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Le blog de algerie-infos

"La vérité est un miroir tombé de la main de Dieu et qui s'est brisé. Chacun en ramasse un fragment et dit que toute la vérité s'y trouve" Djalāl ad-Dīn Rūmī (1207-1273)

La liquidation du général Younès illustre les divisions de la rébellion

Le corps "sans vie" du chef d'état-major des forces rebelles en Libye, Abdelfatah  Younes (ancien ministre de l'Intérieur) a été découvert à El-Qattara, à quelque 40 kilomètres de Benghazi, fief de la rébellion. Le site Maghreb Emergent analyse  les circonstances de cette "liquidation".

 

 

 

Le général Younès, chef des forces armées de la rébellion a été assassiné. Il ne semble pas que les forces de Kadhafi aient eu un quelconque rôle dans cette exécution. Elle serait le fait de dissensions internes au sein d’une rébellion où les anciens du régime Kadhafi semblent en position de force… pour l'après-Kadhafi.

 

Le général Abdelfattah Younès, le «chef d’état-major » militaire de la rébellion libyenne a été assassiné par des hommes armés. C’est le président du Comité national de transition libyen (CNT) qui  a annoncé hier la nouvelle sans s’étendre sur l’identité des assaillants. Selon Moustapha Abdel Djalil, le chef du CNT, le général a été tué par des assaillants après avoir été convoqué devant une commission judiciaire à Benghazi.  "Nous avons été informés aujourd'hui que (...) Younès et deux de ses gardes du corps avaient été abattus après sa convocation devant une commission judiciaire enquêtant sur des questions militaires", a déclaré aux journalistes Moustafa Abdeljalil à Benghazi. Une déclaration vague et imprécise qui a suscité des interrogations.  Selon une source au sein de la rébellion, le général Abdelfatah Younès avait été rappelé jeudi matin de la ligne de front de Brega, à l'ouest de Benghazi pour être entendu par une commission. Aucune indication sur les raisons de ce rappel. Le général Younès serait-il tombé dans un traquenard ? Des rumeurs avaient fait état de  discussions secrètes engagées par le général Younès avec le gouvernement de Kadhafi… La rébellion a eu récemment des positions politiques incohérentes sur la situation future du colonel Kadhafi. Après avoir accepté dans un premier temps que Mouammar Kadhafi puisse rester en Libye s'il se retirait de la scène politique, le CNT est revenu sur sa position au motif que le délai fixé pour l’acceptation de la proposition a été dépassé.

 

 Benghazi, un clan du régime

 

 La déclaration d’Abdeljalil ne donne aucun indication sur les circonstances de l’assassinat de Younès et de ses gardes, ni même sur le lieu où a lieu l’exécution. Les corps n’auraient pas été retrouvés. Selon l’agence Reuters, après l’annonce de sa mort du général Younès, des hommes armés sont entrés dans l’hôtel où s'exprimait Moustafa Abdeldjalil et ont tiré en l'air sans faire de victime. M.Abdeljalil n’a pas mis en cause les forces du colonel Kadhafi, ce qui laisse clairement indiquer que la liquidation du général Abdelfatah Younès est la conséquence de dissensions internes au sein de la rébellion. Comme de nombreux responsables de la rébellion, le général Abdelfattah Younès a été pendant des décennies un fidèle de Kadhafi. Abdelafatah Younès est en effet un « historique », il faisait partie du groupe de militaires qui a renversé, en 1971, la monarchie et installé Kadhafi au pouvoir.  Au moment de faire défection et de rejoindre la rébellion, AbdelFatah Younès  occupait les fonctions de ministre de l'intérieur. Sa présence au sein du nouveau pouvoir de Benghazi – ainsi que celle de nombreux autres ex-fidèles de Kadhafi - était un sujet de controverse. Ces ex-défenseurs du « gouvernement des masses » donnaient en effet du « gouvernement de Benghazi » l’image d’un clan du régime en rébellion contre son chef. Abdel Fatah Younès s’est retrouvé également dans des situations conflictuelles avec d’autres responsables de la rébellion au sujet de la direction des forces de la rébellion. Il en est sorti vainqueur en devenant le « ministre de la défense » incontesté de la rébellion. Son assassinat serait-il le fait de rebelles – islamistes entre autres – qui n’acceptent pas d’être dirigés par un ex-homme du régime ? C’est une hypothèse plausible. Les rumeurs qui lui ont prêté ces derniers temps des tractations secrètes avec le régime de Kadhafi les auraient poussé à passer l’action.

 

Oussama Nadjib agences. Maghreb émergent, 29 juillet 2011 http://www.maghrebemergent.com/

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