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Le blog de algerie-infos

"La vérité est un miroir tombé de la main de Dieu et qui s'est brisé. Chacun en ramasse un fragment et dit que toute la vérité s'y trouve" Djalāl ad-Dīn Rūmī (1207-1273)

Médecins au front. Le point avec Lyès Merabet, président du syndicat des médecins de santé publique

Propos recueillis par Nissa Hammadi. (Liberté)

Liberté : Quelle appréciation faites-vous des conditions de travail du personnel de santé et de prise en charge des personnes atteintes du Covid-19 dans les structures hospitalières ?

Photo DR

Lyès Merabet : Elles sont difficiles du fait d’une organisation frileuse qui se met en place lentement pour s’adapter à une situation épidémique inédite dans un contexte de crise sanitaire majeure. Le circuit de prise en charge n’étant pas différencié, les structures de santé de proximité et les établissements de soins hospitaliers subissent une pression terrible, notamment dans la wilaya de Blida (épicentre de l’épidémie). Les professionnels de la santé, conscients de leur devoir, sont mobilisés pour relever ce défi sanitaire. Ils continuent de travailler dans des conditions inappropriées du fait du manque flagrant en moyens essentiels de protection, d’outils diagnostic, d’exploration et de prise en charge des cas compliqués.

Avez-vous une idée du nombre des médecins confinés, car suspectés d’être contaminés ?

Du fait de l’absence d’un dépistage systématique pour les médecins ou les professionnels de la santé qui prennent en charge des malades atteints par le Covid-19 en milieu hospitalier ou ont été en contact avec ces malades en consultation, je ne peux avancer un chiffre exact, mais il est établi que dans plusieurs équipes de soignants nous enregistrons des médecins contaminés, voire des cas qui ont évolué vers une forme grave de la maladie ayant nécessité leur admission en réanimation. Il faut rappeler que les recommandations de l’OMS posent l’indication du dépistage prioritaire chez tout professionnel exposé au risque de contamination. 

Dans quelles proportions l’arrêt des moyens de transport a-t-il eu un impact sur la disponibilité du personnel médical et paramédical, surtout dans la wilaya de Blida?

L’arrêt des moyens de transport avait déjà sérieusement affecté la bonne marche des établissements de santé de la wilaya, situation qui s’est encore compliquée après l’entrée en vigueur du confinement général appliqué à toute la wilaya de Blida, puisque le taux d’absentéisme a dépassé 50% dans certaines structures, où des professionnels de la santé ont tout simplement été empêché d’accès au niveau des différents points de contrôle sécuritaire. Il faut dire que, depuis, la situation s’est nettement améliorée. 

L’aide chinoise en matière de kits de dépistage et de respirateurs peut-elle absorber un pourcentage conséquent du déficit de notre système de santé en la matière ?

Certainement, déjà que l’expertise chinoise dans la gestion de la crise sanitaire nous sera d’une aide précieuse et tous les moyens de dépistage ou de prise en charge vont permettre de soulager les équipes soignantes qui doivent faire face aux flux incessants de cas suspects et de malades compliqués nécessitant des soins d’appui et de haut niveau.

Quelles sont les missions essentielles que devront accomplir les médecins chinois en déplacement en Algérie depuis vendredi et avec quelles structures hospitalières vont-ils travailler ?

En premier lieu, faire une expertise de la situation épidémique et sanitaire propre au Covid-19 chez nous et une évaluation objective du plan Orsec que les autorités algériennes ont mis en place pour faire face à la progression de l’infection, tant sur le plan de l’organisation des soins, du déroulement du confinement, du déploiement des ressources humaines (tous secteurs confondus), du dépistage et de la prise en charge des cas compliqués. Jusqu’aux modalités du “déconfinement”, une fois la situation sanitaire maîtrisée.

Évidemment, la priorité aujourd’hui est dans les régions les plus touchées comme les wilayas de Blida et d’Alger, et je pense que c’est à ce niveau-là que l’action de l’équipe chinoise va être concentrée.

Vous plaidez en faveur d’un confinement total et strict de la population, à l’exemple de la Chine. Pourquoi tarde-t-on à aller vers l’état d’urgence sanitaire en adéquation avec le stade 3 de l’épidémie ?

Je n’ai pas une réponse exacte à vous laisser, mais je pense que c’est en rapport avec des aspects liés à la logistique et des moyens humains et matériels qu’il faudrait déployer dans ce genre de situation. Réussir une démarche de cette envergure est tributaire d’une organisation sans faille et parfaitement coordonnée et de l’adhésion disciplinée des citoyens. Il faut y aller et rapidement, car nous devons anticiper sur l’évolution de la situation épidémique et ne pas calquer notre démarche sur des situations qui sont celles d’autres pays comme l’Italie, l’Espagne ou la France, car même ces pays reconnaissent qu’ils ont sous-estimé le risque sanitaire et qu’ils ont tardé à réagir.

Source : Liberté.com

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