuffisance alimentaire, une formule désuète héritée de l’ère de l’autarcie, quand l’Algérie aspirait à construire une économie en vase clos, mais qui continue à être brandie à l’heure de la mondialisation ?

Il s’agit en fait d’une pensée qu’il faudrait définitivement bannir du discours économique. Aucun pays ne peut produire tous ses besoins en produits agricoles. Et même si cela était possible, il faudrait abandonner certains secteurs, coûteux ou non adaptés, pour d’autres sur lesquels le pays serait plus performant. Plutôt que de parler d’autosuffisance, le simple bon sens pousserait à rechercher un équilibre, voire un excédent de la balance alimentaire.

Un autre dogme, brandi à tous les carrefours, concerne le respect de l’environnement et la préservation des ressources naturelles pour les générations futures, notamment les ressources en eau du Sahara. Comme si grande exploitation rimait forcément avec dévastation de la nature !

Conservateurs contre prédateurs

Cette pensée, qui frise le refus du progrès, est type d’une ancienne bureaucratie conservatrice, incapable d’accompagner les changements nécessaires de l’économie algérienne. Pour défendre des objectifs nobles, ses promoteurs ont recours à des dogmes et à des théories archaïques.

Les prédateurs ont alors le beau rôle. Ils se présentent comme des hommes modernes, des investisseurs capables de miracles. L’Etat n’a qu’à leur donner les moyens, et on verra les résultats. De quels moyens s’agit-il ? Des terres gratuites, des pistes tracées, des forages, des barrages et des crédits bancaires. Cela frise l’arnaque, mais face au bureaucrate qui veut bloquer la marche de l’histoire économique, l’escroc finit toujours par gagner. N’a-t-on pas vu un grand pourfendeur de l’activité de montage industriel, présenté comme un expert de haut niveau, rejoindre récemment un « constructeur » automobile parmi les plus décriés du pays ?

Un bureaucrate défait ce qu’un autre a fait

Face à une administration incompétente, rongée par la corruption, au service d’un pouvoir qui a perdu toute crédibilité, l’arnaqueur agit en terrain favorable. L’empêcher d’escroquer le pays est louable, encore faut-il le faire de manière efficace et institutionnalisée.

Pour y arriver, il n’y a pas mille chemins. La fetwa selon laquelle ces grands projets ne seraient pas viables n’a pas de sens. C’est à l’entrepreneur d’évaluer les risques. Ce qui n’empêche pas l’Etat de prendre en charge cette politique, en lançant des études, des consultations publiques et transparentes, menées par des institutions autonomes et crédibles. Il faudra ensuite offrir aux candidats éventuels les mêmes conditions de concession, en fixant les balises nécessaires sur l’utilisation de l’eau, la protection de l’environnement, etc.

A défaut, ce qu’un bureaucrate a fait, un autre peut le défaire. Des concessions ont été accordées sous M. Sellal, annulées par M. Ouyahia, mais rien n’empêche qu’elles soient relancées dans quelques mois, voire quelques semaines.

Qui décide de donner des concessions ? Au profit de qui ? A quelles conditions ? Pour quels objectifs ? L’état actuel des institutions ne permet pas de répondre. Ce qui rappelle cette évidence : la question des mégaprojets dans l’agriculture ne relève pas de l’efficacité économique, ni de la performance agricole. C’est un problème politique. C’est le symptôme d’un État qui ne fonctionne pas.

Source : Maghreb Emergent

Mégaprojets agricoles dans le sud de l’Algérie, le débat d’après l’échec et les propos qui choquent !

Par Aïssa Manseur 13 septembre 2018

Dépourvu de toute ambition politique, et n’ayant aucun parrain qui me dicte et me protège, mes avis sur les questions du domaine pour lequel j’appartiens ne sont motivés que par le souci de clarifier ambiguïté et éclairer  mes compatriotes sur des questions aussi importantes que  leur nutrition et celle de leur progéniture !

J’ai donné mon premier avis sur les mégaprojets agricoles dans le sud de l’Algérie en tant qu’agronome en février 2017 publié par Maghreb émergent, je ne peux rester les bras croisés devant cette mutation qui s’opère dans le secteur agricole, j’ai émis des réserves en tant qu’agronome, ça reste toujours une opinion qui peut être contredite par d’autres avis qui émanent des personnes de la même trempe, c’est-à-dire des agronomes qui ont les outils nécessaires pour intervenir sur des sujets purement techniques. Je n’ai pas vu d’écrits de personnes  appartenant à la corporation qui défendent ces mégaprojets, d’ailleurs il n’y a pas eu un vrai débat sur le sujet, étonnant non ? Par crainte ou par indifférence ceux qui sont censés intervenir ont observé un silence  inquiétant !

Abed Charef affirme que je me réjoui de l’échec du projet,  bien au contraire, je suis en colère avec en plus un sentiment de mélancolie, par le fait que ce projet a donné un faux espoir et a promis le paradis pour toute la population des régions limitrophes qui voyaient dans ce projet la fin du cauchemar du chômage, Je ne connais pas de retombés positivités de ce projet pour les énumérer, j’aurai bien aimé qu’il fasse  puisque il en parle

Parler du respect de l’environnement et la préservation des ressources naturelles n’est pas un dogme, ce sont les sujets pour lesquelles les plus grandes puissances du monde consacrent des rencontre, des séminaires et des congrès,  et des scientifiques qui se penchent sur la question pour trouver les outils  avec lesquels on peut affronter les conséquences néfastes du changement climatique qui n’est pas, lui-aussi, un dogme ! Le défis de l’agriculture contemporaine c’est de produire suffisamment tout en respectant l’environnement et préservant les ressources naturelles, c’est un thème très récent et très à la mode même. C’est complètement aberrent d’émettre des réserves sur le concept de la protection de l’environnement et la préservation des ressources naturelles, là il s’agit selon moi d’une pensée plus que primitive et primaire.

En pensant a nos petits agriculteurs et aux conséquences qu’il peuvent subir  en concrétisant des mégaprojets sur  600 000 ha cela ne fait aucunement tirer l’économie vers le bas, bien au contraire ce sont ces petits exploitants qui tireront l’économie vers le haut s’ils sont soutenus et accompagnés et si on leur ouvrait toutes les portes, comme ça a eu lieux pour ces promoteurs douteux. Je ne me moque jamais de ces petits agriculteurs qui nous nourrissent ! Ceux qui veulent tirer l’économie vers le bas sont ceux qui soutiennent à tort et sans aucune connaissance ces projets douteux qui meurent avant même de naître.

 La Hollande, la France, l’Allemagne, l’Angleterre et même la Russie, des pays pionniers dans la production agricole et l’exportation des produits agricoles, ne pratiquent pas ce model dévastateur, même la Chine a renoncée aux méga-fermes laitières après  avoir constaté les dangers qu’elles peuvent générer ! M. CHAREF parle de milliers de projets qui ont réussi avec ce modèle mais sans en citer un !

 Quand à l’autosuffisance alimentaire, M.CHAREF aurait dû diriger ses critiques et donner des leçons de morales aux  responsables qui en font leur cheval de bataille et depuis bien longtemps, le Ministre de l’agriculture ne parle que de ça dans toutes ses interventions !  Et je saisi l’occasion pour affirmer que le concept n’est nullement dépassé, il n’y a aucune honte à parler d’autosuffisance alimentaire surtout pour les produits stratégiques qui alourdissent la balance des paiements du commerce extérieur de l’Algérie, a moins que M. CHAREF défend et soutien la thèse de la dépendance alimentaire éternelle !

 La pensée qui frise le refus du progrès c’est celle qui s’immisce dans des domaines qui ne la concernent pas, et ceux qui entravent le développement économique du pays sont ceux qui défendent bec et ongle toute politique dévastatrice et qui de surcroît, leurs est inconnu, le refus du progrès ne peut être que l’œuvre de ceux qui ‘’ tordent le cou ‘’ aux bonnes intentions et contribue à la propagation et à la promotion d’une politique qui mène droit au mur !

Je dois dire qu’il y a beaucoup de points essentiels qui échappent à M. CHAREF et c’est tout a fait normal vu que le secteur agricole lui est étranger, sur ce je me mettrai à sa disposition, s’il le désire en discuter, dissiper les incompréhensions et apporter les éclaircissements qui s’imposent. Son avis sur la question n’est pas clair, d’une part virulent envers les concepteurs et avoue que beaucoup de points d’ombre suscitaient une méfiance envers ces projets, d’autre part me descend en flamme pour les avoir critiqué ! il dira a la fin de sa contribution que la question des mégaprojets dans l’agriculture ne relève pas de l’efficacité économique, ni de la performance agricole. C’est un problème politique, là je dis à M.CHAREF que mes contributions sur le sujet n’ont aucun sens politique, reste à savoir si la sienne l’est !  Pour finir je dirai que si dans cette question de mégaprojets agricoles se trouvent des bureaucrates et des prédateur, s’il veut bien nous renseigner sur ‘’ la troisième classe’’  à laquelle il adhère !

Source : Maghreb Emergent

 

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