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Le blog de algerie-infos

"La vérité est un miroir tombé de la main de Dieu et qui s'est brisé. Chacun en ramasse un fragment et dit que toute la vérité s'y trouve" Djalāl ad-Dīn Rūmī (1207-1273)

Comptes numérotes, sociétés-écrans et amis nécessaires

 

 

DR

 

 

 

« Qui peut leur reprocher d'être incrédules quand on leur assure que ces affaires ne passeront pas à la trappe ? Ils en ont vu d'autres… »

 

 

Par K.Selim, 24 février 2013. Le Quotidien d’Oran

 

 

 

Les affaires «algériennes» dont s'occupent les enquêteurs et les juges italiens et canadiens (en attendant d'autres juridictions ?) offrent un panorama intercontinental particulièrement déplorable de notre pays en matière de corruption et de pots-de-vin et, plus que probablement, de surfacturation des projets réalisés par des entreprises étrangères. Le «profil doré» d'un rejeton de la nomenklatura algérienne qui se retrouve au centre des affaires «italiennes» et «canadiennes» provoque une crise nationale d'urticaire sur le mode de «c'est encore pire que ce qu'on imaginait» !


De très nombreux Algériens se demandent en effet ce qu'un tel personnage - hormis de porter un «nom», d'être né avec une cuillère d'argent dans la bouche et d'avoir l'entregent et les connexions indispensables- peut avoir comme talent et ce qu'il apporte à ce pays pour se retrouver à traiter au nom de Sonatrach. Même si elle a perdu beaucoup trop de cadres, l'entreprise nationale emblématique n'a assurément pas besoin d'intermédiation crapuleuse pour traiter avec l'étranger. Il y a longtemps que les Algériens ont le sentiment que Sonatrach échappe aux logiques nationales et que celle-ci, marché spot ou non, apparaît comme exotique par absence radicale de transparence. Cette gestion opaque nourrit une suspicion permanente que les révélations de presse en Italie et au Canada corroborent impitoyablement.


L'annonce, très pudique, par le parquet que l'affaire révélée par les juges et les médias italiens était «traitée» (Sonatrach 2) a suscité un profond scepticisme, pour ne pas dire un haussement d'épaules généralisé et des sourires entendus. Ces scandales consolident le sentiment partagé que partout dans les sphères de la gestion publique, la primauté va aux intérêts particuliers sur fond d'attentats au Trésor public. Et bien entendu, plus il y a de l'argent en jeu et plus le coup est rude pour l'économie du pays. L'actualité étant ce qu'elle est, la répression infligée aux chômeurs maghrébins ne peut qu'être mise en miroir avec la chronique d'un jeune escroc, qui n'a de relations avec l'Algérie qu'en tant que théâtre de la rapine, très introduit et «ami nécessaire» d'entreprises étrangères peu regardantes sur les moyens. Comme il ne semble pas disposer de qualités particulières, ce jeune «bien né»mais largement délocalisé tire son influence de ses liens «parentaux» avec le pouvoir.


Tous les discours sur l'autorité de l'Etat sont ruinés par cette histoire invraisemblable mais ô combien révélatrice. L'imagination des Algériens qui découvrent que la réalité dépasse toujours la fiction se met à fréquenter d'improbables rivages où le détournement atteint des niveaux cosmiques et l'abjection est sans limites. Et ce 24 février que les Algériens associaient à une certaine fierté patriotique et à une reprise en main des ressources nationales est aujourd'hui fortement affecté par le sentiment que ce potentiel nourrit prioritairement la dolce vita de certains, au-dessus de la loi, hors-la-loi. L'écho en est-il parvenu à la présidence ? Abdelaziz Bouteflika a promis qu'il n'allait pas «passer sous silence» et a dit sa «révolte et réprobation». Mais cela suffit-il alors que ce sont bien des proches parmi les proches qui sont aujourd'hui sur la sellette, non par une action interne toujours susceptible d'être lue par le prisme des oppositions claniques, mais du fait d'actions judiciaires à l'étranger.


Le scepticisme est d'autant plus marqué que l'ancien ministre de l'Energie, pour d'obscures raisons, bénéficie d'un «aman» qui n'a pas fonctionné pour les dirigeants de Sonatrach, lesquels n'étaient pourtant que ses collaborateurs. Beaucoup d'Algériens observent autour d'eux les dégâts incommensurables, économiques mais aussi moraux, de pratiques corruptives installées en tant que normes sociales au pays de la chkara, de la tchippa et des «amis nécessaires» pour mouvementer les comptes dans les paradis fiscaux. Qui peut leur reprocher d'être incrédules quand on leur assure que ces affaires ne passeront pas à la trappe ? Ils en ont vu d'autres

 

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