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Le blog de algerie-infos

"La vérité est un miroir tombé de la main de Dieu et qui s'est brisé. Chacun en ramasse un fragment et dit que toute la vérité s'y trouve" Djalāl ad-Dīn Rūmī (1207-1273)

L'opposition syrienne tente de surmonter ses divisions

Par Benjamin Barthe

 

Face au durcissement de la répression en Syrie, l'opposition au régime de Damas, minée par les querelles de personnes et les disputes idéologiques, s'efforce de resserrer les rangs. Une conférence regroupant la totalité de ses composantes, des Frères musulmans à la gauche marxiste en passant par les libéraux, se tiendra dimanche 24 et lundi 25 juin, à Bruxelles. Elle se donne pour but de réfléchir à l'après Bachar Al-Assad et d'entamer l'élaboration d'un programme de transition, commun à tous les acteurs du soulèvement. Organisée par des ONG de défense des droits de l'homme, en coopération avec l'Union européenne(UE), cette réunion sera la première du genre depuis l'échec des initiatives visant à unifier l'opposition syrienne au printemps et à l'été 2011.

 

"L'opposition retrouve enfin sa boussole, se félicite Haytham Al-Manna, dirigeant du Comité national de coordination (CNC), une coalition de gauche. Nous avons perdu trop de temps à discuter de choses triviales. Nous allons commencer à dessiner l'image de la Syrie de demain, nous voulons créer une alternative tangible et lisible pour tout le monde."

La principale plateforme de l'opposition, le Conseil national syrien (CNS), qui a les faveurs des chancelleries occidentales, sera représentée par le chrétien Georges Sabra, le Frère musulman Farouk Tayfour et l'islamiste Ahmed Ramadan. Son président, le kurde Abdelbasset Sida, récemment élu en remplacement de l'universitaire Burhan Ghalioun, ne participera pas à ce rassemblement, préparé avant son élection.

 

Formation rivale du CNS, avec qui les relations sont souvent houleuses, le CNC a prévu d'envoyer à Bruxelles, outre Haytham Al-Manna, le communiste Abdel Aziz Al-Khayer et le nationaliste arabe Raja Al-Nasser. Le Conseil national kurde sera également présent, ainsi que d'autres formations plus petites, comme le Forum démocratique, de l'opposant historique Michel Kilo.

 

 

Se "mettre d'accord sur les modalités de la transition"

 

Une cinquantaine de responsables politiques syriens sont attendus en tout, aux côtés d'observateurs étrangers, comme Pierre Vimont, le numéro deux de la diplomatie européenne et le Palestinien Nasser Al-Qudwa, adjoint de Kofi Annan, l'émissaire des Nations unies et de la Ligue arabe. Les dirigeants de l'Armée syrienne libre (ASL), l'embryon de branche militaire de l'opposition, n'ont pas été invités.

 

"Nous espérons que ce sera un succès, avance Georges Sabra. L'écart entre les différentes factions de l'opposition, qui était très large il y a encore trois mois, est en train de se rétrécir. Personne ne rêve de réunir toutes ces composantes dans une seule organisation. Mais nous espérons au moins nous mettre d'accord sur les modalités de la transition." Cette démarche fait écho aux réflexions en cours au sein de la communauté internationale, où la question de " l'après Bachar " est activement débattue.

 

Le sujet pourrait figurer au menu de la première réunion du groupe de contact sur la Syrie, attendue pour le 30 juin, avec la participation de la Russieet des grandes puissances occidentales. L'idée de la rencontre de Bruxelles émane de l'association franco-syrienne Horan, rencontre pour la citoyenneté et de deux ONG, l'Institut scandinave pour les droits de l'homme et la Commission arabe des droits humains. Elle se déroulera au moment où le pouvoir syrien intensifie ses attaques contre les manifestants et les combattants de l'ASL, en recourant notamment à des bombardements par hélicoptères.

 

Cet accroissement des violences a incité le général Mood, chef des 300 observateurs de l'ONU déployés en Syrie, a suspendre samedi 16 juin leurs activités sur le terrain. Conscient qu'il peut sembler paradoxal de parler de "transition" dans un tel contexte, alors que le régime baasiste semble enfermé dans une logique éradicatrice, Georges Sabra précise : "La transition arrivera tôt ou tard et il vaut mieux s'y préparer dès maintenant." Une seconde conférence unitaire, destinée à approfondir les discussions de Bruxelles, est dores et déjà prévu pour la mi-juillet, au Caire.

 

Benjamin Barthe, 18 juin 2012. Le Monde.fr

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