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Le blog de algerie-infos

"La vérité est un miroir tombé de la main de Dieu et qui s'est brisé. Chacun en ramasse un fragment et dit que toute la vérité s'y trouve" Djalāl ad-Dīn Rūmī (1207-1273)

L’Altermondialisme à l’épreuve de la crise

« Face à la puissance des forces du capital et de l’idéologie néolibérale, la construction d’alliances (même s’il s’agit, dans un premier temps, de marcher séparément pour frapper conjointement) entre toutes les formes de sujets – politiques ou sociaux – est une nécessité historique. Renoncer à cette perspective signifierait se condamner à ne pas dépasser le stade contestataire et infra-politique du combat contre le capitalisme et le néolibéralisme alors que les oligarchies dessinent une issue réactionnaire à la crise systémique. Et ce, en s’appuyant sur le développement de la xénophobie et de la droite-extrême.

Toutes ces questions se posent désormais à l’ensemble des acteurs des luttes sociales et politiques qui se déploient, dans différents espaces, à l’échelle planétaire. »

Christophe Ventura fait le point sur l’étape actuelle du mouvement altermondialisme

 

 

Onze ans après le premier forum social mondial de Porto Alegre

 

Tensions globales et altermondialisme

 

Par Christophe Ventura, 30 janvier 2012    

 


Huit Forums sociaux mondiaux (FSM), un Forum polycentrique (c’est-à-dire organisé dans plusieurs pays de différentes régions du monde dans la même période), une « Journée globale d’actions », une « Année globale d’actions »  et un Forum social thématique ont accompagné une décennie tumultueuse qui a propulsé le monde dans une période de forte instabilité géoéconomique et géopolitique.

 

1.- Bref retour sur dix ans d’évolution radicale

 

L’année 2001 fut marquée par trois événements de nature géopolitique, économique et citoyenne. Chacun, dans sa dimension, allait significativement contribuer à façonner le cycle décennal.

Sur le plan géopolitique, les meurtrières attaques terroristes d’Al-Qaida contre le World Trade Center de New-Yorkallaient déchaîner les apôtres du « choc des civilisations », enivrer de rêves impériaux globaux les faucons néoconservateurs de George Bush et projeter le monde dans une période d’impasses guerrières (Afghanistan, Irak).

Dans le même temps, l’instrumentalisation du terrorisme par les Etats allait offrir aux gouvernements l’opportunité de développer comme jamais des politiques sécuritaires et de criminalisation de la contestation sociale dans leurs sociétés.

Sur le plan économique, l’entrée de la Chine au sein de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) allait confirmer l’irrésistible ascension de l’Empire du milieu dans le système-monde et, au-delà, celle de ceux que l’on nommerait bientôt les « BRICS » (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) dans la compétition économique et interétatique mondiale.

Enfin, s’agissant de la résistance sociale et citoyenne au capitalisme, la naissance du FSM à Porto Alegre (Brésil), en plein coeur de la dynamique victorieuse des luttes sociales et politiques latino-américaines engagée depuis la seconde moitié des années 1990, allait confirmer, à peine plus de dix ans après l’effondrement du communisme d’Etat, la montée en puissance et l’inscription dans la durée d’un « mouvement de mouvements » à dimension internationale.

Composé d’associations, d’ONG, de syndicats, de mouvements sociaux (antiguerre, sans droits, mouvements paysans, étudiants, de femmes, de migrants, etc.), le mouvement altermondialiste allait peu à peu s’affirmer comme un nouveau sujet politico-social pluriel porteur de propositions de réformes radicales du système économique et de ses institutions internationales (FMI, Banque mondiale, OMC, Union européenne, etc.).

Depuis, ce mouvement a été capable d’organiser régulièrement sa présence dans l’arène internationale - avec une moindre visibilité grand public cependant ces dernières années et certaines limites comme nous le verrons - à travers les événements du processus FSM ou lors des rencontres de l’agenda international des dominants (G8/G20, Sommets des Nations unies, Sommets européens, etc.).

 

2.- 2011-2012 : un monde en transition

 

Sur le plan de l’actualité géopolitique, 2011 s’est révélée constituer une année majeure. La puissance impériale étasunienne a réussi à décapiter Al-Qaida, mais contrairement à ce qu’imaginaient les faucons de Washington, elle est aussi entrée dans une longue et inéluctable phase de déclin relatif de son hégémonie. Et ce alors que ses armées, officiellement retirées d’Irak, sont toujours significativement présentes en Afghanistan.

La catastrophe de Fukushima et le « printemps arabe » constituent deux événements cardinaux. Sur le plan géopolitique, le dernier est certainement le plus important depuis la chute du mur de Berlin. Dans ce mouvement tectonique des sociétés arabo-musulmanes qui dégage une puissante énergie de demande démocratique, les positions « djihadistes » se révèlent marginalisées dans le cadre d’une montée générale de l’islamisme politique et social.

La situation libyenne a divisé le mouvement progressiste mondial sur la question de savoir s’il fallait intervenir ou pas (notamment la gauche européenne et latino-américaine). Elle a également mis en lumière l’échec de l’ONU piégée dans une nouvelle guerre de l’OTAN. Cette dernière a révélé, par ailleurs, les dissensions et les errements stratégiques au sein de l’Alliance, ainsi que les limites physiques de ses capacités militaires.

Sur le plan géoéconomique, la Chine s’est solidement arrimée à sa place de seconde puissance en se déployant de manière inédite dans son histoire dans le commerce international. Les BRICS - qui représentent 40 % de la population mondiale, près de 20 % du PIB mondial et 30 % de la superficie terrestre - s’imposent ainsi sur la scène économique et, peu à peu, géopolitique. Tout indique que leur montée en puissance ne s’accompagne pas d’une remise en cause du capitalisme mondialisé et du néolibéralisme. Les BRICS se positionnent en tant que compétiteurs dans la lutte concurrentielle face aux puissances traditionnelles du centre du capitalisme.

Aujourd’hui, il existe du Nord au Sud et du Sud au Nord. Le monde se divise de plus en plus entre ceux qui profitent des mécanismes du capitalisme mondialisé et ceux qui en pâtissent, au Nord comme au Sud. Conséquence nouvelle de ce mouvement, la conflictualité sociale dans le monde du travail augmente (grèves, revendications salariales et syndicales, etc.) dans tous les pays du « Grand Sud » fournisseurs de main d’œuvre pour les besoins de la production mondiale. On peut raisonnablement penser que cette conflictualité débouchera, à terme, sur l’émergence de puissants mouvements sociaux capables de perturber les équilibres capitalistes en place et d’affecter la profitabilité des capitaux investis aussi bien par les acteurs locaux qu’étrangers. Cette incubation préparerait alors l’avènement d’un possible deuxième âge de l’intensification, au niveau international, de la lutte contre le capitalisme mondialisé.

Ainsi, le monde assiste au déplacement progressif du centre de gravité de l’économie internationale vers l’Asie du Sud-Est et de nouveaux pôles au Sud (Amérique du Sud et Afrique). Ce mouvement structurel s’effectue alors que le capitalisme mondialisé s’enfonce dans sa crise systémique (tout à la fois financière, économique, sociale, alimentaire, énergétique, environnementale, géopolitique). Et ce, notamment depuis sa phase financière de 2008 qui touche de plein fouet les économies du centre du capitalisme (notamment européennes) qui concentrent les principaux acteurs, places et flux financiers.

Dans ce contexte, aucun signe tangible n’indique une volonté de modifier le cours destructeur et insoutenable de ce système au sein des élites décisionnaires. Les gouvernements et les médias à leur botte, les dirigeants et « experts » des institutions financières internationales, les membres de l’oligarchie mondiale (opérateurs financiers, hyper-riches, etc.) n’ont aucune intention de remettre en cause un système d’exploitation qui leur procure encore l’abondance. Ils ont décidé de faire payer les peuples pour leur crise à travers l’imposition d’une austérité généralisée qui, elle-même, précipite à son tour le monde dans un nouveau cycle économique récessionniste aux lourdes conséquences sociales.(...)

 

Le texte intégral est disponible sur le site de Mémoire des luttes

 

 

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